Chapitre 5

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Le professeur Dumbledore était sceptique. Lorsqu'on lui avait imposé la présence de trois agents gouvernementaux, il avait exigé des personnes qualifiés, compétentes et expérimentées, malgré tout, il s'était retrouvé avec un débutant, persuadé d'être le nouveau chasseur de mage noir alors qu'il n'avait, jusqu'à son enlèvement, jamais quitté son confortable manoir. Il avait fait jouer ses relations et il s'était avéré que Samuel Ombrage, lui-même avait graissé quelques pattes pour placer sa nouvelle recrue sur le terrain. Il avait rencontré l'instructeur du garçon qui avait vanté ses mérites mais ça ne l'avait pas pour autant rassuré. On pouvait être très bon à l'entrainement et incapable de se souvenir de la moindre formule sur le champ de bataille et cela ne dépendait généralement que du seul facteur que le vainqueur de Grindelwald était incapable de contrôler, le facteur humain.

Il avait tiré les ficelles, fait jouer ses relations les plus importantes et même contracter quelques dettes pour en apprendre le maximum sur ce jeune homme mais il avait beau eut cherché, il n'avait rien trouvé qui aurait put justifier une mise à pied. C'était un héritier classique qui avait grandi dans le cocon familial, élevé pour devenir le parfait petit sang pur. Toujours décrit comme discret, poli, il n'était pas reconnu comme particulièrement sournois ou ambitieux mais c'étaient les individus comme lui qui se retrouvait à guider, d'une main de fer, la politique de leur monde. Il n'avait réussi à découvrir aucun de ses secrets, aucune de ses failles. Il n'était même pas certain de son véritable bords politique. Qu'est-ce qui lui indiquait que son kidnapping n'avait pas été monté de toute pièce et qu'il avait lui-même attenter à la vie de ses parents sous ordres de Voldemort ? Remettre ainsi en cause la parole de ce qu'il conviendrait d'appeler des victimes ne lui convenait absolument pas mais malheureusement, c'était la guerre et il ne pouvait pas se permettre d'accorder si facilement sa confiance. C'était ce qu'il y avait de mieux à faire, pour le plus grand bien.

Une fois la répartition terminée et son petit discours de bienvenu achevé, la faction d'Aurors fit son entrée. Mentons relevés, dos droits, uniforme pourpre et regards de glace, côte à côte, ils remontaient l'allée centrale du même pas vif et régulier. La première à monter sur l'estrade fut O'brien, Ses longs cheveux blonds étaient strictement serrés dans une simple natte dont aucune mèche n'osait s'échapper. Son visage aux traits pourtant doux était dur et fermé et malgré sa récente trentaine, quelques ridules marquaient son front, signe de multiple froncement de sourcils. Scott lui, les cheveux poivre et sel, le corps marqué des souvenirs de ses innombrables exploits au sein du bureau, n'avait, somme toute, pas l'intention de mettre autre chose que du mépris et de l'ennuis dans son regard acier alors qu'il parcourait la salle. Enfin, Devis, le plus jeune d'entre eux, se plaça aux cotés de ses collègues bien que légèrement en retrait. Il suintait l'aristocratie et la haute à plein nez mais là où son regard aurait dû être aussi vide et froid que son visage de marbre, ils brillaient d'émotion mal contenues. Sous la clameur des élèves impressionnés, le regard noir de McGonagall qui aurait préféré les voir introduit comme n'importe quel professeur et l'accueil poli de leurs désormais collèges, ils s'installèrent à la grande table sans que personne ne remarque la démarche vacillante du Sean.

Du côté des élèves, l'impatiente augmentait de minutes en minutes puisque tous, ou presque avaient remarqué les regards avides que les maraudeurs jetaient à leur ennemis de toujours, Severus Rogue, promesse d'une farce surement tordante des quatre compares. Cependant, il n'y avait que le concerné pour voir que les œillades que s'échangeaient ses bourreaux n'étaient pas garantes d'une prochaine humiliation mais d'un problème avec celle-ci. Quoi que les quatre imbéciles eussent prévus pour lui, ça avait échoué. Il se serait bien enfuit à toute jambe de cette pièce de l'enfer où tous les regards étaient braqués sur lui mais il lui restait encore un peu trop de fierté pour s'abandonner à ça. Il haussa un sourcil narquois en direction des rouges et ors auquel ils répondirent très aimablement par des visages crispés de rage... charmant, comme toujours.

Détourner de la contemplation profonde de son assiette par le pépiement intempestif du benjamin des Black, il se maudit sur sept générations en sentant le dernier cadeau de son géniteur se rouvrir sous son mouvement trop brusque et imbibé sa robe. Déjà qu'avec les rumeurs que les quatre abrutits avaient propagé sur son orientation sexuelle, tout le monde le comparait à une fille alors s'il se mettait à laisser des flaques de sang sur les bancs où il s'était assis, il n'allait pas s'en sortir. Sans mentir, il aurait put tuer pour une potion antalgique ou au moins un petit sort de soin mais non, avec un ministère un petit peu trop pointilleux dernièrement sur la trace des sorciers de premier cycle et un père à « l'esprit aussi fermé que les cuisses d'une none » ( merci Eliott), il n'avait pas pu ne serait-ce que correctement désinfecter ses plaies car, contrairement à ce qu'Eliott pensait ( en plus de son avis bien trancher sur la sexualité des religieuses), stériliser ses blessures avec de la vodka bon marché à 45°, ce n'était que très peu efficace.

Il en avait bavé pendant les vacances, son excuse de père n'avait même pas fait semblant d'être sobre alors la dernière chose dont il avait besoin, c'était de se faire tabasser par une bande d'abrutis immatures, agacés par l'échec d'un de leur pitoyables plans, qui vivaient depuis leur plus jeune âge dans un monde facile, où ils avaient toujours eu accès à ce dont ils avaient besoin. Ils n'avaient pas connu la faim, peut-être qu'après sa ridicule petite rébellion, Black aussi avait découvert la peur qui lui nouait le ventre au moment de rentre chez lui, mais il n'y était pas moins traité que comme un héritier de grande maison et pas un déchet humain... et Potter, la pire difficulté qu'il n'ait jamais connue était le rejet de Lily. Et encore, d'après ce qu'il avait pu apercevoir dans le train, les chances de cette abrutit avait atteint un niveau bien plus élevé que celles qu'il n'avait jamais eu. La dichotomie de leur monde était sauvage, on était ou bon, ou mauvais, il n'y avait pas d'entre-deux possible. Entre-deux dont il faisait pourtant parti.

Il avait rencontré Lucius lors de sa 5ièm année, son talent pour les potions ayant retenu son attention. Il s'était laissé approcher, ses moments de solitude s'étant multiplier au fur et à mesure que Lily se liait avec d'autre personne. Il avait été fasciné par les promesses de puissance, de pouvoir que le beau blond lui murmurait au creux de l'oreille. Il s'était laissé séduire, embobiné, la récente tragédie qui avait frappé sa famille avait été le coup de grâce le jetant dans les bras de son ainé. Il était devenu les yeux et les oreilles du seigneur des ténèbres au sein même de l'école, rapportant toute information un tant soit peu utile. Mais quand, dans un élan de rage, à sa plus grande horreur, digne de son père, il avait insulté et perdu sa seule amie, en plus de sa dignité, il n'avait pas hésité à tout avouer au vieux directeur, se proposant même de retourner sa veste pour lui. Occasion que le mage n'avait pas pu ignorer. Il s'était retrouver coincer, asservit à deux maitres lui qui n'aspirait qu'à la liberté. Porteur d'un lourd secret, seul dans cette « maison », plus en danger qu'il ne l'avait été, il était un danseur, valsant au bord du précipice changeant habillement de partenaire, celle en noir et celle en blanc, un masque gris cachant son vrai visage, attentif au moindre faux pas qui entrainerait sa chute. Il observait, ses enfants qui l'entouraient, insouciants, ingénus et adroitement, il tournoyait entre leurs pas malhabiles.

Quand le repas se fut achevé et que les première année eurent rejointes les préfets qui les accompagnèrent chacune dans leurs dortoirs respectifs, Les professeurs migrèrent de la table au bureau directorial, impatients de régler les derniers détails de cette nouvelle année, inconscients des rebondissements que leur réservait cette dernière.

Un nouveau prof de DCFM.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant