Chap7.3 Avec la bête alentour

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Le lourd portail de fer grinça doucement sur ses gonds lorsqu'Hermione s'avança dans le vaste parc d'Horace Slughorn. D'énormes rosiers scintillaient doucement dans la lumière de la fin du jour, et la jeune femme releva son col en sentant l'air froid la prendre à la gorge.  Elle attendait Drago, il aurait dû être là depuis longtemps. Avait-il changé d'avis ? La laissait il seule pour cette mission ? Avait il été intercepté ?

Ses pensées se tûrent lorsqu'une main ferme lui empoigna l'épaule.
Elle se retourna dans un souffle, baguette à la main. C'était lui.
Il la dévisagea de son habituel air ennuyé.
" Ta surveillance faiblit, Granger" murmura t'il.
"Je ne t'ai pas entendu venir" repondit elle, portant la main à  son col comme pour se donner une contenance

" C'est bien ce que je dis", il désigna la maison d'un signe de tête. "Tu es bien sûr qu'il y est ?"
Hermione acquiesca, ses yeux gris braqués sur elle la rendait mal à l'aise et la lumière du couchant l'auréoleait d'une couronne sanglante.

Ignorant la gêne qu'il lui causait, Drago s'assit au pied de la  haie de rosiers qui encadrait la porte.

"Qu'est ce que tu fais ? Relève toi,on y va maintenant"siffla la Gryffondor.

Il lui lança un regard paisible et secoua la tête  en étirant ses longues jambes avec un mouvement félin.

"On attendra qu'il fasse nuit Granger, il aura moins de chance de nous confondre avec un rosier. Et nous plus de le semer si ça se passe mal. Les ténèbres travaillent pour nous"

"Ça, c'est toi le spécialiste" rétorqua la jeune femme dans un grondement acerbe.

Il lui lança alors un regard si aigu, si vif qu'elle recula, se griffant le dos au rosier qui l'ensserrait. Mais les épines qui gardaient captive la chair de son dos la génèrent moins que ce long regard  qu'il lui adressa. Longtemps, jusqu'à ce qu'elle baisse les yeux  et contemple le soleil s'eteindre sur ses mains.

Il faisait sombre à présent et l'étoile du berger s'élevait tel un phare dans la nuit.

"C'est l'heure" murmura Drago, Hermione porta la main à son col pour la énième fois.

"J'ai froid" pensa t'elle

"Moi aussi"

" Quoi?mais qu'est ce que... Je t'interdis de regarder dans ma tête"
Elle se prit les pieds sur une dalle de pierre, la mousse étouffa le bruit et la main de Drago la happa au vol.

" Alors ferme la porte" lui dit il, un sourire en coin sur son visage.

Ses cheveux etaient d'un blond si pâle qu'elle le voyait s'enfoncer dans la nuit.

Ce n'est pas possible d'être blond à ce point là

"Je t'ai dit de fermer la porte, Granger" fit la voix.

Hermione n'eut pas le loisir de repliquer, ils étaient arrivés devant la porte de Slughorn.

"Mets toi derrière moi, souris, pense à de gentilles petites choses insignifiantes et pas à la mission. Vu tes dons en occlumencie, si tu as le  malheur d'avoir ne serait ce que l'ombre d'une pensée, c'est fichu. Compris Granger ?"

"Mais tais toi il pourrait nous entendre" murmura t'elle.
Au regard qu'il lui lança et à son doigt sur la tempe, elle comprit qu'il s'etait infiltré dans sa tête.

"Sale type" pensa t'elle.

Elle le vit sourire lorsqu'il appuya sur la sonnette.

Des pas pesants se firent entendre et le vieil Horace entrouvrit la porte.
Il était vêtu d'un peignoir en velours et ressemblait à un phoque emmitouflé dans une couverture.
Lorsque ses yeux aperçurent Drago la porte s'entrebailla davantage et elle fini par s'ouvrir toute grande lorsqu'il vit Hermione.

"Hermione, Drago ! Quelle  bonne surprise, mais que me vaut l'honneur ? Un samedi ! Mais j'en oublie mes bonnes manières,entrez donc !"

Il parlait d'une voie joviale et chuintante, comme s'il mastiquait l'air de ses bajoues. Hermione se forçait à penser à des inepties, la couleur de la porte, les bibelots, la tapisserie de velours vert.
Décidément, Slug aimait beaucoup le velours.

D'une large main dodue, Horace les invita à prendre place dans le petit salon, et la jeune femme jeta un coup d'oeil à Drago. Il adressait un grand sourire au professeur, et s'enfonçait dans les coussins moelleux d'un immense fauteuil.
Hermione était nerveuse, la discrétion  n'était, décidément, pas son fort.

"Professeur, excusez moi,puis je m'absenter un instant au toilettes ?"

"Mais bien sûr ma jeune amie, la première sur votre gauche dans le couloir"

Elle se félicita d'être aussi nerveuse, cela lui donnait une bonne raison de s'eclipser et de se mettre à chercher.

"Bien joué Granger, je te couvre" la voix de Drago s'insinua dans sa tête.

Le couloir était lui aussi recouvert de velours, mais d'un lamé argenté cette fois qui rappelait les couleurs de Serpentard. L'espace d'un instant elle s'imagina Mc Gonnagal sirotant un thé dans un enorme salon couvert de rouge et or, elle se prit à sourire. Le temps qu'elle entrouvre la seconde porte, une chambre d'amis noyée dans la pénombre, peu meublée et vide de tout objet digne d'intérêt.

L'examen des autres pièces ne lui réussit pas plus  et elle dût s'avouer bredouille. Il fallait qu'elle explore l'autre partie de la maison. Mais pour cela il lui fallait revenir auprès de Slug et de son accolyte.

"Et c'est là que je lui ai dit que je connaissais justement Miss Grestig, qui officie maintenent comme maitre des potions curatives à Sainte Mangouste. Ah ! Mais revoilà notre chère amie ! Drago m'a expliqué le pourquoi de sa visite, et la vôtre Hermione ? Que me vaut l'honneur?"
Il se resservit d'Armagnac et la regarda en souriant, son verre à la main.

"Eh bien je n'arrive pas à concoter une potion, Monsieur"

Ne pas flancher, ne pas paniquer,ne pas flancher, ne pas paniquer. Trouver un nom, vite

"Le philtre de paix" conclut elle

"Mais vous l'aviez pourtant prise comme potion lors du cours libre du mois dernier "

Une lente sueur la recouvra, et avec elle l'odeur de la peur.

" Ah non, ce n'était pas celle là, euh je dois avoir son nom dans mon sac, oui, dans mon sac, il est... il est... dans les toilettes"

Ne pas faire échouer la mission,ne pas faire échouer la mission.

"Vous n'aviez pas de sac, Miss Granger..." Sa grosse main se figea sur le verre et elle sentit un souffle pénétrer son esprit.
Mais ce n'était pas Drago, c'était douloureux et étranger.

Non, non pas ça

Elle entendit "Stupefix" suivit d'un boum sonore et rouvrit les yeux, Horace était étendu de toute son imposante largeur sur le tapis.

"Merci" murmura t'elle, coulant un regard vers Drago.

"Évite d'avoir trop à me remercier, je ne pourrais pas toujours te sauver la mise. Allez, je l'oubliete et je te rejoins. Moins je traînerai ici, moins j'aurais à te supporter"

Elle haussa les épaules mais ne pût s'empêcher de ressentir de la gratitude pour lui.

Elle entendit Drago formuler le sort tandis, que la main sur la poignée, elle decouvrait la chambre de Slughorn, recouverte de bibelots, livres et objets en tout genre.

"Voilà qui s'annonce mieux"

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