Oups.

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Le teint blanc comme neige, le souffle coupé, le corps fébrile et tremblant : Emma s'était tue. Le silence, éternel comme la mort, planait dans cet atmosphère pesante. Regina s'en voulait d'avoir été aussi brutale, ayant braquer la blonde. Celle-ci contenait sa rage, sa tristesse et son incompréhension. Regina se dut d'ajouter :

« Elle avait une urgence familiale, elle est partie tard dans la nuit, elle doit à peine être rentrée chez elle. »

Emma relâcha la pression contenu dans son corps, reprenant de légères couleurs. Chloé n'était pas partie à cause d'elle et c'était un soulagement. Emma espérait secrètement avoir de ses nouvelles prochainement, n'osant pas faire le premier pas, de peur de se faire rejeter. Elle remercia Regina d'un regard imperceptible et dangereusement séduisant. Regina se racla la gorge, se frottant vigoureusement les mains sur ses bras, frileuse. Emma prit soudainement la parole :

« Vous devriez rentrer, c'est la fin de journée. Et évitez de fumer, ce serait dommage d'abîmer vos jolis poumons ou votre belle dentition ou même encore votre délicat tein-... » Emma se rendit compte de la sincérité de ses paroles et rougit furieusement, se raclant la gorge pour dissiper sa gêne devant le sourire taquin de la directrice.

« Merci Miss Swan. » sourit sincèrement Regina, en entrant dans l'orphelinat.

Emma huma l'air, gonflant ses poumons d'un nouveau sentiment de légèreté ; le malaise entre elles s'était évaporé, reprenant leur relation là où elle s'était arrêtée ; oui mais, c'est à dire, où ?

****

Les jours défilaient, s'engouffraient dans une routine, s'emparant du temps et des émotions. Emma et Regina s'échangeait parfois quelques paroles mais le rythme à l'orphelinat était vif, laissant peu de répit. Chloé n'était toujours pas revenue, n'avait envoyé aucun message à Emma, celle-ci triste, d'humeur morose. Regina évitait soigneusement de croiser Emma, toujours confuse et embrouillée par ses sentiments ; elle ne savait comment gérer ce flux d'émotion qui la submergeait à chaque fois que son regard se posait sur Emma Swan. De plus, elle était épuisée de gérer pratiquement seule l'orphelinat ; Chloé, Ruby, Belle, Graham étaient partis...elle allait prendre une décision : recruter du personnel.

****

Emma enfilait sa veste en cuire, un orage foudroyant le ciel, déversant un torrent de pluie. Perplexe, elle se décida à attendre le passage de cette tempête, portant son attention sur les photos des enfants ; particulièrement sur Zelena, cette magnifique petite fille rousse qu'Emma avait pu revoir quelques fois, heureuse de son état qui s'améliorait. Perdue dans ses pensées, elle n'entendit pas la voix rauque au loin :

« Miss Swan, il faut qu'on parle, j'ai besoin de vous. »

Emma sursauta, des frissons parcourant son échine, les battements de son cœur résonnant dans toute la pièce ; perturbé par l'effet de surprise et cette présence divine ; elles ne s'étaient pas retrouvées dans une pièce seules depuis des jours. Regina s'approcha gracieusement, son corps transpirant le charisme, une prestance royale. Emma s'octroyait discrètement cette vision surréel, le temps suspendu par cette connexion entre les deux femmes. Emma s'assit sur un fauteuil, rejointe par Regina en face et prononça, la gorge nouée par l'appréhension :

« Oui ? » dit-elle, s'attendant au pire.

Regina croisa ses mains, une jambe sur l'autre, le dos droit.

« J'ai bien réfléchi, il faut que l'on recrute du personnel. Nous sommes en sous effectif avec les départs, il faut y remédier. Pour cela, demain je placerai des affiches pour des entretiens que nous ferons passer toi et moi, pour ne garder que le meilleur. » énuméra t-elle, d'une voix assurée.

Emma se mit à rire spontanément, relâchant tous ses nerfs. Regina haussa superbement un sourcil, croisant ses bras.

« Qu'il y'a t-il de drôle Miss Swan ? » demanda t-elle, suspicieuse.

Emma souriait grandement. Regina trouvait ce sourire sublime, rarement présent sur les lèvres de la blonde.

« Rien, j'ai juste aimé votre manière de dire les choses ; vous êtes toujours confiante et déterminée, j'aime ce trait de votre personnalité. » avoua t-elle faiblement, les pommettes rosies, fuyant le regard sombre de la directrice.

Regina sourit, satisfaite, et étrangement d'humeur taquine :

« Pourquoi, il y'a des choses que vous n'aimez pas dans ma personnalité ? » questionna t-elle, curieuse et joueuse.

Un sourire un coin, Emma rétorqua sans vaciller :

« Vous êtes autoritaire, têtue, énervante, froide-... » la blonde fut coupée par un mouvement sec de main, Emma releva le regard vers Regina ; celle-ci s'était renfermée, la mâchoire contractée, les traits tirés.

Emma secoua la tête et prit instinctivement sa main dans la sienne :

« Mais vous êtes tellement plus que ce côté sombre et mystérieux que vous montrez. Vous une femme divine, sensible, confiante, dévouée pour ses proches, forte-... »

Cette fois ce fut une caresse qui lui fit perdre les mots de la bouche, Regina de son pouce, caressait délicatement la main d'Emma, prise de rougeur suite aux compliments de la blonde, gênée et sentant son coeur s'affoler. Emma souriait et regardait cette beauté qui s'offrait visuellement à elle, Emma ne pouvait détacher son regard de ce  fantasme. C'était douloureux de savoir que la seule femme qui lui plaisait réellement était inaccessible, au delà de ses rêves les plus fous. Pourtant elle le voyait, Regina cédait peu à peu, son cœur devenait moins dur, elle se confiait plus, elle commençait à vivre pleinement sa vie ; et Emma espéra qu'elle était la cause de ce changement.

Leurs regards s'accrochèrent, leurs respirations devinrent laborieuses presque silencieuses finalement, leurs mains liées ; une étincelle naquit.

« Regina je-... » tenta vainement Emma. 

Regina posa son doigt sur les lèvres d'Emma avant de les caresser, sans contrôler ses pensées ni son corps, elle s'assit avec souplesse sur les jambes d'Emma, ses bras autour de son cou, lui caressant les cheveux. Elle ne savait pas pourquoi ce soir en particulier, elle ne savait pas pourquoi elle cédait après des semaines entières à se contrôler, elle savait juste qu'elle commençait à perdre la raison. Emma oublia de respirer, les yeux ébahis, une chaleur naissant dans tout son corps, son sang bouillonnant de désir, son cœur ne répondait plus que par un enchaînement incontrôlé de battement témoignant de son chaos intérieur. Si la perfection devait porter un nom ce serait Regina, si la beauté devait être définie ce serait Regina, si le bonheur devait exister il se nommerait Regina. La directrice crut défaillir devant l'hypnotisant et profond regard de la blonde, elle y apercevait l'âme d'Emma, ce qu'elle ressentait, mais elle avait trop peur pour mettre des mots dessus, alors elle ferma les yeux pour cacher sa fragilité devant autant d'admiration de la part de la blonde pour sa personne ; elle ne méritait pas qu'une femme aussi complexe et simple qu'Emma Swan puisse s'intéresser véritablement à elle ; Regina était terrifiée, Emma avait un contrôle sur elle déjà trop important ; elle n'était jamais entièrement en possession de son corps et ses émotions quand elle était en sa présence et elle trouvait ça dangereux pour sa santé. Cependant, ce soir là, l'orage la frappait en plein cœur, les goutes de pluie descendaient le long de son cou moite, ses mains agrippaient fermement les doux cheveux d'Emma ; pour la première fois elle se sentait comme une enfant ; incapable de faire quoi que ce soit ; mais ça n'avait plus d'importante ; Emma venait de rompre la barrière infranchissable, lorsque désespérément leurs lèvres se joignirent dans une seule formule magique encore indéfinissable : l'amour.

L'amour d'un enfant. Où les histoires vivent. Découvrez maintenant