Chapitre 26 - Dame Tarra

46 9 6
                                    

Galenn flotte dans un univers insondable et immatériel.  Il ne ressent que le gant de guerrier qui enserre sa main d'une chaleur bienfaisante qui se propage tout doucement vers son épaule droite et le reste de son corps.  Il y a aussi ce flamboiement de ses tatouages qui occulte son champ visuel d'une douce lueur ambrée.

La douleur qui a traversé son corps au départ, car il constate bien qu'il nest plus dans l'oasis de verdure avec ses compagnons, s'est graduellement calmée et est disparue. En même temps, les rubans noirs, qui l'enveloppaient à l'asphyxier, se sont distancés et évaporés dans l'air ambré.

Le milieu où il se retrouve le propulse d'un coup sec vers un retour vers la gravité.  Il se roule en boule et protège sa tête de ses bras.  Douloureusement, son corps s'affaisse sur un sol dur et sec. Alors qu'il demeure immobile, le temps de vérifier si son organisme a subi des dommages, Galenn voit des étoiles derrière ses paupières closes et son cerveau sonne des cloches contre sa boîte crannienne.

Il pousse un grand soupir en se retournant sur le dos et en étendant ses membres.  La première chose qui le frappe, est le silence.  Une immense absence de bruit quelqu'il soit : pas de bruit d'eau, vague ou chutes,   pas de bruissement de verdure poussé par le vent, pas de vent qui siffle,  aucun signe d'une vie quelconque.

Rien.

Lorsqu'il pousse un second long soupir en ouvrant les yeux, il l'entend se réverbérer contre une surface.  il n'est plus a l'air libre.  Il est dans une pièce suffisamment grande pour provoquer un écho.
Ses yeux ne discernent pas Rand choses aux premiers abords.

Du blanc. Blanc éclatant. 

Ai-je perdu ma vue ?

Mais non.  C'est que tout est blanc : les murs, le plancher et le plafond.

Il se relève aussi vite et silencieusement que possible, la main sur le pommeau de son glaive, les sens en alerte, prêt à en débattre avec celui ou ceux qui l'ont envoyé ici.

Encore cette magie à l'œuvre ! Bonne ou mauvaise ?  Mais, je commence à en avoir assez de me faire trimballer comme un coffre dans le bastingage d'un bateau !

Pourtant, ce blanc le calme et le rassure. Il n'a pas la conscience des auras de Mirkoum mais il peut affirmer que ce lieu ne lui est pas hostile.

Commence alors pour Galenn une longue marche dans des corridors, escaliers et pièces.  Tout est composé de la même substance : de la pierre blanche, immaculée, comme celle de la falaise. Pas de poussière, pas un grain de sable.  Tout est immuable. Comme... paralysé.

Du profond de ses souvenirs, il reconnaît devant lui le long corridor où deux grandes portes se dressent, gigantesques, devant lui.  Il s'avance avec hésitation, mais sans méfiance.  Il sait d'avance ce qu'il va découvrir derrière ces portes closes.

De ses deux mains, dont l'une porte toujours le Gant du guerrier Ulrix avec le cristal de sa mère dans la paume, Galenn ouvre avec une poussée d'épaule les deux grandes portes blanches, qui se rappelle-t-il étaient rougeâtres dans sa vision lorsque Virko l'a fait voyagé dans son passé.

La salle du Trône.  Celle du Royaume des Trois Lunes.

Pas de Gardes cette fois-ci, pas de Guerriers affairés ou de Conseilllers pressés de transmettre les ordres.  Pas de Roi, ni de Prince, se préparant valeureusement à partir à la guerre.

Non. Tout est blanc. Le paysage visible par les fenêtres est immaculé, aussi loin que peut se porter le regard. Comme une immense oeuvre sculpturale dans de la roche blanche.

Devant le jeune homme qui entre, petite silhouette aux teintes de noir et de brun, avec son foulard bleu, se trouve une grande salle blanche, des sièges disposés de chaque côtés autour de multiples tables, une grande allée, se terminant par une estrade avec quatre marches, puis deux Trônes.

Galenn - Le chemin des PierresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant