Chapitre 6

3 0 0
                                    


CHAPITRE 6

Le désir monte de plus en plus alors qu'il roule silencieusement à mes côtés. C'est vraiment un excellent conducteur. Il roule très souplement, sans à-coups. Il semble si détendu alors que je suis une vraie pelote de nerfs, mais peu à peu, je parviens à retrouver un peu de calme. Il a activé le chauffage des sièges... C'est génial ce truc ! Moi qui ne suis pas vraiment intéressée par les voitures, je crois que j'aimerai bien en avoir une comme celle-ci. Elle est grosse, puissante. On s'y sent en sécurité, en plus, j'aime le cuir des sièges. Heureusement que le trajet n'est pas trop long, sinon, j'aurais fini par ronronner comme un chat bienheureux.

— Dis-moi, c'est quoi comme auto ? Parce que la mienne est un dinosaure à côté de la tienne et il faudrait que j'en change...

Il coupe la musique, et ravi me demande :

— Tu l'aimes, mon bébé ?

Non, mais je rêve... il vient de comparer sa voiture à un bébé ! C'est donc vrai ce que l'on dit des hommes et de leur joujou. Il poursuit :

— Si tu es sage, je te la prêterai lorsque je repartirai...

Mon cœur a un raté. Lorsqu'il repartira ? J'ai certainement loupé un truc. Partir où ?

— Tu t'en vas quelque part ? Bientôt ? Pour longtemps ?

Tout sort en même temps. Une boule d'angoisse m'empêche de réfléchir correctement.

— Oh Charlotte... Maintenant que je te connais, crois-moi, je préférerais mille fois rester avec toi. Je suis en permission pour encore trois semaines après je repars pour six mois... sa voix s'éteint sur ces derniers mots.

Trois semaines...

Six mois ...

Permission...

Tous ces mots tournent en boucle dans mon esprit.

— Tu... Tu ...

Avec délicatesse, il se gare sur le bas-côté de la route. Il allume les feux de détresse et se tourne vers moi.

— Respire calmement. Inspire longuement... Voilà maintenant, bloque-la et souffle tout doucement, le plus lentement possible... Trois semaines avec toi, c'est mon paradis et crois-moi, je suis sûr que je ne le mérite même pas !

Tout en tremblant et bafouillant, je lui murmure :

— En permission ? Comme un militaire ?

Il a un petit sourire en coin et acquiesce.

— Peut-être qu'un jour, mon seul boulot sur terre sera de veiller sur toi, mais ce n'est pas encore demain la veille. Allez, on va vite chez toi sinon, le repas sera froid. Et c'est quand même vachement moins bon réchauffé.

Je pose ma main sur la sienne. Je le connais depuis moins de vingt-quatre heures et je suis en pleine panique lorsque j'imagine son départ. Je n'ai pas le temps de lui faire faire ses preuves. Je n'ai pas le temps d'avoir peur. Je n'ai pas le temps d'hésiter alors, dans un souffle, je lui lance :

— Approche par-là, beau militaire et embrasse-moi parce que j'ai toujours fantasmé sur les mecs en uniforme.

Alors que ses lèvres sont presque sur les miennes, il s'arrête et se recule soudainement.

— Quels mecs en uniformes ? Des pompiers, des médecins, des marins ... pitié pas ces petits cons en bleu avec leurs pompons rouges. C'est impossible pour moi de t'embrasser si je sais que tu fantasmes sur Popeye !

Rien n'arrive par hasardWhere stories live. Discover now