Théo

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A l'arrière d'une berline de luxe, je suis en route pour mon rendez-vous avec mon nouveau boss. Je vais enfin apprendre l'identité de la célébrité sur laquelle je vais devoir veiller ces prochaines semaines, même si au final cette information m'importe peu. Ça ne change rien à mon travail, dès que mes clients sont sous ma protection, ils sont comme un membre de ma famille.

Sa voix résonne dans la voiture. Je frissonne et ferme les yeux. Même après plus de huit ans, je ne peux toujours l'écouter. Un haut-le-cœur me prend, j'essaye de prendre sur moi, mais c'est au-dessus de mes forces.

—S'il vous plaît, pouvez-vous éteindre ou changer de station.

Changer de radio serait un risque que l'on tombe sur une de ses chansons. C'est la chanteuse la plus connue d'Europe. Et depuis qu'elle a sorti son dernier titre avec un DJ américain, ça s'est empiré. Elle est partout.

Les sourcils du chauffeur se froncent et il me regarde dans le rétro.

—Vous n'êtes pas fan de miss Lana Martinez ?

Même entendre son nom me dresse les poils sur les bras. Je secoue la tête et tourne le regard vers l'extérieur.

Après notre rupture, enfin après ma disparition suite aux avis d'Alex - mon ancien meilleur ami- j'ai coupé tout contact avec elle.

Je me souviens encore de la pitié qu'il y avait dans son regard, lorsqu'il m'a montré les SMS qu'il recevait de Lana. Mais plus encore de ce coup de ce poignard en plein cœur en lisant les promesses qu'elle faisait de bientôt me quitter.

Sans parler des photos que je croyais m'être destinée et qu'il recevait aussi.

J'ai changé de numéro, je l'ai bloqué sur les réseaux sociaux et je me suis inscrit dans l'armée de terre. À peine un mois plus tard, j'étais en route pour mon régiment à plusieurs centaines de kilomètres de chez moi et surtout d'elle.

Mes parents étaient hors d'eux, j'avais été accepté dans une grande école de commerce et pour eux, tout quitter à cause d'une femme était incompréhensible.

Avec les années, ils ont fini par accepter mon choix, car j'ai trouvé le métier mes rêves. Je pourrais presque être reconnaissant de m'avoir blessé à ce point.

Mais c'est impossible, malgré le temps passé, cette rupture m'a profondément brisé. C'était mon premier amour.

Je souffle un coup et jette un regard à l'extérieur.

Nous sommes sortis de Paris depuis peu, quand nous arrivons à hauteur d'une grande barrière, la porte s'ouvre immédiatement.

Mes réflexes de garde du corps sont en alerte, j'observe les environs et fais la liste de toutes les choses qui clochent.

La voiture continue son chemin le long de cette immense allée, qui donne sur une maison moderne. Je pourrais parier que je vais m'occuper d'un acteur. La maison est tape-à-l'œil et froide.

Tant mieux, un homme est toujours plus facile à protéger. Moins de pervers qui tentent de faire irruption dans les chambres d'hôtel.

Un jeune homme avec une tenue excentrique m'attend debout sur les marches.

—Bonjour, Monsieur De Luca, merci d'avoir fait le chemin et accepté ce travail. Avant de commencer et vous donner plus d'informations. J'ai besoin que vous signiez un accord de confidentialité.

J'ai presque envie de souffler, mais c'est comme ça dans ce monde, on ne dit rien, tant que l'on n'a rien signer. Il me tend un stylo et je signe.

— Nous avons été obligés d'augmenter la sécurité suite à une agression sur ma cliente. Depuis le début de sa carrière, elle a reçu son lot de lettres de menace. Mais suite à son dernier hit, ça a pris une mauvaise tournure. Suivez-moi, je vais vous la présenter.

Perdu pour un homme.

Nous pénétrons dans la maison, et je suis surpris par la décoration, c'est beaucoup plus chaleureux et accueillant.

Après être rentré dans le salon, il me lance :

— Au fait je ne me suis pas présenté, je suis Henry l'assistant de Mademoiselle Martinez.

Martinez...

Non-pitié, tout, mais pas ça, je suis à deux doigts de faire demi-tour et de partir en courant.

— Théo ?

Protège-moi ( nouvelle courte terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant