Stabilisateur

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Le vendredi n'arriva pas trop tôt au goût de Kuroo, et il se précipita hors de l'entraînement pour aller chercher Tsukishima à la gare, encore en survêtement au milieu d'une foule de costumes et de vêtements de ville. Il le repéra rapidement, et fondit sur le lui pour le serrer dans ses bras.

-Kuroo-san, tu m'écrases.

-Je m'en fous, répondit Tetsuro. Je suis juste trop content que tu sois là.

Il l'entraîna jusqu'à leur appartement, pour que Tsukishima puisse poser ses affaires et se préparer un peu pour la soirée ; c'était la première qu'il faisait dans la capitale, et Kuroo le briefa rapidement le temps qu'Oikawa daigne leur laisser la salle de bains :

-Bokuto va vouloir te payer des tas de shots, prends ceux que tu veux mais pas trop. Ne fais jamais de battle de danse contre Hoshiumi, il gagne toujours. Ne crois pas la moitié de ce que te dit Miya Atsumu, il...

-Je connais ces gens, tu sais ? demanda Tsukishima en plissant les yeux.

-On n'est jamais trop prudents.

Oikawa sortit à ce moment-là et leur lança un signe de loin :

-Salut, Lunettes-chan.

-Grand roi, répliqua aussitôt Tsukishima avec un sourire trop sucré pour être sincère. Ton prince consort n'est pas avec toi ?

-Tobio est déjà sur place avec son équipe. C'est à côté de leur fac et ils finissent plus tôt que nous. Pourquoi, il te manque ? Je croyais que c'était Kuroo-chan que tu venais voir.

Kuroo n'aimait pas du tout le ton de feinte gentillesse entre les deux. Ils étaient l'un comme l'autre capables de faire l'hypocrite jusqu'au bout, tout en en faisant sciemment trop pour le laisser entendre. S'était-il passé quelque chose entre les deux ? Kuroo n'avait pourtant pas tout raconté à Tsukishima, laissant à Kageyama le choix de lui confier ou pas, pour son couple. Peut-être le passeur l'avait-il fait, et s'était montré un peu trop honnête quant aux comportements d'Oikawa. Dans tous les cas, il devait apaiser ça avant que son colocataire et son petit-ami ne se mettent à se détester.

L'occasion lui fut donnée dans le métro, où il s'arrangea pour lancer une discussion qui intéresserait les deux à coup sûr, un truc de science qu'il avait lu vite fait dans un journal universitaire. Tsukishima et Oikawa semblèrent finalement reconnaître leur intelligence commune au terme du trajet, et il n'y eut plus de petite phrase déplacée, au grand soulagement de Tetsuro.

Ils entrèrent dans le bar, et n'avaient pas encore atteint le comptoir que plusieurs joueurs convergeaient vers eux en reconnaissant Tsukishima. Après tout, tous les anciens de Miyagi se devaient de le connaître, et après trois années de Nationales consécutives, son nom avait pour beaucoup fini par rester ancré. Kei n'était pas du genre à aimer se retrouver dans un cercle, mais revoir tant de visages sembla lui faire plaisir, et Kuroo le laissa discuter pour aller s'accouder au bar, prenant soin de lui garder une place pour plus tard.

Oikawa s'assit de l'autre côté, et Kuroo arqua un sourcil : Kageyama se trouvait un peu plus loin, autour d'une table avec son équipe. N'allait-il pas le saluer ? Le passeur sentit son regard peser sur lui, mais se contenta de lui tirer la langue :

-Ça va aller, Kuroo-chan.

Il fit jouer l'éclairage du bar sur l'écran de son téléphone, et envoya rapidement un message, que Kuroo lut par-dessus son épaule :

Moi, 21 : 37 : « Je suis au bar »

Mais Kageyama n'avait pas trop l'air de regarder son téléphone, pas plus que le bar d'ailleurs, tout occupé à expliquer quelque chose à un de ses coéquipiers –et vu la passion sur son visage et les mouvements de ses mains, c'était probablement une stratégie de volley-ball. Kuroo se contenta de sourire, puis se détourna pour passer commande.