Chapitre 44. Coeur en perdition

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🎶Christopher 🎶

Comme souvent ces derniers temps, je m'égare dans la contemplation des photos de Luna et moi, datant d'une époque où le bonheur faisait encore partie de mon existence. Ce matin celle qui a retenu mon attention est celle que Clara avait prise, le jour où j'ai ouvert mon cœur à Luna sur la scène dans le Jardin public de Buenos Aires. Ce jour où ma meilleure amie est devenue bien plus. Ce même jour où Luna et moi sommes passés de l'amitié à l'amour. Une larme roule sur ma joue, avant de partir s'écraser sur l'écran de mon téléphone. Mon cœur est plus lourd que jamais, me donnant l'impression que toute la misère du monde s'est abattue sur moi.

D'un pas lourd et mal assuré, je sors du lit, pour rejoindre la salle de bain où je me défais de mon jogging, avant d'entrer dans la douche. L'eau chaude qui dégringole sur mon corps m'aide un peu à me laver de ma nuit blanche, comme tous les matins depuis presque dix jours. Depuis que j'ai laissé partir Luna l'autre soir, rares ont été les nuits où j'ai réussi à museler ma peine pour trouver un sommeil profond et réparateur. Dire que je ressemble à un zombie serait un pur euphémisme. Elle me manque atrocement. J'avais déjà l'impression de ne plus être moi-même depuis des semaines, mais depuis ce soir-là, c'est encore pire. Une partie de mon âme s'est totalement éteinte. J'ai perdu cette flamme qui me permettait de vivre.

Alors que je termine d'enfiler mon jeans des coups sont donnés contre ma porte. La tête de mon meilleur ami passe dans l'entrebâillement et ses yeux se posent sur moi. Son visage se déforme en une grimace quand il aperçoit ma mine fatiguée. Aucun mot n'est utile pour lui faire comprendre que le sommeil m'a une nouvelle fois échappé cette nuit.

— Tu es prêt dans combien de temps ? demande-t-il.

— Cinq minutes, pourquoi ?

— Bah on doit partir !

— Euh... Pour aller où ? demandé-je, perplexe.

— Tu as oublié ? On a une séance photo avec Luna ce matin.

Entendre son prénom me noue instantanément l'estomac, mettant à rude épreuve ma bonne volonté pour ne pas craquer. Zabdiel me lance un regard désolé, et je tente de le rassurer en lui souriant faiblement. Lui et moi avons pas mal discuté au cours des derniers jours et même s'il ne comprend pas le fait que j'ai abandonné Luna face à son amnésie, il me soutient. Il sait à quel point j'en bave. Pourtant, il faut que j'arrive à avancer. Vivre dans le passé ne servira plus à rien.

Zabdi me dit de me dépêcher. Visiblement, Renato commence à s'impatienter. Ça aussi ça a beaucoup changé au cours des derniers jours. Ma relation avec mon manager s'est quelque peu dégradée depuis ma connerie avec la voiture de location. La confiance qu'il avait en moi s'est éteinte. Maintenant, il me traite comme un enfant de dix ans. Je n'ai plus le droit de sortir seul. Soit il m'accompagne, soit c'est Sergio qui s'en charge. D'un côté, je le comprends parfaitement. Ce soir-là quand j'ai abusé de l'alcool, dans l'espoir de faire taire ma peine, je n'ai clairement pas pensé aux conséquences. Il aurait pu m'arriver n'importe quoi. Renato s'est donné un mal de chien pour que l'incident ne s'ébruite pas dans la presse.

Dans mon armoire, j'attrape un tee-shirt blanc et mon blouson en cuir noir. Pour accessoiriser ma tenue, mon dévolu se jette sur une casquette des Bulls de Chicago. Rassemblant mes affaires, je sors de ma chambre pour rejoindre mes amis qui m'attendent patiemment dans le salon.

— Bonjour, dis-je à mi-voix.

— Bon, vous êtes prêts ? s'irrite Renato.

Dans un hochement de tête, nous donnons une réponse positive à sa question. Rapidement, nous quittons la villa en direction du studio.

Volverte a Ver - T.2 {CNCO} // TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant