Je commençais à ramasser mes affaires pour m'en aller quand soudain j'aperçu une ombre, je levai les yeux : c'était Théo. Il s'assit à côté de moi avant même que j'aie le temps de me lever et posa son dos sur le vieux chêne. Il ne dit rien, il ne me regarda même pas, ses yeux étaient dirigés vers le ciel. Il contemplait les nuages en écoutant de la musique ses écouteurs blancs dans les oreilles. Je ne savais pas trop quoi faire ou dire. Cette fois-ci je ne voulais pas le rejeter et même si je le voulais je n'allais forcément pas y arriver. Toujours dans la même position, la tête vers le haut, il pris un écouteur et me le posa dans le creux de la main, comme s'il voulait me faire comprendre quelque chose. Je ne savais pas quoi en faire (je sais à quoi servent les écouteurs), je restais figée, immobile à le regarder, son cou était tellement dressé que je pouvais distinguer sa pomme d'Adam. Je pris l'écouteur et le mis à mon oreille, je pouvais entendre la voix de Marilyn Manson qui me donnait la cher de poule. La chanson était Coma White, une de mes préférées biensur. Doucement il se tourna vers moi et me dit à voix basse, un sourir imprimé au visage :
-Tu connais?
Je hochais la tête pour approuver mais sans me tourner vers lui non plus:
-On dirait qu'il chante pour toi! répliqua-t-il en reprenant sa position de départ, c'est à dire yeux rivés vers le ciel. Je n'avais jamais remarqué la forme de sa mâchoire. Malgré le fait qu'elle soit bien dessinée, sa mandibule était dissimulée sous ses cheveux ébouriffés. Il ne dit plus rien, nous continuames à écouter plusieurs morceaux, seuls, au centre du monde, dans un silence tombal, comme si nous étions une unique "chose". L'aura de l'arbre avait l'air faible en le comparant au notre. Une atmosphère comme celle-ci pouvait me rendre mal à l'aise normalement, mais avec Théo c'était différent. Je ne me sentais plus seule, j'avais compris qu'avec ses petits gestes il voulait être à mes côtés. Je n'ai jamais eu d'amis. Au lieu de tout gâcher je gardais le silence. Mon silence voulait tout dire, Théo l'interprétait comme la réponse à chaque question.
La cloche sonna. Nous devions rentrer en classe pour finir notre journée. Théo se leva doucement et me tendis sa main pour m'aider à me relever. J'hésitais un peu avant de lui tendre à mon tour la mienne. J'allais finalement toucher à cette main que j'avais contemplé, voir même admiré pendant une éternité. Elle était gelée même s'il la gardait toujours au chaud. Relevée, il ne me lâcha pas. Il avança devant moi en me tirant, comme une locomotive et un wagon. Nous passâmes par la cours de récré où étaient assis tous les lycéens écervelés. Ils ne nous quittaient pas des yeux :
-Vous formez un beau couple de zombies! dit une voix venant de nulle part qui provoca un brouhaha et des ricanements. Je voulais lui lâcher la main et m'en aller, je voulais passer inaperçue mais sa main serrait serrait la mienne de toutes ses forces. Nous passâmes ensuite par le grand couloir pour enfin rejoindre notre classe. Nous entrâmes et nous assîmes à nos places habituelles, moi près de la fenêtre et lui à ma droute. Il prit son banc et le colla au mien :
-C'est pour que je te fasses écouter d'autres morceaux.fit-il en s'asseyant.