L'amour dans les bouquins ?

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Texte by Arkenge

Le cuivre des clochettes se tinta d'un son presque féérique quand l'antédiluvienne porte de bois s'ouvrit, laissant passer un glaçant courant d'air hivernal qui s'étouffa immédiatement dans la chaleur chaleureuse de la générationnelle boutique. Le jeune homme, qui venait d'entrer, ferma la porte par la clenche qu'il imaginait par habitude, froide. L'odeur magique et reconnaissable du vieux papier et de la poussière parcourut son trajet quasi-quotidien jusqu'à ses narines. Il se retourna vers l'intérieur du cabinet réchauffé dont les murs et les étagères éclairées de lumières crépusculaires par les quelques lampions regroupaient tout un dédale de livres.

L'habitué fut néanmoins étonné de ne pas voir le propriétaire à la caisse, livre au creux des mains et lunettes vissées sur le bout du nez. Ne le dérangeant pas plus que ça, car le pensant aux archives, il s'impatienta automatiquement de pouvoir tâter le dos — lorsqu'ils étaient correctement rangés —, la gouttière — alors mal rangés —, ou bien la couverture des livres que croiseraient ses doigts, comme pouvait le faire un enfant qui ne savait se tenir en place. Ou plutôt : tel l'enfant qui sommeillait au fond de son esprit et qui adorait plonger dans tout univers romantique, fantastique, dramatique et horrifique qu'on pourrait nous conter à l'heure du couché par un de nos parents.

Désormais débarrassé du kit du frileux — à savoir, de son bonnet, de sa douce écharpe et de son trench coat — qu'il avait dépoté sur un porte-manteau, ainsi que son sac plein de livres récemment lus, il se rua avec empressement vers la section qui l'intéressait pour économiser le temps qu'il perdrait fatalement à choisir sa lecture de la semaine.

Et cette semaine, c'était la semaine romantique, manquait plus que le livre à trouver...—soit la plus grosse part de travail —. Le blond dont le nez et les joues étaient encore rougies par la fraicheur saisonnière, commençait à regarder les quatrièmes de couvertures de quelques livres au titre singulier, attirant, ou bien en prenant au pif, guidé par son intuition — tenant compte de la moyenne du temps qu'il mettait à choisir un livre... son intuition n'était pas très fiable —...

Alors qu'il ne trouvait pas encre à sa plume, il se résigna à jeter un coup d'œil au nouveautés mise en têtes de rayons, ce lecteur n'était pas souvent fan des best-sellers qui donnaient parts à d'innombrables clichés sur des romances bien trop fantasmées. Mais cette fois-ci, il y vit une couverture où c'était, étonnamment, deux hommes qui s'embrassaient. Un roman romantique donc, best-seller sur un amour interdit de la seconde-guerre qui mettait en encre l'histoire de deux jeunes soldats allemand et états-unien. Et cette quatrième de couverture ne donnait que plus d'euphorie au jeune garçon lors de sa lecture, il se réjouissait de voir une histoire d'amour gay en une des ventes, lui qui était loin de s'assumer complètement.

— Excusez-moi vous avez besoin de mon aide ? proposait gentiment une voix grave d'homme qui surprit le blond le faisant sursauter. Une voix dont le timbre ne parlait pas à l'habitué de cet endroit qui pourtant connaissait la plupart de ses petits recoins fourchus et secrets,

Désormais retourné, il fit face à un homme, comme lui, d'une vingtaine d'années à peu près, qu'il jaugea d'un regard futile et volatile. Il prit donc, au vol, note d'une barbe naissante soignée, de deux beaux yeux en amandes bleus qui lui rappelaient quelqu'un, ainsi qu'un visage au final chaleureux tirait avec un sourire éclatant, qui ne s'accordait pas à l'image faite de son imagination lorsqu'il avait entendu ce timbre grave. Et pourtant, il avait à faire à un magnifique jeune homme brun dont la chemise blanche cintrée et le pantalon bleu marine le rapprochait d'un Mr. Grey — oui, lui aussi, a lu 50 nuances de... — néanmoins bien moins froid, et qui s'ajustait, à quelques détails près, tout à fait à ses gouts.

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