Chapitre 3

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Dans une impasse étroite, aux alentours de 3heures du matin.

Thomas venait enfin d'arriver sur la scène de crime, et comme l'activité au poste l'indiquait, cette nuit était remarquablement agitée. Malgré l'heure tardive, une foule s'était amassée au début de la rue, et quelques policiers peinaient à empêcher les gens de s'approcher. Les journalistes étaient eux-aussi déjà présents, tels des rapaces, assoiffés d'écrire un bon scoop, et faisaient tout pour grapiller la moindre petite information. Vu le temps qu'il avait mis à venir, les journalistes devaient déjà être plus au courant que lui de ce qui se tramait dans cette rue. Thomas s'approcha en traversant difficilement la foule, montra sa plaque à l'un des policiers et entra dans la rue pour rejoindre ses collègues qui s'affairaient au fond de l'impasse. Il enfila son équipement de rigueur pour ne rien contaminer, et vint s'adresser à Eileen, qui photographiait le cadavre nu d'allure féminine, ainsi que l'emplacement des divers indices :

« -Eileen, hey. Alors qu'est-ce qu'on a, cette fois-ci ? On est bien sûr que ce soit lié au même meurtrier ?

-Hey. Yup, ça y ressemble bien, malheureusement, dit-elle avec désenchantement. Le corps est mutilé aux membres inférieurs, et vu les incisions sur tout son abdomen on peut encore prévoir qu'il manquera des organes. Elle a l'air d'avoir été affamée et déshydratée. Toujours les mêmes marques de ligatures aux poignets et chevilles. Elle a été retrouvée nue, et on a aussi retrouvé des branches d'ajonc, comme pour les autres. Elle continua avec un nouvel air d'aversion : Cependant, pour elle, Il s'est amusé à lui lacérer le visage, et à lui arracher une oreille ; on a pu aussi rapidement voir qui lui manquait quelques dents...

-Charmant ! » Adam et son cynisme arrivèrent sur ces mots. Thomas avait presque envie de le frapper dans ces moments-là, mais se contenta de lever les yeux au ciel.

Eileen reprit :

« -...Mais on en saura évidemment plus lors de l'autopsie et une fois que l'on aura analysé les différents indices. Vous pouvez faire un tour, histoire de voir si vous ne trouvez pas de nouvelles choses, mais on a déjà pas mal quadrillé la zone en vous attendant, dit-elle, un peu agacée par le retard des deux hommes. Sur ce, il va falloir qu'on bouge le corps, il va bientôt pleuvoir. »

Elle congédia Thomas et Adam, prit quelques dernières photographies et s'empressa, avec l'aide de plusieurs de ses collègues, d'enlever avec précautions le corps de la défunte.

Thomas donna un léger coup dans l'épaule d'Adam, tout en levant encore une fois les yeux au ciel, pour tenter de faire comprendre à son ami que cette fois-ci encore, il aurait mieux dû se la fermer. Celui-ci répondit avec un large sourire, oubliant totalement qu'il se trouvait encore en plein milieu d'une scène de crime, ce qui ne manqua pas de soutirer un soupir de mécontentement de la part de Thomas. Il tourna ensuite les talons, en décidant qu'il valait mieux l'ignorer et partir à la recherche de potentiels indices oubliés.

Mais comme pour chacune des fois précédentes, Thomas, ni même le reste de l'équipe, ne trouva ne serait-ce qu'un quelconque indice viable et utile à l'enquête. Le meurtrier faisait preuve d'une très grande dextérité pour ce qui était de cacher les preuves de sa culpabilité, et ne laissait absolument rien au hasard. Il choisissait aussi très bien son moment, était-ce de la chance ou non, mais la pluie ne manqua pas son rendez-vous, ce qui eut pour effet de précipiter la fin des recherches, lavant la rue des moindres traces du crime.

Thomas bouillonnait en sortant de l'impasse, la frustration et la colère l'envahissait. La fatigue n'avait pas complètement disparue, elle restait là presque indéfiniment, elle n'était que légèrement en retrait, n'attendant que le pire des moments pour lui revenir en pleine face. La pluie froide tambourinait sur son visage tandis qu'il se dirigeait lentement, en pestant, vers sa voiture, là où Adam l'attendait impatiemment. De nouvelles personnes s'attardaient devant les derniers officiers qui remballaient, bien que la foule énervante qui avant encombrait la rue, était partie s'abriter ou se coucher depuis longtemps. Il ne restait que, bien évidemment, les journalistes trempés qui tentaient encore vainement de récupérer et partager des informations.

Même Adam, qui d'ordinaire savait tenir bon pendant de dures nuits blanches, avait perdu son sens de l'humour et était trop épuisé pour même sortir l'un de ses sarcasmes agaçants, ce qui n'était pas si mal, au final, songeait Thomas. Ils retournèrent au poste, ne décrochant pas un mot de tout le trajet, se demandant où ils pourraient encore puiser la force afin de finir leur travail.

Il était presque 7 heures du matin, quand ils virent les derniers officiers de nuit partir, et qu'ils décidèrent que quelques heures de sommeil ne leur feraient sûrement pas de mal. Il était probablement préférable pour eux de poursuivre l'enquête une fois reposés et en pleine possession de leurs moyens.

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