Chapitre 4

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La pénombre règne.

C'est impressionnant comme, lorsque nous sommes plongés dans le noir, nous perdons toute notion de temps. Était-ce le jour ? Était-ce la nuit ? Je n'en avais aucune idée. Nous ne pouvions même pas nous référer aux pas au-dessus de nos têtes, ils semblaient incessants, comme s'Ils ne s'arrêtaient et ne dormaient jamais. Pourtant, malgré leur inhumanité, Ils devaient bien avoir besoin de dormir, comme tout être vivant, non ? Eh bien figurez-vous, que parfois j'en doutais. Comme s'Ils n'étaient que des machines, dépourvues d'émotions, de sentiments ou même d'une once de culpabilité.

Dernièrement, leurs nouvelles lubies, étaient de nous réveiller à petits coups de taser, et de venir nous effrayer avec des sortes de masques les uns les plus horribles que les autres -comme si leur simple présence ne suffisait pas assez pour nous terroriser-. Il n'y avait pas à dire, pour tout ce qui était de nous horrifier, Ils étaient effroyablement imaginatifs. Ils avaient récemment troqué leur simple cagoule contre de vraies têtes de cochons grotesquement transformées en masques, ou bien sortaient parfois d'anciens déguisements de mascottes complètement abimés et épouvantables. Et Ils venaient, souvent pour nous contempler dans la pénombre, et Ils restaient là, immobiles. Autant, une personne qui vous fixe intensément peut vous rendre mal-à-l'aise, autant je peux vous dire que, lorsque c'est une paire d'yeux de verre vidée de toute expression d'une vieille mascotte délabrée, c'est un réel cauchemar. Et Ils pouvaient rester là à nous dévisager, debout dans l'encadrure de la porte, pendant de longues minutes. Tellement longues, que nos muscles criaient de douleur à force de tenter de rester immobiles. Parce que oui, personne n'osait faire le moindre mouvement, nous redoutions trop qu'Ils essaient de nous emmener En-Haut.

Cela faisait d'ailleurs longtemps, qu'aucune d'entre nous n'ait eu à aller En-Haut-, même si nous ne pouvions pas à proprement parler d'accalmie, vu les incessantes allées et venues de nos ravisseurs masqués-. Et je ne sais pas ce qu'il en était pour les autres, mais le fait qu'il se passe autant de temps sans qu'aucun d'entre eux ne viennent nous emmener pour physiquement nous torturer, m'angoissait du plus profond de mon être. C'était comme s'Ils préparaient En-haut quelque chose d'encore pire et d'encore plus catastrophique, et qu'en attendant Ils s'amusaient à passer le temps des manières les plus tordues qui soient.

Quand nous étions enfin seules, la plupart du temps le silence régnait. Certaines chuchotaient parfois, mais au moindre craquement suspect au-dessus de nos têtes, la plus petite tentative de discussion stoppait. J'avais cependant essayé de partager mon inquiétude quant au fait qu'Ils n'avaient pas, depuis longtemps, cherché l'une d'entre nous, mais toutes m'avaient regardé avec des yeux presque exorbités m'incitant fermement à me taire pour ne pas nous attirer l'infortune, ce qui restait totalement compréhensible. Et lorsque, plusieurs instants après, nous entendîmes leurs pas dans les escaliers, je les sentis irrépressiblement me fusiller du regard.

Mais contre toutes attentes, Ils ne venaient toujours pas pour nous torturer, mais pour amener une nouvelle congénère.

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⏰ Dernière mise à jour : Aug 26, 2019 ⏰

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