Chapitre 12
On me mît un sac en toile sur la tête et on me conduisit vers un endroit inconnu. La traversée fut relativement courte mais je me cognais à tout les obstacles que mes pieds rencontraient. Après cette marche fastidieuse, on me retira mon capuchon. La première chose qui me frappa fut l'odeur pestilentielle qui régnait dans ce lieu. C'était apparemment une cavité creusée dans la dure pierre de la montagne. La seule sortie était une porte en acier, m'obligeant à rester dans la pièce. Ce repaire était peu meublé : seuls quelques chaises et un canapé étaient présents. À mon étonnement, ce ne fut pas Liam qui était sur le canapé. C'était une femme d'une trentaine d'années, avec un chapeau Fedora laissant dépasser des mèches bouclées, qui y était installée, jambes croisées.
Elle ne semblait pas se préoccuper de moi. Son regard semblait perdu dans le vide et paraissait attendre quelque chose. Étrangement, tous les gardes présents jusqu'à lors dans la caverne, étaient sortis.
Je vis alors des traces de sang sur le sol. Avant que je puisse faire quoi que ce soit, mon interlocutrice prit la parole d'une voix douce et cristalline :
"-Tu peux me dire où vont tes amis et s'ils connaissent la route pour y aller jeune homme ?
Tandis que je gardais le silence, son visage se marquait d'un sourire forcé.
"-Je ne suis pas obligée de te faire du mal, continua-t-elle de sa voix envoûtante, si tu me répond gentiment je n'aurais qu'à te ramener sur un joli bateau sur l'île la plus proche ..."
Comme pour prouver sa bonne foi, elle leva sa main droite.
"-C'est ce que vous avez dit au dernier qui est venu ? lui demandais-je d'une voix amère en désignant les taches de sang."
Je vis ses yeux s'agrandirent et elle secoua la tête, comme pour chasser ma remarque de sa tête.
"-Mais non ... c'était un hérétique, incapable de faire des compromis ... m'expliqua-t-elle.
-Ou il ne voulait pas trahir ses équipiers ... complétais-je avec une once de mépris dans la voix."
Je vis ses mains se contracter et se tendre, tandis que sur son visage se dessinait un rictus effroyable , qu'elle essayait vainement de faire disparaître.
-Tu ne vas donc pas me dire où sont tes camarades ? me demanda ma future tortionnaire, le visage écarlate de rage.
Je pris une profonde inspiration et déclarais de la voix la plus honnête possible :
"-Je ne sais vraiment pas où sont mes amis, relâchez-moi !"
En guise de réponse, elle claqua des doigts et deux gardes arrivèrent.
Je me préparais au choc mais ne pus me retenir de pousser un hoquet de surprise quand son poing s'abattit dans mon thorax.
Les coups se succédèrent jusqu'à ce que ma tête retombe sur mon torse et que je crache du sang.
Mes deux tortionnaires me laissèrent.
Pour aujourd'hui du moins.Chuck, Anna, Anaïs et Marie établirent leur campement dans une grotte cachée dans la montagne, connu seulement par cette dernière. Anna passa la soirée a soigner Anaïs, le corps couvert de stries d'où s'écoulait encore quelques gouttes de sang. Elle désinfecta sa sœur, pendant que Marie montait la garde, le regard infiniment coupable et épris de regrets.
Chuck, lui, préparait le repas : un ragoût de lapin avec les rares herbes aromatiques qui poussaient dans la montagne.
Le dîner fut servit et les trois compères mangèrent en silence. Peu après le repas, pendant qu'ils rangeaient leurs affaires, Anaïs se réveilla.
Elle regarda autour d'elle l'air endormie et aperçu Marie. À ce moment là, elle poussa de grands cris et essaya de ramper sur le sur sol de la caverne. Elle accusa Anna et Chuck d'être des traîtres et que ce n'était qu'une couverture pour pouvoir nous dénoncer plus tard.
Anna dut la convaincre longuement que Marie n'était pas comme Liam et dut à maintes reprises utiliser l'intervention de Chuck pour confirmer les dires de sa sœur.
En fin de compte, elle toléra de manger à quelques mètres de Marie, à la seule condition que Chuck les séparent.
Une fois la nuit tombée, ils établirent un tour de garde et Anaïs insista pour surveiller avec Marie.
Elles s'assirent à l'entrée de la caverne, pendant que Chuck et Anna se reposaient.
Dans le milieu de la nuit, peu de temps avant le prochain tour de garde, Anaïs vit une lueur dans la pente en contre-bas. Elle en avertie Marie, qui se chargea de prévenir les deux dormeurs. Ils se réveillèrent en poussant des grognements de mécontentement mais ils se levèrent tout de même. Eux aussi virent la faible lumière sans parvenir à distinguer quelle en était la source. Ils la virent se rapprocher pendant qu'ils emballaient grossièrement leurs affaires dans des draps et les fourraient dans leurs sacs. La lumière était à peine à une dizaine de mètres quand ils sortirent de leur cachette à pas de loups. Ils réussirent à s'éloigner d'une vingtaine de pas avant que la lumière ne se tourne vers eux.
Dans le noir de cette nuit sans lune, Anaïs proposa à ses camarades de partir dans des directions différentes, pour échapper à cette mystérieuse lumière.
Elle reçut quelques marmonnements négatifs, puis quelques soupirs de résignation en voyant la lumière arriver à leur niveau. Chuck se transforma en loup et se mit à courir vers la forêt, où il serait en sécurité en tant qu'animal. Anaïs partit vers le sud, où des plaines arides s'étendaient à perte de vue et Marie la suivit pour une mystérieuse raison.
Anna resta sur place et elle vit la lumière devenir un homme tenant une lanterne.
Il s'approcha d'elle jusqu'à ce qu'elle puisse sentir son souffle fétide sur son visage.
"-Bonjour, je constate que vos amis se sont fait la malle, commença l'inconnu avec une pointe de tristesse dans la voix."
Elle le détailla rapidement : il était de taille moyenne, portait un large manteau noir et son visage était caché par un masque de kabuki représentant un renard.
Dès qu'il se rendit compte qu'Anna le détaillait, il esquissa un sourire.
"-Pourquoi caches-tu ton visage ? lui demanda Anna.
-Je te le dirais si tu arrives à me battre ! me lança-t-il dans un éclat de rire. "
Il leva la main au dessus de sa tête et, après quelques secondes, l'abaissa et toute une troupe de guerriers sortit des fourrés. Chacun d'eux portait un masque de carnaval, cachant seulement une petite partie de leur visages. Elle remarqua qu'ils avaient tous un fusil en bandoulière.
Ils l'encerclèrent, levèrent leurs fusils et laissèrent leur chef s'avancer vers elle.
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Carnet d'expédition n•1
Paranormal[en écriture] Un groupe de voleurs aux pouvoirs surnaturels arrive sur une île regorgeant de richesses infinies. Mais qui dit richesses infinies dit menaces infinies : l'île possède une troupe d'élite de soldats à la force incommensurable.