Lana

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La sensation d'étouffer me prend à la gorge. Je dois sortir d'ici ! Deux jours que je suis enfermée à la maison, et savoir que Théo va être mon ombre pour les prochaines semaines m'angoisse.

J'enfile un legging noir et mon gros sweat à capuche que je traîne avec moi depuis des années. Il est dix fois trop grand, mais il appartenait à Théo alors je n'ai jamais eu le cœur de m'en séparer. Heureusement, depuis le temps, aucune chance qu'il s'en souvienne.

Après avoir attaché mes cheveux en queue de cheval, j'attrape ma casquette.

En essayant de faire le moins de bruit possible, je descends au garage. Je saisis les clés du range rover d'Henry. C'est le seul véhicule avec des vitres teintées.

Je me glisse à l'intérieur, enfonce ma casquette sur la tête et quand mes lunettes de soleil sont posées sur mon nez, je démarre.

Sauf qu'un grand jeune homme musclé et à tomber est devant, les bras croisés, et ne semble pas vouloir s'écarter.

Théo.

Sans bouger, ni même ouvrir la bouche, il me fait signe de la tête de me glisser sur le siège passager.

J'ai toujours adoré qu'il se montre autoritaire, c'est le seul à oser me tenir tête. Et même si je résiste toujours, je sais que cette attitude l'excite autant que moi.

Sauf quand il est en colère comme maintenant. Je ne peux pas m'empêcher de sourire, toutes les cellules de mon corps ont envie de le défier, mais je sais au fond de moi que ça ne servira à rien.

La seule chose que je désire c'est de sortir d'ici.

Pourquoi est-il aussi beau !? Merde !

J'enjambe la console et me place côté passager.

— Jailbait... Théo grogne en s'installant à la place du conducteur.

En anglais, Jailbait signifie un appât, un piège tendu à ceux qui veulent aller en prison.

Je n'ai pas entendu ce surnom depuis si longtemps que mon estomac se retourne. Quand nous nous sommes rencontrés, j'avais 17 ans et lui 19 ans. J'étais encore mineure, et pour lui tant que je n'avais pas atteint la majorité, rien ne devait se passer entre nous. Ça a été les six mois les plus longs de ma vie.

Ce surnom est resté...utilisé telle une menace lorsqu'il était fâché après moi.

— Ne m'appelle pas comme ça ! Je siffle les larmes aux yeux. Comment ose-t-il utiliser ce surnom qui représentait tellement ?

Comment ose-t-il prononcer ce terme qui représentait tant pour nous ?

Ses yeux s'ancrent aux miens et j'y lis un panel d'émotions.

— Tu as raison, tu ne le mérites pas !

— Excuse-moi ?

Je hurle presque dans l'habitacle.

— Oublie ! Je n'ai pas envie qu'on se dispute. Où veux-tu aller ?

Je pince l'arête de mon nez pour me calmer, car là, j'ai juste envie de le jeter dehors à coup de pieds. Il me quitte sans un mot et ose me dire que je ne mérite pas ce surnom ?

—Juste, roule.

C'est ce que l'on fait, ma tête posée contre la vitre je fixe le paysage qui défile à toute allure. Je sens son regard sur moi, mais dès que je tourne mes yeux dans sa direction il détourne la tête.

—Je n'arrive pas à croire que tu aies encore mon pull.

Sa voix est chargée d'émotions, puis il se reprend.

—Pourquoi ? Pourquoi tu l'as gardé ? Pourquoi tu le portes ? Pour me blesser ?

C'est la colère maintenant qui a pris le dessus.

Rien ne sort, car je ne connais aucune réponse à ses questions. Ou plutôt je ne veux rien lui avouer !

J'ai besoin d'une clope, maintenant ! J'espère qu'Henry a laissé un paquet dans la boîte à gant. Bingo, et le briquet est à l'intérieur.

— Range ça !

Sans prêter attention à son ordre, je sors une cigarette du paquet et la place au bord de mes lèvres. Je n'ai pas le temps de l'allumer qu'il me l'arrache de la bouche puis le paquet des mains et jette le tout par la fenêtre.

—Théo ! Tu es malade ou quoi ?! Ramène-moi à la maison !

Il freine subitement et fait demi-tour.

— On ne peut même pas passer une heure ensemble sans se prendre la tête. Tu n'as pas changé ! il me lance.

— Ça ne t'a jamais dérangé avant ! Si je me souviens bien ça t'excitait même !

— Lana, arrête !

— Il s'en suivait même les meilleures parties de jambes en l'air si ma mémoire est bonne !

Il grogne, passe sa main devant son visage comme pour se réveiller. Puis il allume la radio et augmente le son.

Je souris, car maintenant je sais comment faire pour me venger.

Protège-moi ( nouvelle courte terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant