Romanogers One-Shots

Une larme sur le sol

On n'entend rien dans le labo. Pas une mouche, pas un bruit, rien. Dans l'obscurité quasi totale, une silhouette se distingue vers le fond de la pièce. Assise en tailleur sur un bureau, Natasha lit en silence le papier que Jarvis vient de lui transmettre. Au fur et à mesure qu'elle continue à lire, son visage se décompose lentement. Rage, douleur, profond chagrin. D'un geste brusque, elle jette le papier et court à la fenêtre. Elle a besoin d'air. C'est comme si une centaine de personnes l'entouraient soudainement, l'opprimant.

« Je suis terriblement désolé Mademoiselle Romanoff.... »

Nat s'assoit et presse son front sur le verre froid.

« C'est moi. Je suis désolée de ne pas avoir été assez forte.... »

« Ce n'est rien. Vous n'avez pas besoin d'être forte tout le temps. »

Nat sourit un peu. Et voilà que maintenant Jarvis agit comme un psychologue... Elle doit être vraiment perturbée. Inclinant le menton vers le bas, elle regarde la belle ville qui s'étend sous ses yeux, des milliers de belles lumières qui brillent dans la nuit. Peut-être - pense-t-elle - peut-être que l'une d'entre elles est lui. Comment pouvait-elle penser que tout irait bien ? Comment pouvait-elle penser qu'elle aurait la chance d'être heureuse pour une fois dans sa vie ? Elle aurait dû savoir que ce bonheur serait temporaire. Ça a été comme ça toute sa vie, pourquoi ça serait différent cette fois? Des milliers de lumières se reflètent dans le ciel et pourtant Natasha a si froid, seule dans la grande pièce vide. Elle sent un énorme trou s'ouvrir dans son cœur et elle est bien trop consciente de la douleur indicible qui hurle dans sa poitrine.

Nat ne sait pas combien de temps elle reste ici, à regarder la nuit. Au bout d'un moment, elle se lève. Elle doit changer d'air. À tout prix.

« Jarvis, déverrouille le jet s'il te plaît. J'ai besoin de sortir d'ici. »

« Est-ce que ça ira ? »

« Il le faut bien. Je ne peux pas me laisser distraire. »

Alors que Nat s'habille dans sa combinaison noire, Jarvis ne dit pas un mot. Mais il est là depuis assez longtemps pour dire que ça ne va pas. Le visage de Nat en ce moment, ce visage, Jarvis ne l'a jamais vu avant. Parce qu'au fond de lui, il sait. Jarvis sait que tout ce que Nat fait, les missions, les blagues, c'est pour cacher la tristesse qui la poursuit depuis tant d'années. Il n'a beau n'être qu'un programme, c'est son devoir de s'inquiéter des Avengers.

Dans sa tenue de cuir, Nat ramasse le papier qu'elle a jeté et commence à le brûler avant de le jeter à nouveau.

En le regardant brûler, elle chuchote :

« Je suis vraiment désolée Steve.... Je suis désolée de ne pas avoir été celle dont tu avais besoin»

Puis elle tourne le dos aux flammes et commence à marcher jusqu'à la porte. Bientôt, il ne reste plus que les cendres. L'image a disparu, ainsi que la phrase qui l'accompagne. Mais Nat s'en souviendra toute sa vie. Elle ne pourra pas l'oublier, Jarvis en est certain. Parce que Jarvis a vu le papier. Il a vu la photo de Steve et Sharon, main dans la main, tous deux souriants. Il a vu la phrase " Vous êtes invités au mariage !" Ecrite en blanc. Il sait que rien ne peut réparer ce qui vient d'être brisé. Il sait que rien ne sera plus jamais pareil.

Et juste avant que Nat ne s'en aille, une larme tombe sur le sol.