Chapitre 22

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Deux jours. Severus resta dans le coma deux jours. Deux jours où les tensions déjà bien présentes dans le manoir ne firent que s'accroitre. Deux jours où la peur, l'impuissance et le désespoir animèrent Sean, évidemment, mais aussi Lily, Eliott, Dumbledore et d'une manière plus générale, toutes les personnes dotées d'un minimum d'empathie qui ne pouvaient que ressentir la peine des membres réellement impliqués émotionnellement par l'état critique du jeune espion. Bien sûr, sa convalescence n'empêcha pas les mauvaises langues de se faire entendre et c'est pourquoi notre jeune professeur évita au maximum de croiser ces-dernières, il ne se sentait pas ni la force, ni l'envie de les écouter casser du sucre sur le dos de son protégé sans intervenir. Tout ce stress, cette angoisse, le rendaient cynique, sanguin, méprisant. Il ne se reconnaissait plus. Il n'était plus le jeune adolescent naïf, courageux, prêt à tout pour ceux qu'il aime. Il était devenu aigris, froid, violent et surtout... atrocement seul.

L'arme que Voldemort n'avait pas, celle qui devait lui permettre de le vaincre c'était l'amour. Mais quel amour ?! Celui de ses amis ? De ses parents ? De sa femme peut être ? Foutaises ! Il n'en restait rien. James et Lily n'étaient pas ses parents, ils n'étaient que de banals étudiants avec des problèmes d'adolescents. Comment leur demander d'être plus ? Ils n'avaient que 17 ans... Lui, il en avait vingt et un avec le corps d'un militaire qui a vécu deux guerres et l'esprit d'un vieil homme qui n'attend plus rien de la vie. Sean, ou Harry, peu importe son nom ! Il s'était sacrifié lui ! Il avait souffert, il connaissait la douleur, il ne le souhaitait à personne et pourtant, il crevait de jalousie devant le bonheur des autres, il priait pour que ces gens-là, qui passaient leur temps à le « remettre à sa place », vivent, endurent, subissent ce que LUI avait vécu et qu'ils reviennent après, le voir à genoux, s'excuser de leur connerie !

Alors non, il n'y avait plus de « Harry Potter », de « Survivant », d'« Elu », il n'y avait même pas de « Sean Devis », il n'y avait que ça... ce bout d'âme brisée qu'il était qui avait besoin d'un psychopathe mégalomane pour se dire que son existence pathétique n'était pas si vaine. « Aucun d'eux ne peut vivre tant que l'autre survie » ... que dire de plus ? À part que si la face de serpent trépasse, il ira le rejoindre illico presto avec un allé simple pour les boyaux de l'enfer. La vérité était là, si l'autre mourait enfin, il n'aurait plus aucune raison de vivre. Il n'avait pas sa place ici, ce n'était pas son époque et puis, comment vivre en temps de paix alors que la seule chose qu'on connait c'est la guerre ?

Tout était trouble dans sa tête. Il n'arrivait plus à démêlé le fouillis monstrueux du fil de ses pensées. Peut-être était-ce le constat que même à cette époque, malgré le futur, Voldemort serait toujours capable d'attenté à la vie de ses proches qui lui avait fait comprendre que lutter ne servait plus à rien. Il n'y arrivait plus, faire cavalier seul ne lui avait jamais apporté que des problèmes et cet état de fait n'avait pas évolué bien malgré le temps, les expériences et la maturité qu'il croyait avoir accumulés. Il avait besoin d'un allier, d'une personne à qui se confier, qui pourrait l'aider dans sa quête... mais qui ? La seule personne qu'il voyait capable de comprendre et d'accepter ce... bordel, c'était Voldemort, et comment dire que ce n'était pas tout à fait ce qu'on pouvait appeler une « personne de confiance ».

Non, il avait beau retourné le problème dans tous les sens, il ne voyait pas qui serait assez... Ron ou... Hermione pour l'aider. Par ce que bon, pour risquer sa vie sans problème, accepter de perdre sa famille, tout ça dans le seul but de combattre une face de serpent égocentrée et sa clique de croque-morts, il fallait quand même avoir un sacré pet-au-casque. Il fallait qu'il se résolve à l'évidence, sur ce coup-là, personne ne pourrait l'épauler. Trois coups se firent alors entendre à la porte et le visage de Lord Potter passa l'encadrement.

« Bonsoir Sean, je ne vous dérange pas ? L'enseignant se secoua légèrement, remettant ses pensées à plus tard.

- Euh, non, pas du tout.

Un nouveau prof de DCFM.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant