Chapitre 8

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                        Chapitre 8
J'attendis le retour d'Anna et de Chuck pendant deux jours et trois nuits. Nos dîners étaient frugaux, faute de gibiers. Nous nous nourrissions donc de baies et de fruits braisés au feu de camp. Avec Anaïs, nous ne parlions pas beaucoup, la mort de Jack revenant toujours nous hanter, comme un vieux fantôme. Chaque soir, nous entamions une nouvelle bouteille de rhum que nous finissions le soir même. Le matin de leur retour, j'avais enfin réussi à chasser un cerf esseulé. Je venais juste de commencer à le dépecer quand ils revinrent. Je leur adressais un signe de la main et mon visage se fendit d'un sourire ravi quand je vis le corps qu'ils portaient derrière eux. Ils s'assirent sur le sol, près du feu après avoir rendu un hommage à la tombe de Jack. J'examinais  plus en détail le tueur : comme on pouvait si attendre, il était assez frêle, il avait un visage arrondi et les cheveux bruns.
Il avait les yeux ouverts  et la bouche mis-close, on aurait put le prendre pour vivant si une plaie béante ne lui ouvrait pas le thorax pour transpercer son cœur. Je ne pus m'empêcher de le gifler, sans qu'il eut une quelconque réaction. Je me redressais et époussetais mes genoux.
Je jetais un dernier regard, rempli de toute l'amertume que contenait mon corps. Une unique larme coula sur ma joue que je laissais descendre lentement avant de l'essuyer d'un revers de manche.
Le soir, chacun ayant plus ou moins fait son deuil, nous décidâmes de reprendre la route le lendemain matin.
Je m'endormis en admirant les braises qui s'éteignaient petit à petit dans la froideur de cette nuit. Mes yeux se fermèrent, comme ceux de tous les membres de l'équipe. Une seule personne ne fermait les yeux : le tireur. Je me réveillais dans la nuit, alerté par un bruit suspect. Je m'extirpais de mon sac de couchage, et me dégourdis les jambes. J'observais les horizons et vis un homme penché vers le cadavre. Je distinguais qu'il portait un kimono noir avec quelques reflets verts. Un foulard cachait le bas de son visage, de fait, je ne voyais que ses yeux et ses cheveux blonds. Je me tentais à lui poser une question, tout en ayant l'air intimidant :
"-Que fais-tu ici ? Tu viens nous attaquer ?
-Si j'avais voulu vous attaquer, tu ne serais plus de ce monde, m'annonça l'inconnu, la voix voilée par le tissu. Je viens juste chercher mon camarade, pour l'enterrer.
- Tu crois que ce tueur mérite une tombe ? lui demandais-je avec une pointe de mépris.
-Deux, marmonna le ninja.
-Que ce que tu dis ? l'interrogeais-je.
-C'est le nombre de nos soldats que tu as tué en seulement quelques jours. Tandis que Gary, mon camarade à tuer trois personnes en tout dans sa vie.
-Tu viens me faire une leçon de morale, alors que c'est vous qui tuaient toute les personnes accostant sur cette île.
-Non, nous ne tuons pas les pêcheurs égarés, nous attaquons seulement les voleurs dans votre genre."
Il hissa Gary sur son dos et me tourna le dos.
"-Ce point éclairci, je te quitte, finit l'inconnu."
Il disparu avec son étrange cargaison, dans un nuage de fumée.
Je me recouchais avec la certitude que j'entendrais encore parler de lui.
Je fus réveillé par des voix familières qui parlementaient entre elles. J'ouvris les yeux et vis mes compagnons discutaient d'une question d'on j'avais déjà la réponse.
"- Il a put être repris par un de ses camarades, proposa Anna.
-C'est sûrement un animal qui l'a dévoré après l'avoir amener en lieu sûr, annonça Chuck.
-Et tu en a vu beaucoup des animaux dans cette forêt ? contredit Anaïs.
-Et tu propose quoi alors, madame qui est si intelligente, ironisa Chuck.
-Qu'il y a un traitre parmi nous, annonça fièrement cette dernière."
Je m'approchais du petit groupe où la dernière intervention d'Anaïs faisait débat.
"-C'est un ninja qui est venu le prendre. annonçais-je."
Tous me regardèrent et éclatèrent de rire.
"-Et.. Et tu crois qu'il a disparu dans un nuage de fumée peu être, demanda Anna, hilare.
-Et bien en fait, oui !"
Un nouvelle éclat de rire.
"-Arrêtez, je suis sérieux ! me défendis-je."
Mais personne n'écoutait déjà plus. Je dus jurer sur la vie de Jack pour qu'ils daignent me croire.
Une fois ce fait établi, nous déposâmes un bouquet de rose blanche mais au moment de les poser sur la tombe, je me piquais le doigt, comme une preuve que même la plus belle chose de cette île nous en voulait. Nous nous mîmes en tête de monter en haut de la montagne pour apercevoir notre but.
L'ascension fut rude, malgré la chaleur de l'été, le froid dans la montagne était insoutenable. Toute la journée durant, j'avançais en tête, remontant le moral de mes compagnons. Malgré les flammes d'Anaïs et le "Fire Brother" de Chuck, nous étions frigorifiés. Seule Anna ne semblait pas s'en apercevoir, elle prenait même le temps de regarder le paysage et de faire quelques croquis pendant les pauses.
Le soir, après avoir parcouru plus des trois-quarts de la montagne, nous nous arrêtâmes sur un plateau gelé. On entreprit de faire un feu mais à cause des tempêtes de neiges et du bois qui était détrempé, nos tentatives restèrent vaines.
Dans nos sacs de couchages, eux mêmes dans nos tentes, le froid nous paralysait, s'insinuant dans nos veines, glaçant nos pensées. La nuit fut rude, la plus glaciale de toute ma vie et pendant que nous grelottions dans nos sacs de couchages, un individu nous observait, vêtu d'un simple débardeur et d'un short. Il observait une tente en particulier, celle  où l'occupante dormait, toujours une oreille à l'affût et un couteau en glace serré dans sa main.

Carnet d'expédition n•1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant