1. Prélude De La Sirna

1.2K 120 314
                                    

Amarcam, huit mois en arrière

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Amarcam, huit mois en arrière.

Makayla

​De là où je suis, perchée sur le toit de l'étable, je peux observer mon village qui occupe toute la vallée qui est en contrebas. Au paysage verdoyant s'ajoute une ligne bleue qui zigzague. Le cours d'eau slalome entre les habitations et s'allonge jusqu'à la frontière de ma vue. Les nombreuses maisons, construites rudimentairement avec les matériaux de base, commencent peu à peu à devenir des points de lumière. L'obscurité ne va pas tarder à poindre.

De loin, les gens ressemblent à une multitude de fourmis, toutes plus agitées les unes que les autres, et cette effervescence me semble encore plus insupportable que celle des années précédentes. Je reconnais que je crains l'atmosphère de fête qui commence à s'installer dans le royaume. Le peuple s'adonne à la décoration des rues dans une gaieté et une ambiance si joviales que j'en ai le vertige. Pour me rappeler que je n'ai pas de raison d'avoir peur, j'ai fait un tour au temple afin de prier et contempler les gravures sur les murs.

Bien évidemment, le prix du transport pour rejoindre la ville aurait épuisé mes économies, alors j'ai trompé la vigilance de papa et j'ai réussi à m'échapper avec Minky. Elle a trotté sur les chemins praticables, s'est reposée, m'a attendue dans un coin d'herbe pâturée puis nous avons emprunté une autre route pour qu'elle puisse galoper lors de notre retour. Somme toute, j'ai disparu pendant trois heures si mes calculs sont bons et je vais me faire engueuler, mais ça en valait le coup.

À présent, je suis sereine. Ces dessins esquissés d'une main experte dans les briques du temple m'ont distraite et apaisée. Ils racontent le parcours de mon peuple à travers le temps, et j'ai fini par les connaitre de mémoire. Les erreurs des générations passées sont gravées dans les murs de ce lieu sacré. Si les amarcamiens veulent faire la fête au lieu de résoudre les problèmes qui minent leur quotidien, alors quitte à eux : je ne me sens pas concernée par l'évènement qui approche et je n'ai pas besoin de ce rituel annuel pour rencontrer mon âme-sœur.

Je bondis sur mes jambes, époussette ma salopette et noue mes cheveux en chignon. Je saute ensuite du toit de l'étable, remonte l'allée qui mène à l'arbre où j'ai attaché Minky, la libère et la guide vers son box. Je caresse sa robe d'un marron parsemé de noir en amorçant un énième monologue avec elle.

— J'ai envie de vomir, Minky, lui avoué-je en envoyant valser un caillou. Tous ces prolétaires qui s'excitent à l'approche de la Sirna... Beurk. Beurk. Beurk.

Cette pratique est une tradition depuis des temps immémoriaux, mais aussi une occasion de changer de statut social. Les rues deviennent instantanément plus colorées, la musique est jouée avec quelques décibels en plus et chacun investit ses dernières pièces dans des vêtements en soldes pour être présentables. Il consiste essentiellement à faire défiler une catégorie de personnes devant les personnalités les plus riches et respectées du royaume, comme de la marchandise. C'est comme ça que les bourgeois trouvent leurs âmes-sœurs.

AU PÉRIL DE MA MORTOù les histoires vivent. Découvrez maintenant