Quelques temps se sont écoulés. Dehors la pénombre est toujours présente, tout comme dans son coeur. Il a finit par prendre le large, comme tout les autres avant lui, comme il avait juré de ne jamais le faire : dans la malhonnêteté. Il a pris tout ce qu'il a pu avec lui, les larmes, les remords, et la culpabilité étaient tout ce qu'il avait laissé derrière. Le tsunami de ses émotions l'avait finalement englouti, lui aussi. Elle avait, à nouveau, ce sentiment de n'être qu'un objet, une phase éphémère dont on interrompt brutalement l'existence une fois la date de péremption dépassée. Ses sentiments étaient à nouveau hors de contrôle mais cette fois, elle se jura de ne plus se laisser emporter par le courant, plus jamais on ne la tiendrait pour acquise, comme une poupée de cire de plus dans leur collection, un trophée aligné parmis tant d'autres. Elle était décidé à reprendre le fil de sa vie, de démêler ce noeud de pensées malsaines afin de les ramener à l'état de petit tas de laine, combustibles.
Mais elle sentait qu'un poids la tirait en arrière, une des briques de son passé, plus solide que toute les autres, qui la tire tellement fort que sa peau la démange, se décolle même, ses boyaux se tordent et ses muscles se fatiguent plus rapidement. Cette brique contient toutes les fois où elle a été déçue, trompée et abusée. Elle se débat depuis toujours avec, depuis l'époque où son géniteur avait décidé de noyer ses démons dans l'ivresse, qu'il avait décidé de lui corrompre l'esprit, lui répétant qu'elle ne suffirait jamais à personne, qu'elle était trop sensible, trop si, trop ça mais trop peu. Depuis cette brique s'est agrandie, au fur et à mesure que d'autres y cimente une nouvelle trahison. Mais cette dernière trahison laissa une plus faible trace de ciment; celle là était juste une dose morbidement habituelle, si quotidienne qu'elle n'avait pas senti la différence du poids habituel. Et pourtant elle se torturait à se battre avec le poids plutôt que de s'en débarrasser. Elle préférait s'enfermer dans cette douce torture plutôt que de faire face à cette brique d'échecs, de ses échecs.
Pardonnez-moi ce défaitisme, mais je ne sais plus comment y faire face, ou même si j'ai envie d'y faire face. Ce poids que je traîne me rappelle sans cesse d'où je viens mais aussi ma vulnérabilité et ma sensibilité maladivement préjudiciable. J'aimerais exploser en millions de morceaux, dont chaque parcelle se déposerait dans l'esprit de chaque individu, juste pour savoir, l'espace d'un instant, ce que cela fait d'être quelqu'un d'autre et de ne pas avoir CE poids à la cheville.
Je vis avec lui depuis tellement longtemps que je ne saurais vivre sans, sans ce constant rappel de mes fautes, de mes erreurs, de mes excès de confiance.
Vaste sentiment d'infériorité, je t'en conjure, j'ai assez souffert, rends-moi mon innocence, mes joies, et permets-moi de délivrer ce poids, de le faire couler dans le lac Amnésie et d'avancer vers un futur certain, heureux ou non peu m'importe finalement, mais loin de ce passé toxique, qui me pourri de l'intérieur petit à petit. Je commence à cracher des ronces.
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La Tragédie qu'est ma vie
Short StoryUne relation en cinq actes, haute en drame et en mots.