Sommeil Noir [ TERMINÉ ]

3

Tout s'paye, ne l'oublie pas. La naïveté dans son bonheur. La vérité dans sa douleur.

-Bonjour, lançais-je à mon patron, de bonne humeur.
Louis était un humain de 70 ans. Il ne faisait pas du tout son âge et conservait encore toute sa jeunesse. C'était le patron de l'endroit où je travaillais.

Ce soir, j'étais étonnée. En effet, il y avait un monde fou.

Enfin, comprenons nous bien, il y avait une vingtaine de personne mais c'était énorme. Normalement, on avait une dizaine de clients dans toute la soirée.

J'interrogeais Louis du regard.
-Tu sais, j'ai fait installer une télé il n'y a pas longtemps et ce soir, tout le monde est venu écouter l'annonce de l'alpha suprême.
-Quelle annonce?
-Voyons Rebecca, tu vis dans une grotte? L'alpha est en ville et cherche son âme-soeur! Il ne l'a pas encore trouvé et s'impatiente. Même si je hais cette espèce, il me fait de la peine. Il a 24 ans et cherche toujours la femme de sa vie. Le pauvre.

Sonnée, je ne répondis rien. J'éprouvais même un peu de compassion. Il devait avoir une vie bien terne sans elle.

Mais bon, il y avait plus important pour le moment: aller servir les clients. Il y avait beaucoup de gens, certaines filles déçues qui commandaient de l'alcool pour noyer leurs peines.
Être l'âme-soeur d'un loup signifiait sortir de la pauvreté et la crainte. Alors être celle de l'alpha suprême devait mener tout droit à une vie de luxe.

Je servais les deux bières aux garçons assis à une table, puis me dirigea vers le comptoire. La foule commençait à s'agiter. L'alpha allait parler. Au moment où j'allais regarder, on m'appela au fond. Fais chier.

Gardant mon air poli, je pris les commandes et me dirigea vers la cuisine, et, accessoirement, la télé.

Mais son discours, qui avait dû être très bref, était déjà fini.

Tant pis.

Je demanderai à Louis de me raconter le tout plus tard, pour le moment j'avais des clients à servir.

***

Il était 1h10 du matin et je rentrais chez  moi. Je devais normalement finir vers 23h30 mais les clients ne partaient pas, et ils étaient tellement rares en temps normal qu'on ne pouvait pas de permettre de les mettre dehors et cracher sur de l'argent supplémentaire.

Alors on est restés, moi et Louis, et on a bossé jusqu'à ce que tout le monde parte de son plein gré.

Je suis donc actuellement seule, en train de rentrer. Louis habite l'étage au-dessus de son commerce.

Moi, j'habite à 10 minutes de là.
Pas très loin en somme, pourtant, là tout de suite, j'ai un mauvais pressentiment. J'accélère la cadence lorsque j'entend une branche se casser derrière moi. Quelle idée de passer par la forêt à cette heure! Mais le chemin par la ville est beaucoup plus long et oblige à faire une gros détour et demain, j'ai cours, donc je me lève tôt.

Une deuxième branche craque.

Cette fois, je commence à courir. L'adrénaline prend possession de mon corps.

Mais la personne derrière moi est un loup. Évidemment.
Quel humain censé se promène en pleine nuit dans une forêt? Aucun bien sûr.

J'accélère encore mais je n'ai aucune chance. Un imposant loup brun fond sur moi et me fait tomber à terre.
A califourchon sur moi, le loup se transforme en humain.

-Alors ma jolie, qu'est-ce que tu fais toute seule ce soir?

Je ne répondis rien et j'essayai de me libérer. Ce genre de mec lourd, je connais.

Il se moqua de moi et fis pression sur mon corps avec le sien. En effet, c'était perdu d'avance. Sa force était décuplée et je m'étais fait mal à la cheville en tombant, réduisant encore plus mes chances déjà maigres de m'en sortir.

Acceptant mon sort, j'arrêtais tous mouvements espérant qu'il me laisse tranquille.

Mais le loup commença à déboutonner son jeans et me toucher. À cet instant, je commençai à prendre peur.

Non il n'allait pas faire ça?
J'avais déjà 19 ans, pourtant j'étais encore vierge. Et oui, je refusais de donner mon corps à n'importe qui et pour dire vrai, je n'avais pas eu beaucoup de copains.

Prise de panique, je recommençais à me débattre en hurlant au secours.
Aucun loup ne viendrait défendre une humaine mais je devais tenter le tout pour le tout.

C'est à ce moment que je l'aperçu. Un gigantesque loup noir caché derrière un arbre. A l'instant où mes yeux croisèrent les siens, j'eus l'impression que le monde arrêta de tourner.

Non, pitié, dites moi que je me trompe.