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Kuroo se leva tard le lendemain, mais tout de même le premier des trois, et commença à préparer le petit-déjeuner. Son sommeil n'avait plus été troublé, et il y aurait pu y avoir d'autres rounds qu'il y serait resté sourd. Il était en train de beurrer une tartine quand Oikawa sortit de la chambre, simplement en jogging –il faisait souvent chaud chez eux, et ils avaient pris l'habitude de se balader sans complexe. Kuroo feignit de ne pas voir les traces de griffes dans son dos quand son colocataire chercha du jus de fruits dans le frigo.

-Alors ? demanda-t-il d'un ton détaché, laissant un sourire narquois orner ses lèvres.

-Bien, répondit Oikawa d'une voix un peu éraillée. Très bien. On ne t'a pas trop dérangé ?

-Pas trop. Un peu quand même, taquina-t-il.

-Désolé.

-Kageyama dort encore ?

Oikawa déglutit une gorgée de jus de fruits avant de reposer la bouteille dans le frigo et de se tourner vers lui :

-Il a le sommeil lourd. Faudra que je le pousse du lit pour qu'il se lève avant midi.

-Eh, fit Kuroo amusé. Il doit bien compenser pour toute l'énergie qu'il met dans le volley.

Oikawa n'avait pas l'air plus amusé que ça, et ils passèrent le reste du petit-déjeuner dans le calme. Kuroo le laissa aller se doucher en premier –vu sa nuit, il en avait sûrement plus besoin que lui- et discutait par messages avec Kei quand Kageyama fit son apparition. Il s'était à moitié rhabillé –pieds nus, en jean, sa chemise enfilée mais laissée ouverte, entre les pans de laquelle Kuroo distinguait sans mal son ventre lisse, son nombril, les lignes de ses abdos... Il releva les yeux avant de trop fixer :

-Salut, Kageyama. Bien dormi ?

Le passeur avait l'air encore tout ensommeillé, quelques mèches en épi, les yeux éteints. Il grimaça pour toute réponse, et Kuroo laissa un petit rire passer ses lèvres :

-Gueule de bois ? Il faudra remercier Bokuto.

Il fit glisser un cachet d'aspirine sur la table, suivi par un verre d'eau, que Kageyama accepta :

-Il a un nouveau jeu, avec les aces, là...

-On m'en a parlé. Que veux-tu, il faut bien une contrepartie à l'excellence... et boire à volonté n'est pas la plus atroce des punitions.

Il resta songeur un instant, puis une idée lui vient :

-Ta fac n'est pas si éloignée. Peut-être qu'on pourrait organiser un match d'entraînement ?

Tobio sembla se réveiller un peu à cette remarque, mais son expression s'ombragea, et il afficha sa moue habituelle :

-Non. Pas avec vous.

-Quelle arrogance ! s'exclama Kuroo en portant une main à sa poitrine d'un air choqué, prenant plaisir à se montrer théâtral. Je comprends pourquoi Tsukki t'appelle le roi ! On n'est pas assez bons pour toi, c'est ça ?

-Pas pour ça, s'agaça Kageyama. Dans la mesure du possible, je préfère éviter de jouer contre Oikawa-san.

Voilà qui était un autre problème. Kuroo émit un petit son de réflexion sans cesser de dévisager Kageyama, qui tendait la main vers un beignet fourré. Ne pas jouer contre Oikawa ? Il les savait rivaux, mais à ce point-là, vraiment ? Pourtant, ils avaient de fortes chances de se croiser en match officiel deux mois plus tard. Son équipe et celle de Bokuto étaient à peu près du même niveau, et avaient l'habitude de se rencontrer en huitièmes ou en quarts de finale –ils avaient d'ailleurs du mal à dépasser ce stade, en général battus par Ushijima ou Sakusa. Le plus haut qu'ils aient tous les deux atteint était la demie, lors de leur première année ; de quoi nourrir leur rage et les pousser toujours plus loin les années suivantes.

StabilisateurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant