Sauve moi de moi-même

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ATTENTION!  Auto mutilation et symptômes de dépression sont présents dans ce chapitre. Si vous n'êtes pas à l'aise avec ces sujets ne lisez pas! Bonne lecture.

***

Une fois de plus, Natasha se retrouve debout à 3 heures 30 du matin, tremblante. Elle avait pourtant juré les avoir battus. Mais comme à chaque fois qu'ils semblent avoir disparus, ses démons sont revenus avec encore plus de force. Elle n'a strictement aucune idée de comment ils fonctionnent. Parfois, un mois peut s'écouler sans leur apparition. Des fois, c'est seulement quelques jours. Cependant, ça fait désormais la cinquième nuit d'affilé qu'ils hantent Natasha et l'espionne commence sérieusement à être fatiguée mentalement. Elle en a marre de lutter, lutter pour échapper à un passé qui ne cesse de la pourchasser et la rattraper. Elle est fatiguée et elle a mal.

Les hurlements de son cauchemar résonnent encore à ses oreilles. Elle ferme les yeux et tente de faire fuir les voix, en vain. Ils sont des échos tortueux dans son esprit. Elle se dirige vers le balcon, encore tremblante et ouvre la baie vitrée. Elle sort sur la terrasse et assoit sur le fauteuil, se recroquevillant. Regardant la ville, elle ne peut s'empêcher de se demander combien de vies s'étendant sous ses yeux elle a brisée. Combien de famille elle a déchirée. Combien de maris ne rentreraient jamais chez eux par sa faute. Tout ce rouge, tout ce rouge qui s'écoule devant ses yeux, dégoulinant sur ses mains et se déversant comme un torrent furieux dans les rues de la ville.

Elle ravale les sanglots qui lui montent à la gorge. D'habitude, quand ses démons reviennent, Steve est là pour les affronter avec elle. Elle ne sait pas pourquoi, mais ils semblent avoir peur de lui. Quand il est là, ils sont moins forts et s'en vont plus facilement. Dès qu'il la sent trembler dans son sommeil, il la prend instinctivement dans une étreinte chaude et réconfortante. Instantanément, elle se calme et peut finir sa nuit sereinement. Et les rares fois où elle cauchemarde quand même et se réveille, il reste debout être elle jusqu'à ce qu'elle se calme, lui préparant un chocolat chaud en lui racontant des blagues ou des aventures de lui et bucky. Seulement voilà, Steve est parti pour une mission d'un mois voilà déjà trois semaines de cela et n'est pas sensé rentrer avant cinq jours. Et il lui manque sérieusement.

Un frisson parcourt son corps et elle enfouie son visage dans le creux de ses genoux. Ses nuits agitées sont un des rares moments où elle se sent vulnérable et elle déteste ça. Black Widow n'est pas censée être faible, jamais. Elle doit lutter, lutter pour survivre et se relever. Mais son cœur est fatigué. Fatigué de se battre contre un monstre qu'il ne peut pas vaincre. Elle le sent, il est caché, enfouie au plus profond de son cœur, attendant chaque fois son heure pour grandir et l'attaquer quand elle s'y attend le moins. Il part de son cœur, s'étend ses tentacules le long de sa cage thoracique, enserre sa poitrine et l'empêche de respirer. Il lui monte à la tête, n'apportant que tristesse et finit par la paralyser totalement, la laissant sans défense. Plus fort à chaque passage. Plus long à chaque passage. Sans pitié, il lui écrase le cœur et les sentiments qu'elle a mis si longtemps à s'autoriser à ressentir. Indigne de confiance. Solitaire. N'en vaut pas la peine. Voilà ce qu'il lui murmure à chaque fois. Et au fond, Natasha sait qu'il a raison, qu'elle ne pourrait jamais effacer sa dette. Elle regarde ses poignets, relève ses manches et parcourt de ses doigts les fins traits blancs qui inondent sa peau délicate. Ce sont les rares cicatrices qui ne viennent pas de la Red Room ou de missions, les rares qu'elle s'est infligée elle-même. Quand Steve n'est pas là, elle ne contrôle plus rien. Il ne le sait même pas. Elle les a camouflée avec de longues manches jusqu'à cicatrisation. Après,plus rien ne les distinguaient de ses autres blessures alors elle a juste fait comme si de rien n'était.

Son corps tremble de plus en plus. Elle serre ses bras autour d'elle comme pour se protéger et enfonce ses ongles dans ses bras. Elle peut le faire, elle peut lutter, elle peut- Elle ne peut plus respirer. Le monde autour d'elle s'efface et elle est de retour dans la Red Room. Elle lève son bras et tire encore et encore, dans la cible qui se trouve à 25 mètres en face d'elle. Pas une seule balle ne manque sa cible. Parce que c'est ce qu'elle est. Un assassin. Une arme fatale. Un poison mortel.

Romanogers One-ShotsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant