Chapitre 16

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« Les étoiles n'ont leur vrai reflet qu'à travers les larmes »

-Vladimir Nabokov

Cléophée recula, surprise, et leva la tête, se demandant qui pouvait bien lui parler. Elle n'avait pas envie de bavarder en ce moment ; elle voulait seulement être seule.

- Qui est là ? demanda-t-elle en essuyant ses yeux afin de mieux voir qui lui adressait la parole.

Les Syrès d'Arbollis avaient-ils le don de se rendre invisible ? La voix lui avait semblé si près.

- Arbel, répondit la voix. Je suis une Imit'his.

C'est alors que Cléophée vit un visage apparaître dans le tronc de l'arbre devant elle. C'était apparemment une femme, bien que l'écorce cache la majorité de ses traits.

- Vous êtes un esprit des arbres ? s'étonna Cléophée. Jamais vous ne vous manifestez !

- Habituellement, jamais personne ne me percute de plein fouet. Et ne pleure autant que toi.

Un autre visage se manifesta juste à côté de celui d'Arbel.

- Mon sommeil a quelque peu été perturbé par ton cri, fit l'autre visage. Je suis Arbez, pour te servir.

L'Imit'his représentait un homme souriant qui n'avait pas l'air du tout dérangé d'avoir été tiré de son repos.

- Cela fait des milliers d'années que nous n'avons pas discuté avec un Syrès, ajouta-t-il. J'ai bien envie de savoir ce qui s'est passé depuis. Les autres cités existent-elles encore ?

Cléophée opina.

- Il y en a même une de plus qui s'est ajoutée, précisa-t-elle. Ses habitants sont des Semi-Syrès.

Des exclamations incrédules se firent entendre derrière elle et, en se retournant, la jeune fille se rendit compte que d'autres Imit'his s'étaient manifestés.

- C'est une excellente idée, fit un esprit de l'arbre. De qui vient-elle ?

- De Morad, mon...fiancé, répondit Cléophée en essayant de réprimer une grimace, ce qui n'échappa pas aux Imit'his.

- Si je comprends bien, commença Arbel, il est la raison de ton chagrin.

- Il m'a caché la vérité, dit la jeune Syrès. Je pensais qu'il m'aimait pour ce que je suis, mais c'est seulement parce qu'il croit qu'il a retrouvé l'âme de son ancienne amoureuse.

Un silence s'installa dans la forêt. Pas un bruissement de feuille ne se fit entendre, ni même un chant d'oiseau.

- Tu es une seule et unique personne, dit enfin un Imit'his, et Morad sait certainement qu'une âme évolue. Je ne crois pas qu'il s'attendait à te retrouver telle que tu étais plusieurs siècles auparavant. Tu as changé et tu n'es plus Donoma, mais une autre, et c'est cette autre personne qu'il aime.

Il disait peut-être vrai, mais Morad lui avait quand même caché quelque chose de très important, et c'est ce qui l'attristait le plus.

C'est en grande conversation avec les Imit'his que Morad trouva enfin Cléophée. Il en resta pantois. Les arbres autour d'elle lui parlait comme à une grande amie.

- Décidément, cette fille est remplie de surprises, se dit Morad en tournant les talons.

Il devait trouver le Roi Bahr et le ramener pour qu'il voie lui-même ce prodige.

La Saga des Syrès : Dévastation ( tome 3) (TERMINÉ)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant