Quand Nos Passions Se Rencontrent

Chapitre 31

Les souvenirs m'assaillaient de toutes parts et j'avais beau tenter de les repousser, ils revenaient à la charge toujours plus violemment. Je revivais les moments de joie pendant les fêtes de fin d'année puis les plus dures souffrances qu'on avait enduré. Je me rappelai des anniversaires oubliés, des bleus et des crises d'asthme qui me déchiraient les poumons avant que je ne réussisse à m'en débarrasser. Les humiliations devant mes coéquipières quand je ratais un exercice et les appels à l'aide de mon corps qui souvent ne pouvait même plus bouger.

Les larmes coulaient maintenant à flot sur mes joues et je n'avais qu'une vague idée de l'endroit où je me trouvais. J'étais assise devant le portail du lycée désert et je sentais comme une étreinte protectrice et rassurante qui m'entourait. Je m'accrochai à ces bras de toutes mes forces pour sortir de la transe dans laquelle j'étais plongé.

Enfin, je me sentis reprendre pied petit à petit et retrouver mes esprits. Je m'aperçus alors que j'étais dans les bras de Noah. Mon premier reflex fut de m'y blottir encore plus mais ma raison me rappela qu'il était à l'origine de ce moment d'absence. J'entrepris alors de me détacher de lui à contre coeur.

Tout à coup, j'aperçus son visage lui aussi trempé de larmes. Je me dis en premier lieu que ce devait être les miennes qui avaient terminé leur course sur lui mais une nouvelle goutte d'eau salée ruissella sur sa joue depuis son œil. Je fus d'abord surprise mais aussi touchée et la voix du cœur repris immédiatement le dessus. Je le pris alors à mon tour dans mes bras et le laissai pleurer sur mon épaules.

Après 10 minutes pendant lesquelles aucun mot ne fût prononcé, Noah se détacha de moi et essuya ses larmes. Il se redressa puis attrapa ma main et me tira vers sa moto. Il ouvrit le coffre et me tendit un casque que j'enfilai immédiatement sans me poser de question. Je ne savais pas vraiment pourquoi mais j'avais confiance en lui.

Il enfourcha sa bécane et je glissai mes mains autour de sa taille. Je le sentis frémir puis de détendre, comme s'il appréciait notre contact. Quand Noah stoppa le véhicule, nous étions encore une fois au parc. Nous descendîmes puis il entrelaça ses doigts aux miens. Étrangement, je ne le repoussai pas et le laissai faire en me joignant à ce geste tendre.

Il me conduisit dans le parc. Nous passâmes devant le parc pour enfant et l'arbre où on avait échangé notre premier baiser. Il ne dit rien pendant tout le trajet et continua d'avancer sans hésitation. Nous nous enfonçames de plus en plus profondément sous les arbres, l'herbe sur laquelle nous marchions devenait plus verte et touffue et les feuillages se resserraient de plus en plus autour de nous, bloquant par moment la lumière du soleil.

Quand il s'arrêta enfin, nous nous trouvions devant l'eau couleur émeraude d'un petit étang. Des dizaines de libellules et de papillons multicolore volaient autour de nous. Le chant des grenouilles emplissait l'atmosphère de ses notes graves et les fleurs de nénuphars apportaient une odeur douce et fluette.

Noah s'assit dans l'herbe humide et je m'installai à ses côtés. En attendant qu'il commence la conversation, je laissai mon esprit divaguer et se perdre dans la contemplation du paysage. Je repensai à notre baiser dans ce même parc et je me surpris à ne plus ressentir cette peur qui m'avait envahi. Je me sentais même presque en confiance aux côtés de Noah.

-Je suis désolé.

-Désolé de quoi? Lui demandai-je étonné par ces soudaines excuses.

-De t'avoir fait cette remarque sur ton père et d'avoir voulut m'introduire dans ta vie. Je n'aurais pas dû te poser la question.

-Mon géniteur est un sujet sensible et douloureux mais ce n'est pas la question. Pourquoi as-tu réagi ainsi?

-Car j'ai trouvé tes propos égoïstes sans vraiment chercher à comprendre. Seulement, je me suis rendu compte trop tard que je ne pouvais pas te juger. Et puis j'ai bien compris que cette homme n'était pas vraiment ce qu'on peut appeler un bon père aimant.