Partie 12

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Partie 12

- Maman ? Comment tu vas ? Dit Nadia en allant en direction de cette dame.
- Tu me demandes comment je vais ? C'est une vie ça ? Le cadavre de ton mari est encore chaud sous terre mais toi tu l'as déjà oublié ? Je te signale que tu es veuve, ta place n'est pas à l'hôpital à jouer les bons samaritains mais dans une chambre avec une tenue plus adéquate. Tu pleurais ton mari, tu as quitté ta maison juste pour ça ? Si les médecins disent que tu n'as rien, je ne vois pas ce que tu cherches encore à l'hôpital.
- Mais ? Interrompit la mère de Bintou.
- Pas de mais Hadjia, quelles sont ces manières ? Dans votre famille c'est comme ça que ça se passe ? Je vous trouve très insensible, tout ce qui vous intéresse donc c'est la richesse de mon fils n'est-ce pas ? Eh bien, laissez-moi vous dire quelque chose ! Le deuil ne se passe plus chez Nadia et Razak mais dans ma maison et dès que votre fille aurait quitté l'hôpital qu'elle ramasse tout ce qui lui appartient dans la maison de mon fils pour retourner chez vous. Je garderai aussi mon petit fils !
- Comment ça ?
- Comment ça ? Comment ça? Vous avez très bien compris, alors sur ce au revoir.
- Maman ? Maman ?
- Je t'avais dit cela non ? Tu allais que te créer des ennuis et cela n'est que le début
- Mais mère ?
- Ramasses tes affaires et quittons cet hôpital !
- Et Bintou ?

Bintou les regardait tous et avait voulu dire quelque mais elle n'avait pas pu car elle venait de perdre connaissance à nouveau...

PDV de Nadia

Nous avons attendu deux heures durant avant que le médecin ne vienne vers nous.

- Docteur ? Comment va t-elle ?
- Son état devient de plus en plus critique, aucune amélioration et selon les dernières analyses, son autre rein aussi commence à rencontrer des sérieux dysfonctionnements.
- Que peut-on faire ?
- Prier pour elle, ça sera bien pour un début. Je suis entrain de faire de mon mieux.
- Docteur s'il vous plaît, faites, le nécessaire, je suis prête à tout mais je veux que Bintou aille mieux.
- Je ferai ce qui est en mon pouvoir.

Il s'en est allé après ces mots et j'ai commencé à pleurer silencieusement. Ma mère avait déjà emballé toutes nos affaires et plus tard une voiture est venue nous chercher. Je n'ai pas pu voir Bintou mais j'ai laissé des instructions et de l'argent pour elle afin qu'elle soit traité au mieux.
Arrivée à la maison, Abraham dormait. Quand je l'ai touché, mon bébé s'est réveillé en sursaut. Je l'ai pris dans mes bras et ai passé toute la soirée avec lui. J'étais avec des vieilles dames et elles m'ont expliqué tout ce qu'il y'a sur moi en tant que veuve. J'ai pleuré toute la nuit en pensant à mon mari, je me suis forcé à fermer les yeux afin qu'il vienne dans mes rêves mais le sommeil même me fuyait.

Le lendemain, très tôt, j'ai appelé l'hôpital en vain. J'étais juste dans la véranda de ma maison en tenue de veuve comme l'a dit ma belle quand ma mère fit son entrée. Elle était très silencieuse ensuite mon père et deux de mes oncles ! Je les ai chaleureusement accueilli avant de prendre place. Le silence de ma mère en disait long. Mon cœur battait très fort mais je suis restée calme pour entendre ce qu'ils allaient me dire.

- Maman ? Qu'est-ce qui se passe ?
- Rien de bien méchant dit mon père.
- C'est la mère de Razak c'est ça ? Elle demande que je parte de la maison ? Ça n'est pas grave, je vais aller avec vous à la maison mais je ne vais pas lui laisser mon fils ! Il est hors de question.
- Assois-toi s'il te plaît !

J'ai exécuté et ils m'ont parlé sur ce qu'est ma situation et aussi sur le fait que je ne dois pas sortir pendant des mois. Les vieilles dames ont appuyé mais ce qui m'intriguait était encore plus le silence de ma mère.

- Papa ? Mais pourquoi ma mère est elle si silencieuse ?
- Nadia ? Nous avons une autre nouvelle pas très plaisante à t'annoncer !
- Tu me fais peur, qu'est-ce qui se passe ?
- C'est Bintou !

J'ai écarquillé les yeux, en les observants tous. J'avais une petite idée de ce qu'ils allaient me dire mais je ne voulais pas entendre cela, je ne veux pas maintenant moins y penser.

- Qu'est-ce qui lui est arrivé ? Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Calmes-toi !
- Je refuse de me calmer si vous ne me dites pas ce qui est arrivé à ma sœur.
- Elle a rendu l'âme...

J'ai entendu encore et encore cette phrase dans un bourdonnement et une fraîcheur a parcouru tout mon corps. Dieu ! Comment une si jeune fille peut vivre et mourir en étant malheureuse comme ça ? Qu'a-t-elle fait de méchant ? Pas Bintou, pas ma sœur.

- J'ai vu combien tu étais si attaché à cette fille mais tu dois l'accepter, nous allons tous un jour quitter ce monde. Ne te blâmes pas, tu as fait de ton mieux mais le bon Dieu en a décidé autrement. Crois en lui, prends refuge auprès de lui et tu verras, il ne va pas te laisser souffrir.
- Dieu...Dieu est grand !

C'est tout ce que j'ai pu dire en ce moment quand ma belle-mère et toute sa famille nous ont rejoint eux aussi. Ils ont salué mais je n'ai pas répondu pensant à ce qui était arrivé. La douleur était si intense que je n'ai pas pu pleurer.

- Nadia ? Ton père est passé chez moi et m'a raconté la raison pour laquelle tu étais resté à l'hôpital, je voulais te demander pardon et te dire que tu peux retourner la voir si tu le veux, je te l'accorde.
- Elle est décédée ! Dis-je très froidement.
- Quoi ?
- Je n'ai pas pu lui dire au revoir et c'est grâce à elle que je ne suis pas devenue folle.

Ils se sont tous tu pour me regarder. Je leur en veux à tous parce que nous savons tous qu'il n'y avait plus rien à faire mais ça doit être atroce de vivre seul et même mourir seul.

- Vous pensez vraiment que je n'aimais pas Razak ? Vous pensez sincèrement que tout ce que j'ai fait c'était pour qu'on s'intéresse à mon cas ?  Vous pensez que rester à côté d'elle me faisait plaisir ? Et si c'était pour moi la meilleure façon de faire mon deuil ? Je voulais avoir cette intimité, ça ne me faisait pas plaisir de voir une personne mourir ! Non ! Je cherchai en cette fille de la compassion même si c'est elle qui était malade, je cherchai à l'aider parce que c'était l'une des volontés de votre fils mais cela vous ne l'avez pas vu moins respecté. De la famille dans la quelle je viens, on ne m'a pas appris à aimer le matériel, vous le savez mieux que quiconque, on m'a appris à aimer ce que j'ai fait avec votre fils jusqu'à son dernier souffle, on m'a appris à tolérer, on m'a appris des tas de choses extraordinaires mais jamais on ne m'a appris à laisser mon prochain dans le besoin. Vous m'avez menacé parce que vous n'avez pas voulu que j'aide cette fille et aujourd'hui elle est partie, si toute la société ne l'a pas aidé vous ne pensez pas que nous sommes pire que les assassins de Razak ? Les mêmes personnes qui ont tué Razak sont les mêmes personnes qui ont tué Bintou sauf qu'ils ont utilisé différentes armes. Lui, il est mort en partant en paix mais elle cherchait la paix tout doucement. Chaque matin depuis des années malgré la présence des forces de l'ordre, un village est massacré. Ils agressent, ils violent des femmes, saccagent, pillent, brûlent et bafouent l'honneur de ces pauvres humains mais aujourd'hui nous ne sommes pas différents d'eux parce que nous n'avons pas laissé Bintou raconter toute son histoire. Les médecins savaient que son pronostic vital était engagé mais nous sommes tous coupables de sa mort pour ne pas dire vous et vous mettre dans un état second. Vous avez tué tous autant que vous êtes Bintou parce que vous avez cru que le temps vous appartenait et que demain allait venir. Pour vous oui, demain est revenu mais pour elle, ça n'a pas été le cas et ça ne sera jamais.
- Nadia ?
- Papa ? Pas de Nadia ! Pas maintenant s'il te plaît, Vous avez tout fait pour que je rentre parce que peut-être vous vous êtes dit que j'ai plus de dignité qu'elle alors que non chaque humain à cette dignité naturelle que nous tous devions respecter ! Devant Dieu, il n'y a pas de pauvre moins de riches nous sommes tous égaux, comprenait cela pour une fois et arrêtez de faire semblant que vous avez mal.

Je me suis levée sur ces mots pour les laisser. Je suis rentrée dans ma chambre, j'ai pleuré un bon coup avant de faire mes ablutions et venir m'assoir pour invoquer pour le repos des âmes de ces deux personnes qui me sont très chers...

A suivre !

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