Harvard Confidential (Harper + Ella)

Chapitre 4 ➳ Ella

Faire face à tous ces sentiments qui m'assaillent en même temps me blesse au cœur.

Harper, que j'ai abandonné sur le campus, me regarde avec tristesse. Et c'est moi qui suis responsable de cela. De sa peine et de sa colère. Je me déteste un peu de provoquer de tels sentiments chez lui, pourtant, je reste figée dans le hall de mon dortoir.

Fragile et indécise, je pose la main sur la poignée de la porte de sortie et j'hésite. Courir vers lui pour lui pardonner ses secrets, ou me cacher dans ma chambre pour me protéger du monde entier.

Je suis si fatiguée, si lasse, en cette fin de journée, que je prends la mauvaise décision. Je me détourne, m'adosse au mur le plus proche et je soupire longuement pour éviter de m'effondrer.

Aujourd'hui, aux côtés d'Harper, je me suis sentie revivre. Après des années de solitude, d'isolement, j'ai pris plaisir à parler jusqu'à ce que ma voix s'éraille, j'ai adoré lui raconter tout de ces livres qui sont mes préférés. Et j'ai découvert qu'il adorait la lecture, lui aussi. Nous avons un amour pour Shakespeare en commun, ça m'a plu. Ça m'a fascinée.

Mais pour l'instant, je veux juste être seule. C'est mon unique façon à moi de guérir, de cicatriser de tout ce qui m'a blessée. De tout ce qui m'a entaillé la peau.

Bien décidée à rejoindre ma chambre, je lève lentement les yeux pour admirer enfin les lieux, que j'ai quittés trop rapidement ce matin. Je me trouve dans un hall immense, tout en marbre blanc, et lumineux. Au plafond, un grand lustre royal est illuminé de dizaines d'ampoules en formes de gouttes. La richesse de ce rez-de-chaussée m'impressionne, même si j'ai vécu toute ma vie dans un manoir élégant.

Face à moi, les escaliers qui mènent aux étages sont munis d'une rambarde en bois clair. Je m'y dirige, et monte au troisième étage, le mien.

La porte de la toute première chambre est ouverte, et une étudiante aux cheveux noirs et courts me sourit furtivement.

— Bienvenue. Je m'appelle Julia, et je suis ta référente pour cet étage. Si tu as la moindre question, le moindre souci, n'hésite pas à venir me voir.

— Merci, bafouillé-je en baissant les yeux.

Je file jusqu'au fond du couloir. Les portes sont peintes dans un bleu royal magnifique tandis que les murs sont couverts d'une tapisserie pleine de grandes arabesques élégantes, comme si nous nous trouvions dans une suite du Château de Versailles.

Par chance, ma chambre si situe tout au bout du couloir, ce qui fait que je n'aurais de voisine que sur un côté. J'ai donc collé mon lit à l'opposé du mur mitoyen au cas où je me trouve près de quelqu'un de bruyant.

Quand j'arrive à ma porte, j'entre la clef dans la serrure et j'ouvre rapidement, impatiente d'être enfin dans mon chez moi, quand j'entends soudain une voix douce derrière moi.

Je me retourne lentement, et j'aperçois une fille de dos, un téléphone à la main, en train de se lamenter. Vêtue d'une robe estivale très jolie, en nuances de bleu et ponctuée de petites fleurs blanches, elle danse d'un pied sur l'autre avec nervosité.

Je m'en veux un peu de l'espionner, pourtant je n'arrive pas à détacher mon regard d'elle. Sa voix est apaisante.

— J'ai besoin d'argent, maman. Ma bourse ne me permettra pas de faire mes achats courants si je n'ai aucun revenu à côté. Je t'en prie... Bien sûr que je ne vais pas devenir strip-teaseuse, tu es ridicule ! Non ! Je t'interdis de dire les mots sugar daddy, c'est dégoûtant ! Tu m'agaces... Je raccroche, je te préviens !