L'amour d'un enfant.

Aveu.

Regina lâcha violemment sa tasse de café, le bruit sourd de l'explosion couvrant l'oppressante angoisse qui l'envahissait. La directrice venait de recevoir un message de Jane : «  Madame Mills, je me dois de vous annoncer que nous avons trouvé l'assassin de Graham, et souhaite à votre disposition prendre un rendez-vous pour que l'on puisse en discuter et prendre des mesures, bien à vous. »

Sonnée, Regina fut prise de vertiges et s'affala sur son siège, se massant douloureusement les tempes. Une boule se forma dans le creux de son estomac, sa gorge asséchée, les yeux clos. Elle ne réalisait pas, elle osait même penser que la découverte du meurtrier s'était faite trop rapidement, lui laissant peu de répit et de préparation à l'éventuel aveu. Les traits tirés par le manque de sommeil, les yeux gonflés, Regina était épuisée tant moralement que physiquement ; perdue dans ses pensées, lentement, elle répondit au message : « Bonjour, si cela vous convient, je vous propose un rendez-vous à l'orphelinat dès ce soir, merci, bonne fin d'après-midi. »

Les mains moites, Regina se leva, tournant en rond comme un animal en cage ; elle ne pouvait s'empêcher d'imaginer les pires scénarios ; de plus elle repensait à ce sublime baiser qu'elle avait initié avec cette impertinente blonde ; son cœur s'alourdit dans sa poitrine, lui donnant la nausée, étouffé par la peur. Elle avait lâchement fui, ne pouvant et voulant mettre de mot dessus ; elle regrettait cet acte délibérément voulu, poussé par la magie du moment présent, la tendresse de la blonde, et le désir qu'elle enfouissait secrètement au fond d'elle. Elle n'avait jamais ressenti ça auparavant, elle était effrayée par ce qu'avait pu ressentir son corps, son cœur, mais surtout son âme ; cette partie d'elle s'était sentie connectée à la blonde, pour la première fois depuis le commencement de sa vie, elle s'était sentie à sa place auprès de cette femme. Évidemment, elle se sentait à sa place dans cet orphelinat avec tous ces merveilleux enfants, mais jamais une personne ne l'avait autant chamboulé : et elle ne pouvait l'accepter. Aimer c'était s'autoriser à souffrir et elle n'en était pas capable ; aimer c'était donner, partager, construire...tout ce qu'elle ne pouvait se résoudre à offrir. Était-ce réellement de l'amour ? Regina rigola amèrement à cette pensée, levant les yeux au ciel devant cette idiotie ; elle ne ressentait rien pour Emma Swan, juste de la pitié et ne serait-ce qu'un peu d'empathie. Elle ne voulait pas se laisser contrôler par des émotions futiles et envahissantes, elle devait se ressaisir pour son propre bien et celui de la blonde, elle ne céderait plus.

Convaincue par sa volonté, Regina partit se reposer avant l'éprouvante soirée qui allait se dérouler ce soir.

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Emma était nerveuse, sa veste en cuire rouge lui collant soudainement à la peau, frottant vivement ses mains contre son jean délavé ; elle soupira pour la énième fois, le regard légèrement meurtri et pensif sous les regards inquiets et compatissants de Maura et Jane. Les trois femmes se tenaient devant la porte de l'orphelinat, en avance de cinq minute, leur permettant à toutes de faire le point.
Emma n'avait évoqué le baiser échangé avec la brune à ses amis, voulant égoïstement être la seule au courant de ce moment irréaliste. Elle y avait tellement réfléchi, retourné dans tout les sens ce baiser, ce qu'il signifiait, elle en avait perdu la raison. Emma était effondrée mais faisait bonne figure, ressassant sans cesse la fuite de la brune et cette phrase qui tournait en boucle dans sa tête : « Oui, je le regrette». Son âme était en peine, depuis cet événement elle n'avait plus goût à la vie, tout lui semblait maussade et dépourvu de sens, triste ironie de la vie. Perdue dans ses pensées, elle essayait de brider ses émotions, ne sachant pas comment elle allait gérer indirectement la confrontation avec la brune ; cependant, d'une certaine manière, elle était soulagée que cette histoire passe au second plan, la brune allait avoir d'autres problèmes à gérer, et Emma redoutait le pire.