Chapitre 14

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Après une rapide douche, j'ai enfilé des dessous, moches, mais très confortables ; un jean noir tout simple et le premier pull que j'ai trouvé dans mon sac. Pour le reste, je n'ai pas fait beaucoup d'efforts. Une rapide queue de cheval, une épaisse couche de crème sur le visage. Un bon coup de brosse à dents et je suis presque prête. Assise sur le lit, j'enfile mes chaussettes puis mes boots à clous avant de descendre rejoindre Mathilde.

J'essaie de ne pas trop réfléchir à tout ce que je dois faire. J'angoisse une peu de la réaction de ma cheffe, Agnès, lorsque je lui parlerai de mes probables projets professionnels. Vais-je surmonter cette peur et accepter ? Si je saute le pas et que je n'y arrive pas... ce sera vraiment terrible. Je ne pourrais plus me regarder dans la glace. Encore une fois, je risque de décevoir toutes les personnes que j'aime, en particulier, les enfants de l'hôpital. Avec eux, il est vraiment important de ne pas faire n'importe quoi, n'importe comment !

Je commence à paniquer. Dans ma poitrine, mon cœur s'emballe. Lorsque je me lève, j'ai la tête qui tourne et je retombe sur le lit. Comme une larve, je me recroqueville sur la couette et je ferme les yeux en attendant que cette horrible sensation ne s'estompe un peu. Je pose mes mains bien à plat sur mon ventre. Comme par automatisme, je frotte un point précis de mon ventre. A travers mon pull, je sens la cicatrice boursouflée et chaude. J'ai chaud. Je transpire. Je suffoque. Soudain, une main fraîche sur le front et une autre autour de mon poignet me saisissent en une seconde.

— Charlotte, tu gardes les yeux fermés. Ok. Inspire profondément, rapidement, bloque l'air dans tes poumons, une ... deux... trois secondes et maintenant, vide-les, le plus lentement possible. Je sais que tu peux le faire. Ne pense à rien d'autre qu'à tes poumons, à cet oxygène qui voyage, à toutes ces belles choses auxquelles tu rêves en secret.

Alors que j'écoute la voix apaisante de Mathilde, mon cœur s'apaise peu à peu. Paradoxalement, mon esprit, lui, s'échauffe.

Une respiration après l'autre.

Oublier la douleur.

Oublier la peine.

Vivre avec la peur et faire un pas après l'autre.

Ne plus penser à rien. Juste respirer. Peu à peu, les battements de mon cœur se calment. J'ai l'impression que ma tête va exploser. Lorsque j'ouvre ms yeux, je vois des points noirs un peu partout. Super, je me tape les effets d'une gueule de bois sans avoir bu la moindre goutte d'alcool. Fais chier

— Donne moi encore une petite minute et je serai prête !

J'ai la bouche pâteuse.

— Mais oui, ma belle, même deux minutes si tu veux !

Sa voix a quelque chose d'étrange, mais d'un coup, je sens un léger pincement dans mon bras. Soudain, je tombe dans les bras de Morphée, comme assommée.

∞ ∞

Une sensation de chaleur extrême me saisit. Je ne comprends pas où je suis, mais il y a quelqu'un allongé à mes côtés. Et ce n'est plus la fraîche et petite main de Mathilde qui me caresse les cheveux ! Non, ça c'est sûr. Et ce n'est pas non plus sa main qui est posée bien haut sur ma cuisse. Cette main-là est grande et massive. La paume est posée sur ma hanche et le bout de ses doigts vagabondent légèrement près de mon pubis.

J'aime cette chaleur à cet endroit. J'inspire un grand coup. Je n'ose plus bouger. J'aime la sensation d'être dans ce cocon protecteur. Je suis si bien à l'abri de ses bras, de son corps.

Rien n'arrive par hasardWhere stories live. Discover now