(L)ivresse

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(L)ivresse

Les Putains D'Archanges

Crowley, adossé à sa Bentley, poussa un couinement déchirant. Cela faisait bientôt une demie heure qu'il était garé là, devant la librairie/stockage de livre d'Aziraphale, à attendre que ce dernier aie fini de ranger ses bouquins.

Lassé, il se décolla de sa voiture et avança en grognant jusqu'à la porte. Verrouillée. Il claqua des doigts et la porte s'ouvrit. Aziraphale devrait mieux fermer les portes.

Il fouina dans la boutique, cherchant l'ange mais ne le trouvant nulle part.
Il fini par pousser une petite porte et se trouva face à un spectacle étonnant.

Aziraphale tentait de se coiffer, sa chemise encore ouverte. Il n'avait pas encore vu Crowley.

Crowley qui détaillait le torse du blond, les joues légèrement rouges. Il songea que son embonpoint le rendait définitivement sexy a se damner (une deuxième fois, concernant le démon).
- Mon ange, qu'est-ce que tu fais ?, marmonna Crowley.
Sous ses lunettes de soleil, ses yeux fixaient le corps pâle d'Aziraphale.
- Oh, Crowley, paniqua l'ange.

Sa chemise blanche se boutonna comme par magie.
- Nan, c'est bon mon ange. Tu peux laisser tout ça ouvert, fit Crowley en désignant la chemise.
- Crowley !
- Ça va, je rigole.

(Il ne rigolait pas tant que ça, en fait)

- Tu faisait quoi ?
- Oh, murmura Aziraphale. Et bien, tu sais... toi tu es toujours tellement classe... et moi je suis... et bien, moi.

Crowley ne trouva rien à dire tant ce qu'Aziraphale lui disait lui semblait absurde.
- Mon ange, tu es magnifiquement toi.

Les joues d'Aziraphale rosirent.
- Merci.
- Allez, met ton nœud papillon, je t'emmène manger au Ritz. Et après on se met une mine.
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Crowley ne pouvait pas sortir de son esprit la vision du torse pâle d'Aziraphale. Ni, d'ailleurs, sa langue rose et pointues qui léchait sa glace à la vanille.
- Ta glace te fond sur les doigts, mon cher, rit l'ange.
- Merde !
Aziraphale leva les yeux aux ciel avant ce casser un petit bout de son cornet de glace pour le jeter aux canards.

Crowley jeta sa glace par-dessus son épaule et tapa dans ses mains.
- Bon ! Et la mine que je t'ai promise ?
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- Nan, j'te... j'te jure que l'mec là... dans l'truc où c'est qu'on vend l'alcool...
- L'bureau de l'alcoolisme ?, tenta Aziraphale, les joues rouges et les cheveux en bataille.
- La ferme, on s'en branle ! Toujours est-il que... que ce mec... il me regardé bizarre. J'te jure... il me draguais !

Crowley, avachi sur un fauteil, les genoux au niveau de l'accoudoir gauche et le dos à droite, un verre de whisky dans une main et la bouteille vide dans l'autre, fini par se taire en ricanant.

Aziraphale, allongé sur une table, la nuque contre le bord, la tête à l'envers et un verre de vin dans une de ses mains (il ne savait plus laquelle, certainement celle qui pendait de la table) fixait Crowley des ses grands yeux bleus.

- Crowley... j'suis pas doué pour... tous ses trucs de flirt... je vois jamais...
Celui qui était un serpent tourna ses yeux jaunes vers lui (il avait cassé ses lunettes il y avait de cela une petite heure).

- Ouais. Ouais j'sais bien.
Il rit. Un rire amer et cynique.
- Ça fait quoi... 6 mille ans qu'je "flirt" avec toi... mais après tout... j'vais trop vite pour toi, hein ? En fait... j'sais même pas si t'as pas fait exprès de pas remarquer... passke, après tout... qu'frait un ange avec un démon ?

Crowley savait que l'alcool lui faisait dire des choses qu'il ne voulait pas dire. Il était assez lucide pour s'en rendre compte. Mais les mots sortaient tous seuls.

Aziraphale en lâcha son verre, qui explosa au sol dans une salve de vin et de petits bouts de verre.
- Tu... flirtais avec moi ? Pourquoi ?
L'alcool reprit la parole chez Crowley.
- Passke je suis amoureux de toi depuis qu'chuis tombé !
- Mais on ne s'était jamais vu, avant !

L'ivresse semblait l'avoir soudainement quitté. D'ailleurs, les bouteilles de Châteauneuf était de nouveau remplies.

- Moi... moi j't'avais vu... quand chuis tombé... j't'ai vu. Et j'ai tout de suite su que jamais j'te sortirais de ma tête. J'me souviens... pendant la Guerre, là-haut... t'avais ton épée de feu mais... tu voulais pas t'battre... et quand j'suis tombé, au moment ou le sol s'est ouvert... j'ai croisé ton regard. Ton PUTAIN DE REGARD ! Et chuis tombé amoureux d'toi.
- C'était toi, alors. J'ai senti... là... (Aziraphale appuya sur son coeur) j'ai senti quelque chose. Du... du soutiens et de l'amour. Alors que c'est toi qui aurais eu besoin de soutiens... tu as trouvé la force de m'en envoyer... pour affronter les autres... ceux qui s'étaient battus... ceux qui me traitent de traitre.
- Les putains d'Archages, souris faiblement Crowley.
Aziraphale se tut.

Il sentait son coeur, son coeur de démon, son coeur qui avait reussi à aimer malgré tout, son coeur si noir qui ne l'était peut-être pas tant que ça finalement, il le sentit se fendre. Et il savait, il savait très bien que si Aziraphale le repoussait, il savait que tout ça disparaîtrait dans le gouffre au fond de son ventre. Ce gouffre qui essayait de le bouffer depuis plus de 6 mille ans.

Un ange et un démon entrent dans un bar...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant