Chapitre 2

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Toujours dans le noir.

Les pas s'étaient arrêtés à l'étage. Je guettais avec torpeur le craquement des escaliers qui menait à notre cellule, mais celui-ci se tardait à me parvenir. Je restais inlassablement fixe, craignant qu'Ils se décident finalement à descendre. Les autres semblaient aussi avoir stoppé tout mouvement, tout le monde semblait en attente, figé, comme si le temps s'était arrêté.

Quand les pas reprirent au-dessus de nos têtes, j'entendis des soupirs de soulagement émaner des quatre coins de notre cachot. Même si nous savions que ce soulagement n'était que de courte durée, nous avions au moins quelques temps de répit. -Enfin, « de répit », certaines d'entre nous ne définiraient définitivement pas cela de la même manière. – Certes, l'attente était un supplice, mais il valait mieux être ici, qu'En-Haut.

Ma jambe me lançait, j'en oubliais même la douleur de l'incision mal cicatrisée à mon flanc. Même si ma jambe ne me semblait pas cassée, je pouvais être sûre que je ne pourrais pas m'appuyer dessus si je tentais vainement de me lever. De toute manière, Ils s'arrangeaient toujours pour ne pas nous faciliter la fuite, s'attaquant au moins à l'une de nos jambes pour nous empêcher de courir voir même de marcher. Certaines d'entre nous se sont même vues se faire sectionner l'un de leurs précieux pieds. Autant Ils semblaient s'amuser à expérimenter sur nous, autant le seul intérêt qu'Ils éprouvaient à nous blesser au niveau de nos membres inférieurs, était qu'Ils ne souhaitaient vraiment pas que l'une d'entre nous se fasse la malle.

Comparé à l'état de certaines, je pouvais dire que je m'en sortais encore plutôt bien. Même si je ne pouvais déterminer exactement ce qu'ils m'avaient fait, il me manquait tout au plus un rein, et si ma jambe ne s'infectait pas-Ce qui ferait de moi quelqu'un d'extrêmement chanceux, vu la courante situation- et qu'elle avait l'opportunité de guérir convenablement, je n'aurais peut-être que quelques cicatrices comme séquelles.

Perdue dans mes pensées, je ne prêtais plus attention aux vagues sons qui m'entouraient, mais un sanglot me fit revenir rapidement à la réalité. Les supplications de l'enfant s'étaient arrêtées, et la fille qui la tenait dans ses pauvres bras décharnés ne pouvait plus à présent réprimer ses pleurs. Elles étaient arrivées ensemble -des sœurs probablement-, et Ils s'étaient acharnés sur le corps de la plus petite. Ils l'avaient cherchée de multiples fois et la ramenaient systématiquement dans un état encore plus lamentable que la fois d'avant. Au moins, elle ne souffrirait plus, elle était libre maintenant.

Les pleurs semblèrent les alerter, car j'entendis leurs pas se précipiter dans les escaliers dont le bois criait sous leur poids. Récupérer le corps sans vie d'un de leurs sujets, était probablement leur partie préférée bien que cela voulait dire que leurs expériences avaient échoué.

Ils entrèrent brusquement dans les secondes qui suivirent, et arrachèrent le petit corps de l'enfant des bras de sa sœur. Comme celle-ci luttait du mieux qu'elle pouvait pour la garder encore un peu près d'elle, elle reçut un violent coup dans les côtes qui aurait fait lâcher prise à n'importe qui. Elle s'effondra sur le sol, accablée de douleurs autant physiques que morales, et regarda avec une lueur de désespoir nos ravisseurs trainer le corps inanimé de l'enfant en-dehors de la cellule.

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