Chapitre 4

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CHAPITRE 4

J'ai passé le début de ma journée de travail dans un état second. Si mon corps était bien sur cette chaise, derrière la caisse, mon esprit, lui est resté bloqué sur le trottoir dans les bras de Julien. J'ai enchaîné les bourdes et les sourires en coin de mes collègues ne me disent rien de bon. Certaines s'en réjouissent, d'autres attendent de pied ferme des explications. Ce comportement n'est vraiment pas dans mes habitudes. C'est avec un réel plaisir que j'ai vu ma collègue arriver pour que je puisse profiter de ma coupure.

Dans la salle de repos, quelques collègues s'y trouvent déjà. Elles, je les connais par cœur. Ce sont des blondasses sans cervelle. Elles n'aspirent à rien de plus qu'à des sorties en boîte de nuit et le plus possible de coups d'un soir avec des mecs beaux et riches de préférence. Autant dire que l'on n'a pas grand-chose à se dire. Alors, passer le temps, tout en engloutissant un fade sandwich bourré de mayonnaise, je prends mon téléphone portable et fais un tri dans ma boîte mail. Lorsque tout est en ordre, je surfe sur un de mes groupes préférés. Je poste un rapide statut sur la lecture que j'ai terminée juste avant mon désastreux Noël. Je pourrais presque croire que je suis cette héroïne, mais je ne crois plus au prince charmant. En plus, ma vie est bien loin du conte de fées.

Avec un soupir de découragement, je me lève et vais prendre le livre que j'ai choisi pour ma prochaine lecture. Plutôt que de rester ici avec ces deux nymphettes, je décide d'aller m'installer dans les fauteuils situés dans la galerie. Au moins là, j'y serai bien. Avant cela, j'attrape ma petite pochette et vais dans les toilettes. Soigneusement, je me brosse les dents. En rangeant ses affaires, tout au fond, j'aperçois une tablette de cachets depuis longtemps oubliés. Je les prends pour les jeter, mais soudain la tentation est trop forte, j'en fais rouler deux dans ma main et les avale en un instant. Mon Dieu, immédiatement, je me sens mieux et replace les autres cachets dans ma pochette. Je me regarde dans le miroir, mais je me détourne vite. Après ce rapide soulagement vient la sensation d'avoir commis une terrible bêtise. Après tout, ces deux cachets ne peuvent pas me faire beaucoup de mal. Le pire qui puisse m'arriver c'est qu'ils soient périmés !

Je replace la pochette dans mon casier puis attrape mon portable et mon livre et sors sans un regard en arrière. Dans les couloirs sombres au sol inégal, je repense à Julien. Et c'est ainsi que pour la troisième fois de la journée, je manque de m'étaler sur le sol et me rattrape au mur au dernier moment.

Putain de karma de merde !

Je me dirige vers mon endroit préféré. Un canapé Chesterfield bordeaux un peu usé. Il se trouve près de la cafétéria. J'aime cet endroit parce qu'il est un peu à l'écart, très lumineux. En plus, ça sent bon le pain chaud et le café frais. Les gens y semblent toujours heureux. Avant de commencer ma lecture, je règle l'alarme sur mon téléphone. Je suis déjà arrivée en retard une fois aujourd'hui, et ça me suffit !

Plongée dans mon roman, je remarque une ombre devant moi. En levant les yeux, je crois que j'hallucine... Non, ce n'est pas possible ! Julien, encore lui ! Il est là, juste à quelques centimètres de moi. Mon corps entier se couvre de chair de poule. Ma température monte en flèche. Ma respiration est saccadée. M'indiquant la place à côté de moi, il me demande :

— Je peux ?

Trop troublée pour parler, j'acquiesce en silence. Lui n'a pas l'air dérangé par mon mutisme, il poursuit :

— Tu es en pause ?

Et là, je ne sais pas pourquoi, je m'emporte.

— Écoute, tu as l'air d'un gentil garçon, mais dis-moi, pourquoi tu me suis sans arrêt. Parce que, frère d'Émilie ou non, si tu continues, j'appelle la sécurité. Il semble choqué par mes propos.

—  Émilie m'a demandé de veiller sur toi. Je ne pensais pas trouver une fille comme toi, c'est tout ! Tu m'as pris par surprise...

Bien entendu, il pensait trouver une taille mannequin, sans remarquer ma colère grandissante, il poursuit.

— Je ne suis venu ici pour déposer mon manteau au pressing et en acheter un autre. Le fait de te trouver là, c'est juste un bonus. Et c'est un super bonus ! J'ai passé toute la nuit dernière à te regarder dormir. C'est une des plus belles choses que je n'ai jamais vues.

Est-ce qu'il se moque de moi ? Pour en avoir le cœur net, et au risque de souffrir, dans un murmure, j'ose lui demander :

— Qu'est-ce qui t'a plu ? Je ne comprends pas...

Il s'assoit à côté de moi, pose ses sacs à terre. Il a la tête basse.

— Je ne m'attendais vraiment pas à rencontrer une fille ... non, une femme comme toi ! Tu me demandes ce qui me plaît chez toi et franchement, je ne sais pas par où commencer. Lorsque tu as ouvert ta porte, en voyant le maquillage sur tes joues et ta mine défaite, j'ai eu envie de frapper ceux qui t'ont blessée. Puis, lorsque je t'ai attrapé avant ta chute, j'ai aimé la sensation de ton corps contre le mien. Et enfin, quand je t'ai déposé sur le canapé, je n'ai pu détourner le regard de ton corps. Je t'ai observé toute la nuit. J'en ai adoré chaque seconde passée... il laisse quelques secondes sans parler et, moi aussi, je suis incapable de prononcer le moindre mot.

Est-ce que je lui plais vraiment ? C'est fou, non ?

— Et maintenant, au risque de passer pour un gros pervers, j'espère pouvoir toucher ta magnifique poitrine qui pigeonnait dans le col en V de ton pull... tout en parlant de mes seins, il pose sa main sur la mienne, ma respiration se bloque, il poursuit :

—  Et puis, je crève de découvrir ce qui recouvre tes jambes. Sa main vient se poser sur le haut de ma cuisse droite, il continue :

— Portes-tu des bas aujourd'hui ? Lorsque je hoche la tête pour acquiescer, il grogne et me caresse la cuisse jusqu'à ce qu'il sente la dentelle au travers de mon pantalon.

L'alarme de mon portable vient jouer les trouble-fêtes. J'ai la voix rauque lorsque je m'adresse à lui :

— Je dois y retourner.

Il se lève et me tend la main. Il me hisse à ses côtés et me colle à lui.

— Je t'accompagne.

Comme un couple d'amoureux, mon bras passe dans son dos et ma main s'arrête sur sa hanche. Quant à lui, sa main est sur mon épaule. Arrivés devant l'entrée de service, je me détache de lui avec difficulté. Nous poussons un gros soupir quasi simultanément. Je suis dos à lui, je m'apprête à faire le code pour débloquer la porte. Il me retourne vivement. Mon livre tombe au sol. Il fait un pas de plus vers moi et lâche ses sacs et en une fraction de seconde, je suis dans ses bras, tout contre son corps. Ses lèvres sur les miennes me dévorent. Il me plaque durement contre la porte. Je gémis non pas de douleur, mais de plaisir. Son corps, si collé contre le mien ne cache rien des désirs qu'il éprouve. Soudain, je me sens partir en arrière et encore une fois Julien me retient. Dans mon dos, je sais qui est là. J'ai reconnu le parfum de ma cheffe. Tout en grognant de frustration, je lui dis :

— Agnès, j'arrive.

Alors que j'ai la tête dans son cou, Julien me murmure à l'oreille :

— Bon après-midi sexy Chacha. J'ai hâte d'être à ce soir pour terminer cette conversation. 

Rien n'arrive par hasardWhere stories live. Discover now