Chapitre 3

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Je m'installe sur la rangée de sièges la plus haute pour ne pas déranger. Je n'aime pas particulièrement être assimilée à toutes les nénettes aux abords de la pelouse. Je veux seulement suivre l'entraînement dans sa totalité et surtout ne pas manquer chaque ordre de mon père sur ses joueurs. J'aime le regarder bosser ainsi que sa manière de les diriger en les obligeant à puiser au plus profond de leurs tripes pour sortir le meilleur. Les hommes se font des passes avec le ballon, leur jeu de jambes précis leur permettent d'évoluer avec grâce, comme des danseurs de ballet. J'étouffe un rire en m'apercevant que je les compare à des danseurs.

S'ils m'entendaient, il me faudrait courir particulièrement vite pour leur échapper. Je vois du coin de l'œil Naomi et ses groupies s'approcher du terrain en secouant leurs cheveux façon pub de l'Oréal, ce qui me fait lever les yeux au ciel. Mais je suis visiblement la seule à être agacée car certains joueurs s'autorisent à les mater.


– Putain, mais ce n'est pas possible d'être aussi nazes, maugréé-je.

Bien joué, papa. Recadre donc ces branleurs, et par la même occasion la bande de pétasses.


Je sens mes jambes fourmiller, peinant à résister à l'appel du ballon et comme d'habitude je dois me lever pour faire passer la sensation. Mon regard accroche celui de mon père qui me fait un imperceptible signe de tête avant de fixer ses hommes. Je fais de même, pour penser à autre chose. Je remarque Sergio, Maxime et Enzo avec qui j'ai passé toute mon enfance et mon adolescence. Puis nos chemins se sont séparés lorsqu'ils sont devenus soudainement populaires grâce au foot et le statut que cela leur a conféré dans la ville. Je grince des dents, encore blessée par leur comportement si puéril. Nous n'étions pas des meilleurs amis, mais j'étais tout de même proche de Sergio qui m'a balayé de sa vie en un claquement de doigts. Je continue de détailler les autres joueurs lorsque je m'arrête soudain sur l'un d'eux. Il est grand et si musclé que j'ai du mal à l'imaginer performant pour courir durant tout un match sans que sa carrure ne le gêne. Ses muscles tendent son maillot, je peux même apercevoir les lignes de son dos au travers du vêtement. Je ne peux m'empêcher de le suivre des yeux durant l'heure qui suit, étonnée de le voir se déplacer avec autant d'aisance. Quand son entraîneur annonce la fin, il le rejoint et je les vois parler de longues minutes ensemble avant qu'il ne s'éloigne vers le vestiaire. J'en profite pour fixer ses fesses parfaitement moulées dans son short de sport tandis que je descends les marches pour m'approcher de la personne que j'admire le plus au monde. Je lui fais signe alors qu'il marche déjà vers moi.

– Fidèle au poste, comme d'habitude, me dit-il d'une voix pleine d'affection.


– Et oui !! Maman m'a demandé de te ramener dès que tu as fini. Je t'attends vers...


– Coach ?


Je suis interrompue par une voix rauque qui me fait frissonner. Je tourne la tête pour rencontrer un regard étincelant, d'une nuance si particulière qu'elle me laisse momentanément coite. Ses iris sont clairs, d'un gris que je n'avais jamais vu chez personne. Je cligne des yeux en m'apercevant que je le regarde fixement, et qu'il fait de même, avant de lever un sourcil moqueur. Je me racle la gorge en me reculant, gênée.


– Je vous laisse.


Je passe devant mon père en grognant, agacée d'être passée pour une véritable greluche.


– Je t'attends sur le parking.


– Non, je n'en ai que pour une minute, me retient l'Apollon en souriant.


Je me recule légèrement, pour leur laisser de l'intimité, balaye le stade du regard. Mes anciens amis sont ressortis, avancent vers Naomi et ses copines qui minaudent, ravies de ne pas être laissées sur la touche. Je croise les bras contre ma poitrine, énervée. Pourquoi faut-il que ce soit aussi cliché ? Les footeux avec les pom-pom girls. Je secoue la tête, me morigène moi-même.


Mais qu'est-ce que ça peut te faire Loïse ? Tu t'en fous de ces connards, laisse donc les « sans cerveau » avec du « sans cerveau » ! De quoi tu te plains ?


– Loïse ?


Je sursaute à l'appel de mon prénom. Les deux hommes ont apparemment fini de discuter et m'observent, intrigués. Mon père en profite pour me présenter à son nouveau joueur.


– Daniel, voici ma fille. Ne te méprend pas, sous ses airs de rêveuse, c'est un sacré petit caractère.


J'écarquille les yeux, retiens de justesse une exclamation fleurie. Pour qui je passe maintenant ? Je

fais une grimace, tends la main vers le beau brun pour le saluer.


Ok, ça fait protocolaire mais au point où j'en suis...


Il la prend, nos peaux se touchent et s'électrisent. Je romps le contact brusquement, essuie ma paume moite contre mes leggings avec un sourire crispé.


– Enchanté !


Puis je me tourne vers mon père, impatiente.


– On y va ?


Il hésite, étonné de mon comportement, puis finit par se décider.


– Pense à ce que l'on a dit Daniel. Bonne soirée !


Le signal du départ donné, je prends mes jambes à mon cou, suivi de près par mon paternel.


– Mais quelle mouche t'a piquée ? demande-t-il dans mon dos.


Je ne lui réponds pas, incapable de lui avouer que son Daniel a allumé des braises dans le creux de mon ventre que je vais avoir du mal à étouffer.




Love ball (terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant