Les portails des rêves

Accumulation

Dans cette nuit magnifique, il ne restait plus que le feu qui éclairait le campement.
Le ciel était tout noir.
On en a déjà vécu des nuits de ce genre mais cette fois-ci, je me sentais apaisé.

La nuit était fraiche, presque à faire frisquet. Les deux ados s'installèrent autour du feu avec une couverture qu'ils partageaient pour se tenir chaud. Après une journée pareil, un bon repas ne serait pas de trop, mais au lieu de ça, il ne restait plus que les aliments qu'ils n'avaient pas touché lors du trajet jusqu'à la forêt.
Quelques pauvres chips, de l'eau, une boite de biscuits à moitié vide...

Un peu agacée, Lin regarda son compagnon. Les regards s'étaient croisés et un peu intimidée, elle parla doucement d'un ton énervée.

- Si t'avait au moins apporté un repas consistant que de simples baies...
- Tu ne m'avait pas ordonné d'en chercher ni d'en apporter. La prochaine fois, fait moi une liste.
Dans la conversation, des gargouillement s'échappèrent des ventres affamés. De qui selon vous?

- Hey, continua O.D, si tu veux, tu peux manger ma part de biscuits.
- Ça change pas grand chose...

O.D alla dans la tente principale et fouilla dans un coin. Il cachait des provisions en plus car il savait qu'avec sa partenaire, il n'y en aurait jamais assez.
C'était deux sachets de marshmello et quatre de viandes séché. Il partagea cela équitablement

- C'est quoi ça? Ça vient d'où?
- Et bien tu vois, quand on se fait des virés comme ça, il faut jamais oublier l'essentiel.
- Tu penses à tout toi.
- Et ouais, tout ça pour ne pas t'entendre râler.
- Mais je râle jamais moi...
- Ouais, c'est ça.

Il ouvra le paquet de sucrerie et en embrocha pour les griller sur le feu ardent.
- Une soirée en forêt parfaite, s'exclama Lin... Soirée feu de camp comme je les aime, avec de la sucrerie. Merci bien.
- Tu disais...? Répliqua O.D sachant bien qu'il a bien entendu.
- Merci bien j'ai dit.
- Attention à ne pas te brûler la langue avec ces trucs.

Jusqu'à ce que le feu s'atténua, ils avaient dévoré sans s'arrêter les deux paquets de ces délicieuses friandises.
Avec l'intensité de la flamme diminué, le ciel se dévoila petit à petit.
Ce phénomène c'est comme quand on éteint la lumière dans la chambre avant de se coucher et on distingue peu à peu les stickers fluorescents sur le plafond.
Un magnifique ciel étoilé sublimait cette soirée là.

Dans le silence mais d'un bruit de fond fait de l'harmonie du vent soufflant sur les feuilles des branches d'arbres et du crépitement du feu, nos personnages vidaient leurs esprit.
"Quel beau calme", soupira Lin
Comme le feu ne chauffait plus trop le campement, le froid, porté par un vent glacial, se fesait sentir.
Lin est celle qui est la première à la ressentir vu qu'elle n'a pas trop bougé, pas comme O.D qui n'a cessé de redonner vie au campement.
"Tu as froid?" demanda le garçon.
- Non, ça va
- Sûre? Parce qu'on dirait que non.
- Ouais, t'inquiète.
- Ah non, je ne peux pas. On voit bien que tu trembles.
- Pas du tout, je vais bien je te dit."
Le garçon prit les mains de la fille et ressenta tout de suite que ses doigts étaient gelés.
Il couvra alors les mains de sa perle dans les siennes et les souffla plusieurs fois pour les réchauffer.
Il se tourna et prit une couverture posée à l'entrée de la tente, se couvra avec et enveloppa aussi Lin dedans de but de se tenir chaud.
Dedans, Lin se rapprocha petit à petit de l'énorme boule de chaleur vivante qu'est O.D. Collé l'un l'autre, O.D ressentait le froid sur la peau et les tremblements de Lin. Elle, elle sentait la chaleur émanant de son petit protecteur et cessa peu à peu de trembler.

"Tu tiens chaud, c'est agréable" lança Lin en se tournant vers O.D, "Comme t'as pas beaucoup de qualités, c'est bien que t'aie ça" continua-t-elle.
- Moi, j'en ai pas beaucoup, c'est vrai. Mais toi, t'en a pas du tout" répliqua-t-il en la poussant de l'épaule.
- Heeeyyy! Vengeance" cria-t-elle en collant ses doigts encore glaciale sur le cou du garçon.
- Arrête, je vais tomber malade avec ce froid." disait-il
- Ça m'est égal, en plus, tu bouillotte comme une tasse de thé brûlante. Allez, réchauffe mes doigts"
Dans le fou-rire, nos deux compagnons se chamaillèrent mais O.D connaissait les points faibles de la petite puce. Il l'immobilisa et prit une feuille douce comme une plume qu'il braquait sur l'oreille de Lin.
"Dit pardon" disait-il prêt à tout.
- Noon" cria-t-elle en se débattant pour se libérer.
- Tant pis pour toi" dit-il en commençant à remuer la feuille au creux de son oreille
La fille se débattait comme tout pour s'échapper à le torture et criait: "Nooon, arrêtte!!!"
"Tu peux pas t'échapper, dit pardon et j'arrête.
- D'accord, pardon, pardon, pardon..."
En arrêtant, la fille reprit son souffle et le regarda.
Elle arracha la couverture qui recouvrait O.D et dit:
"C'est moi qui a le dernier mot !"

Ils se regardèrent et Lin commença à bâiller. L'heure de se coucher était, pour elle, déjà passé depuis des minutes.
"Tu devrais dormir" proposa O.D.
"Non, ça ira. Je peux tenir encore un peu." réponda Lin.
- Mais t'es fatiguée, regarde, tu baille déjà.
- Et toi, t'es pas fatigué, t'as pas envie de dormir aussi?
- Je pense pas.
- Mais tout les travails d'aujourd'hui, c'était pour t'épuiser, accumuler de la fatigue pour que tu t'endorme direct.
- Merci à toi mais ça n'a pas marché on dirait. Je suis unique apparemment."

La fatigue, on la ressent chaque nuit. Surtout après une telle journée. Elle était sûr que j'allais m'effondrer et dormir tout de suite.
Je ne suis que déception.