Acte V

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            Il était revenu, un court instant. Le temps d'une nuit elle l'avait à nouveau, lui, sa muse. Elle implosait de bonheur et d'amour. Il lui avait avoué qu'il ne parvenait pas à l'oublier. Elle y a cru si fort, elle voulait avoir à nouveau confiance en lui. Il lui avait aussi avoué qu'il l'aimait encore, et qu'il souhaitait la revoir. La discussion était emplie de nostalgie, dans sa bouche le bon goût du passé revenait peu à peu. Les mots étaient les mêmes qu'autrefois, les paroles aussi touchantes voire plus qu'auparavant. Elle revivait, elle s'est rattachée à lui, encore.

          Il lui avait redonnée espoir, il lui versait des paroles qu'elle buvait avec envie. Comme avant, il savait trouver les mots dont elle avait besoin, et elle le réconfortait. Son cœur était orchestre et ses intestins se tordaient, sa tête était légère, cerveau, nuage, flottant... Ses joues étaient rougies, son souffle court, ses mains moites et son esprit ancré à lui. Il lui promit un rendez-vous, une date, un endroit. Elle était rayonnante, comme une enfant le jour de Noël. Elle déballait son cadeau et hurlait de joie.

          Mais tu n'es jamais venu. Tu m'as dis que tu avais une opportunité à saisir. J'étais contente pour toi et pourtant, blessée ? Tu m'as dis que tu me tiendrais au courant quand tu sortais et qu'on pourrait se voir. Tu as menti. Encore, et à nouveau mon âme fut souillée par le mensonge, la déception et le malêtre. Ma tête était lourde, comme si mes souvenirs étaient poids insoutenables. Comme si milles poignards torturaient mon cœur. Mon esprit t'imaginait t'amuser, sans penser une seule fois à moi. Ton visage m'est devenu kryptonite. Tes mots désormais ne sont pour moi qu'illusion vouée à me manipuler, pantin de bois inarticulé. Je me suis à nouveau faite avoir par tes mots, tes si belles et toxiques paroles, me tuants à petites gouttes.

            Excusez mes erreurs. Je me suis égarée un instant. Je voulais y croire, je voulais vraiment qu'il m'aime, qu'il ai changé, qu'il dise la vérité. La vie peut m'être parfois cruellement injuste. Pourquoi pas moi ? Pourquoi n'ai-je pas droit à ce cliché du couple, qui s'aime vraiment ? Pourquoi dois-je souffrir encore et encore les mêmes tromperies, les mêmes mirages hypnotisant, les mêmes blessures douloureuses ? Je crois que je l'aime encore, en fait je crois que j'aime l'idée de pouvoir l'aimer, de pouvoirs reconstituer les cendres de nos souvenirs.

            J'aime l'envie de l'embrasser, de le toucher, de lui parler. Mais tout ça ne peut être. Je ne peux plus me permettre de me perdre sur cette route dangereuse. Tu ne m'auras plus muse diabolique. Désormais je serais mon propre démon, ainsi tu ne pourras plus me tourmenter.

La Tragédie qu'est ma vieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant