19/11/2014
Encore une de ces journée monotones au lycée, les mêmes têtes, les mêmes moqueries ou insultes, les mêmes jugements. Cela ne me dérangeait guère, je m'étais habituée à ce rythme : tout d'abord je devais partager mon air avec des victimes de la société, ceux qui se déplaçaient en groupe pour combler le vide qu'il y a en eux, pour se sentir plus sûrs d'eux même grâce à l'avis des autres et leurs jugements. Après trois heures de leçon, je pouvais enfin savourer ma solitude, je passais la récréation sous un arbre à l'arrière du lycée. C'était un vieux chène qui devait dater de la seconde guerre mondiale (d'accord j'exagère un peu mais c'était un vieil arbre!), il me tenait compagnie pendant environ une demi heure par jour, depuis 2 ans déja, je pouvais sentir l'aura qu'il émanait, je ne crois pas être medium mais je pouvais sentir cette atmosphère immaterielle qui l'enveloppe. Après cette très courte pause pendant laquelle je communiquais avec la nature, je devais subir encore trois heures de leçons, enfermée dans une classe qui sentait l'être humain (la sueur surtout). J'entendais le tic-tac de l'horloge, les ricanements d'Edna, la pom pom girl qui avait tous les mecs du bahut à ses pied, avec ses deux soumises, Beth et Kelly, je pouvais ainsi entendre le crayon de Jean-Michel qui notait tout ce qui sortait de la bouche de ce bon mr. Agron qui puait l'alcool et le vieux tabac pourri, mais le bruit qui m'attirait le plus était celui qui provenait des écouteurs de Théo, j'arrivais à peine à distinguer le rythme de Another brick in the wall. Théo était nouveau. Après la mort de sa mère, son père décida de quitter la ville où ils vivaient et il s'installèrent dans notre petit village. Personne ne sait rien sur lui, à vrai dire il ne parlait à personne ou plutôt il n'écoutait personne vu qu'il passait son temps à écouter de la musique. Sa peau était si pâle qu'on croirait presque que le sang ne circulait pas dans son corps, ses cheveux étaient toujours mal coiffés, d'un noir charbonneux qui lui donnait une allure mystérieuse. Malgrès son arrogance et son attitude hautaine ses yeux le démentaient, son regard était vide, si profond qu'on se sentait noyés dans l'océan pacifique si on le fixait trop lontemps, ses yeux étaient d'un gris qui exprimait une grande nostalgie, tout le monde devrait rêver de plonger dans ce regard qui extériorisait tandis la pluie tandis le beau temps.
Théo n'avait vraiment pas l'allure du beau-gosse, il était très grand de taille et maigre, aucun signe de musculature ni "d'abdos" (oui les filles sont fixées par cette partie du corps masculin). Ses mains étaient magnifiques, on pouvait apercevoir ses artères sous sa peau de "blanche-neige", mais il les cachait dans les poches de son sweat noir qu'il portait même en été. Le seul cours durant lequel je pouvais les admirer était celui de Mme. Dupré puisqu'elle l'obligeait à les retirer de ses poches en le menaçant de convoquer ses parents (son père plutôt).
Mr. Agron n'était pas très autoritaire comme prof, il faisait ce métier juste parce qu'il avait raté sa vie et il n'avait pas trop le choix, soit il supportait des adolescents pourris gâtés, soit il passait ses nuits sur le trottoir muni d'un carton en guise de couverture. Chacun faisait ce qu'il voulait pendant son cours et décidément il n'en avait rien à faire tant qu'il était payé (il nous donnait la note qu'il voulait à la fin de chaque trimestre). Théo jouait avec son stylo. Je me passais doucement la main sur les cheveux en observant le reste de la classe. Je fermais les yeux et j'écoutais tous les bruits qui m'entouraient, mais soudain je n'entendis plus rien. Je sentis quelque chose qui me secouait frénétiquement.
to be continued...