IX- StorderLand

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Le dossier était si vide que mon cerveau à décrété que ce qu'il se passait par la fenêtre était plus intéressant. En approximativement deux heures on avait put découvrir les prairies, champs, forêts et villes voisines. Cette vision nous a réconfortés dans la mesure où beaucoup d'éléments de ce monde collait avec le notre. J'avais déjà pu remarquer que l'on avait bizarrement rencontré deux personnes qui venaient du même endroit que nous sans avoir à les chercher. Je pense que c'est cette sensation de confort apaisant du fait de la similitude de nos deux mondes qui faisait de celui-ci une des destinations favorites comme terrain d'accueil. L'asphalte se déroulait sous les pneus et après la verdure des champs vint le désert, sans aucune transition. On venait de rentrer dans une zone la plus sèche qu'il soit, la terre craquelait sous la température et le goudron semblait bouillir devant nous alors que les lacs étaient encore à portée de vue derrière nous. Quelques centaine de mètres après être rentré au pays du sable, le bus arriva dans un petit village. Celui-ci était presque fantôme et correspondait parfaitement aux clichés américains. Ravagé par la sècheresse et les tempêtes de sable, les murs de planches était polis par les vagues de silice et les routes encombrées de poussière et de végétation morte. Un panneau en bois rongée par les termites penchait le long de la voie, un nom de ville figurait dessus : Graphtown.

On a traversé ce qu'il restait, d'après Masahiro, d'une ancienne ville minière florissante grâce à l'industrie du charbon et du graphite, ce dernier lui ayant donné son nom. La plupart des bâtiments étaient à terre et pour ceux qui tenaient encore debout seul les plus grosses poutres de la charpente avaient survécus au carnage. On s'est arrêté près de l'un d'eux à la seule différence que celui-ci était visiblement entretenu. Les portes s'ouvrirent et l'air chaud s'engouffra à l'intérieur du bus. Le choc à en faire sauter le mercure affola la clim du bus qui se mit à souffler comme un pc en fin de vie. Suivant le mouvement on sortit de l'engin, à l'extérieur la chaleur était tout simplement insupportable, il devait faire dans les 45°c. On suivait Masahiro qui nous mena à l'intérieur du bâtiment. Celui-ci avait une façade rectangulaire de trente mètres de large, un énorme cadrant d'horloge la surplombait, les grandes vitrines était devenues blanches à cause des rayures et la peinture était partie depuis longtemps. On a franchis les portes battantes en dernier, l'inspecteur s'est retourné dans notre direction affichant fièrement les tickets.
« Bienvenue à StorderLand les mecs ! »
Derrière Masahiro s'étendait un hall de gare d'une douzaine de mètres de haut, le bâtiment en forme de U possédait deux quais de chaque côtés de l'entrée. Les voies venaient de chaque « branche » du U qui constituaient les hangars pour les trains, elle repartaient entre ces abris vers l'horizon. Le soleil perçait la verrière d'un blanc flou qui projetait une lumière pale sur le hall. Ce dernier était bordé d'enseignes en îlots de chaque cotés, vides pour la plupart, et avait pour seul autre aménagement quelques bancs des portiques qui le coupaient en trois. On avança vers les barrières de droite et notre guide passa les tickets les uns après les autres pendant que l'on passait de l'autre côté. Il repris la tête du convoi jusqu'au quai numéro deux ou nous attendait une locomotive à vapeur.

Vous vous souvenez lorsque j'ai dit que ce monde était en retard sur le notre mais qu'il était plus approfondi ? Et bien je crois que cet engin du diable était le parfait exemple, la motrice à elle seule devait faire dans les quinze mètres de longueur. Deux roues de guidage à l'avant, suivies de trois groupes moteurs de quatre roues, elle-même suivies de deux autres roues de guidage. Une configuration 2.4.4.4.2 pour les pros (ouais j'avoue je me suis renseigné pour savoir ça), et le tout raccordé à des pistons si volumineux que j'aurais pus rentrer dedans sans peine. Tout ça pour vous donner une idée de la démesure de l'engin. Elle était noire avec des tuyaux acier rougis par la chaleur qui couraient le long de sa chaudière de dix mètres minimum. Sur la face avant prônait un pare-buffle qui aurait fait pâlir tout les fans de machines post-apocalyptique. Au dessus de celui-ci, au centre de la face de la chaudière, était accroché un unique phare qui projetait une lumière orangée comme celles que j'avais pus observer au bar. Ce look lui donnait un air à la fois effrayant et cool. On s'était assis sur un banc face au train tout comme les autres passagers attendant l'autorisation de monter à son bord. Masahiro s'était absenté pour aller chercher nos casse-croute car mine de rien on approchait déjà des midi et demi. Et c'est environ dix minutes plus tard qu'il revint avec eau et jambon beurre pour chacun, simple mais efficace. La longue pause de midi ne fut pas le lieu d'une grande discussion, non seulement parce que l'on était trop occupés à manger mais aussi parce-que l'on était obnubilés par cette fantastique œuvre d'ingénierie, faisant alors complètement abstraction de celui qui nous avais pris sous son aile.

Quatorze heures quinze sonna sur l'énorme pendule du hall, le contrôleur descendit du train avec une ponctualité irréprochable et siffla pour annoncer le début de l'embarquement. Suivant Masahiro, on s'engagea vers les portes derrière le groupe de passagers. Arrivé devant la porte le contrôleur, vêtu d'un uniforme noir aux brodures blanches et reliefs dorés, poinçonna nos tickets :
« Bienvenue à bord messieurs ».
On entra dans le wagon, l'intérieur marron était couvert de boiseries et découpés en compartiments comme dans les films. Néanmoins percés sur les cotés de manière à ce que l'air circule parfaitement et que l'on puisse voir tout ce qui se passait dans le wagon.
Toujours suivant notre guide, on rentra dans une de ces pièces, munis de deux banquettes couleur crème se faisant face, elle semblait particulièrement confortable. On s'est installés sur ces derniers, moi et Masahiro d'un coté, Karan, Kajay et Toshiko de l'autre. Mon voisin eu à peine le temps de ranger tout notre matériel avant que le train ne se mette en route en sifflant. Je fut d'ailleurs surpris par son accélération elle était si forte que la gare sembla disparaitre en un instant, mais sans être bousculé pour autant, un peu comme dans un tramway sous stéroïdes. Sans avoir le temps de comprendre pourquoi, on se retrouva engagé dans une forte descente sur un pont de bois et d'acier. Dehors le sable jaune avait laissé place à une terre désolée, un sol gris cendre s'y réfléchissait le soleil mais autrement plus violemment qu'un simple mirage. Il y avait toujours aucun signe d'arbres, d'eau ou de quoi que ce soit qui aurait pus présager là présence d'une quelconque forme de vie. Masahiro éclata de rire un instant avant de tenter de refréner son euphorie, ce qui nous fit instinctivement se retourner vers ce dernier:
« Excusez moi les gars mais vous êtes trop drôles ! On dirait des gamins devant le sapin de Noël ! s'exclama-t-il».
Apparemment notre stupeur face à ce paysage apocalyptique prêtait au comique. Mais depuis le temps qu'il nous faisait patienter pour savoir ce qu'était ce fameux StorderLand, l'excitation était à son comble. Clairement la faille géante dans laquelle on s'était engagé ne résultait pas d'un évènement climatique quelconque aussi puissant soit-il. Il y avait une autre explication à cela et on attendait tous des réponses à propos de ce phénomène. Les regards pesants que l'on portait sur lui eurent l'air de le décider à cracher le morceau :
« StorderLand, la contraction de storm, thunder et no man's land. Ce que l'on pourrais traduire par Terres de la tempête d'éclairs, et non pas tempête d'orage car c'est dégueulasse... ça se dit pas. Bref, une tempête magique sans précédent, un ouragan de plus de neuf-cent-vingt kilomètres de diamètre avec un œil de près de deux cent. Un évènement cataclysmique qui a contraint des centaines de milliers de gens à fuir ou s'enterrer dans des bunkers qui se sont retrouvés celés sous deux mètres et demi de terre carbonisée et de sable vitrifiée. »
Si on était enthousiastes à l'idée de découvrir ce mystère local, la véritable histoire derrière le mythe nous avais fait froid dans le dos. Si cette tempête avait été crée magiquement on avait de quoi s'inquiéter étant donné le nombre de personnes la pratiquant, c'est-à-dire... et bien... tous. Mais il n'y avait plus à s'en faire aujourd'hui, Masahiro nous en informa :
« Près du million de personnes sont décédés dans cette histoire. C'est dur à imaginer mais il faut se dire qu'à la périphérie de l'œil il tombait des centaines d'éclairs et des milliers de mètres cube d'eau par seconde. Les inondations se sont propagées bien plus loin que le bar de Piton. Et cela fait déjà près de quatre-cent ans. Heureusement les Six ont su en tirer des leçons et l'interface a permit de brider la magie. »
Honnêtement j'étais heureux de ne pas avoir été là pour voir ça. Ce que l'on avait vécus la veille avait beau être terrible, ce cyclone était terrifiant, bien que mon esprit n'arrivait pas à s'imaginer un cyclone projetant des éclairs en continu à en vitrifier du sable immergé sous des trombes d'eau me paraissait impossible. Le temps que notre détective de compagnie nous raconte cette histoire (même si c'était plutôt nous les gentils toutous dans l'histoire), nous avions atteint de fond du cratère. Le train allait toujours aussi vite si bien que le sol paraissait déjà unicolore. Pour l'avoir emprunté, je peux assurer qu'il allait aussi voir plus vite que le Shinkansen. Le ciel de l'après midi nous annonçait que l'on tendait vers les seize heures et l'autre versant du cratère commençais à émerger du brouillard de sable. Dans une petite heure et demie on devrait être arrivé... ou tout du moins c'est ce que l'on croyait...

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