Chapitre 5 ➳ Harper

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Connaissant Mia – même si ça ne fait qu'un jour que nous nous sommes rencontrés – je sais que je dois me lever tôt si je veux la voir avant le début des cours. J'ai déjà bien saisi sa personnalité. Elle est studieuse, ponctuelle, travailleuse et a l'air d'aimer un peu trop les cours à mon goût. Il faudrait qu'elle me dise comment elle fait, parce qu'honnêtement, tout le blabla des profs m'a, pour ma part, un peu ennuyé. Bon d'accord... Beaucoup ennuyé. Du moins, pour le peu que j'aie écouté.

Je m'étire langoureusement dans mon lit, un petit sourire sur le visage en pensant au fait qu'elle fait peut-être la même chose, à cette heure-ci. Mais soudain, un nerf se pince dans ma jambe et je me mets à grogner comme un animal. Bon sang, pas aujourd'hui ! Je n'ai pas envie de gérer les douleurs pour le deuxième jour de classe. Après une soirée mouvementée, hier, entre l'aménagement de ma chambre et la discussion avec mon frère en haut-parleur jusqu'à pas d'heure, je suis claqué et courbaturé. J'ai voulu me prouver que je pouvais vivre seul avec facilité, et j'ai bougé mes meubles sans prendre en compte que je n'avais plus fait de sport depuis une éternité. Mon corps se rappelle à moi, et je me lève lentement, en me demandant si je n'aurais pas dans les cent onze ans, dans le fond.

Je vide d'un trait la petite bouteille d'eau, sur ma table de nuit, croquant une petite pilule blanche au passage et mes courbatures disparaissent enfin.

L'heure filant à toute vitesse, je m'habille rapidement après une douche express, choisissant un pull tout simple et un pantalon de marque, pour terminer par une paire de tennis en toile bleu foncé. C'est à la fois élégant et détendu, exactement ce que je cherchais. Je ne veux pas passer pour un gosse de riche devant Mia qui est toute simple et magnifique juste comme elle est.

Dans sa chemise sans fioriture, à peine maquillée pour rester le plus naturelle possible, elle m'a fait un effet renversant. Les écoles prestigieuses où j'ai étudié, précédemment, ne m'ont jamais permis de fréquenter quelqu'un comme elle. Quelqu'un qui ne se cacherait pas derrière un masque ou des fringues qui crieraient « mes parents sont plus riches que les tiens ».

J'attrape le petit paquet cadeau que j'ai acheté pour elle hier soir, et je le glisse dans ma poche avant de sortir du dortoir et de courir pour atteindre la grande rue près du campus.

Je n'ai pas pris ma veste, parce que les journées sont encore chaudes, mais ce matin, il fait frais. L'automne arrive à toute vitesse. Il se remarque dans ces petits changements infimes autour de nous. Les feuilles qui rougissent dans les arbres, avant de tomber en tournoyant. Le vent qui se fait de plus en plus piquant. Les jupettes de filles qui se soulèvent à cause de lui, d'ailleurs.

J'entre dans la première boulangerie qui croise ma route, passe ma commande, puis je retourne tranquillement à Harvard.

Je pénètre dans le hall du bâtiment des filles, un peu intimidé par le luxe et les rires que j'entends dans les étages, mais je le trouve déserté. J'installe alors mon paquet sur la table basse, dans le grand salon en face des escaliers de marbre, et je m'installe sur un fauteuil presque royal, en brocard bleu et aux boiseries dorées.

Attrapant mon téléphone dans mon sac à dos, j'envoie un petit message à Mia pour lui dire que j'ai hâte de la revoir, et bien qu'elle le voie, elle n'y répond pas. Je m'en serais douté...

La sensation de trahison qu'elle a dû ressentir hier, quand elle m'a vue avec Aspen, m'a angoissé toute la soirée. Je me sens coupable de ne pas lui avoir dit que je la connaissais, et c'est un peu comme un mensonge qui pèse entre nous à présent. Pourtant, Aspen et sa bande ne représentent plus rien à mes yeux depuis longtemps, déjà. Ils sont de vagues connaissances avec qui j'ai évolué, mais de qui je me suis éloigné. Pour mon bien.

Harvard Confidential (Harper + Ella)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant