Lana

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Savoir que Théo me surveille en permanence m'embrase, mais sa façon de fuir ou d'éviter de me regarder dans les yeux souffle un vent glacial entre nous.

Ma vengeance est simple, je vais le charmer puis je le rejetterai comme il l'a fait avec moi il y a huit ans !

Ces derniers jours, j'ai profité de chaque instant pour le déstabiliser. Déambuler en petite tenue quand il sort de sa chambre. Le frôler dès que je passe à côté de lui. Ou encore mal boutonner mon chemisier et renverser de l'eau sur ma poitrine en buvant dans un geste qui se voulait sensuel, mais qui d'après Henri ressemblait plus à une paralysie des lèvres suite à un passage chez le dentiste...comme si je me bavais dessus... Bref je suis prête à tout pour le faire craquer !

Sauf que tous mes essais se sont soldés par un échec. Il me résiste toujours ! Ça m'enrage autant que ça m'excite ! Je n'ai pas pour habitude d'être frustrée.

Grâce à lui j'ai pu penser à autre chose qu'à mon accident de voiture. Enfin plutôt à la personne qui a voulu me sortir de la route. Les traces sur mon visage se sont bien atténuées et Noémie ma maquilleuse va pouvoir cacher cela sous plusieurs couches de fond de teint pour ce soir.

— Tu as enfin renforcé ta sécurité et...

Ma styliste, Maria fait irruption dans ma chambre, mais se coupe quand elle me voit.

— Lana ton visage !

Un petit cri sort de la bouche de Noémie et d'Erin ma coiffeuse. Les trois s'approchent de mon lit et me sautent dessus.

— Tout va bien ici ?

La voix rauque de Théo résonne dans la chambre, les filles se retournent et restent bouche-bée.

Une pointe de jalousie me perfore le ventre. Il y a que moi qui peut le mater de la sorte.

— Non c'est bon Théo, je me prépare pour ce soir, je te retrouve dans le salon dans trois heures. Ton costume devrait arriver. Tu peux refermer derrière toi.

Il fronce des sourcils, mais ne me pose aucune question, il n'est pas encore au courant qu'il va être avec moi à l'intérieur. Théo me fait un signe de tête et ressort de ma chambre.

— C'est qui ?

— Mon nouveau garde du corps. Et c'est lui... Le Théo.

Les trois halètent, mains devant la bouche.

— Comment ? Pourquoi ?

Les questions fusent de tous les côtés, les filles me suivent depuis le début et sont devenues mes amies les plus proches. Comme Henry. Dès que j'ai commencé à avoir du succès, mes amis ont changé, les paillettes et le glamour étaient trop tentants. C'est une de mes amies qui avait vendu à un des magazines mon histoire avec Théo. Si tentant, que mes « amis » se sont empressés de vendre aux magazines chaque anecdote me concernant...

Depuis j'ai fait du tri et il n'y a plus jamais eu de fait personnel publié. À part des rumeurs infondées, la presse raffole des artistes secrets malheureusement.

Je leur raconte ce qui s'est passé avec la voiture, comment Théo est revenu dans ma vie et bien sûr ma vengeance.

Maria me frappe l'épaule avant de pester :

— Pourquoi tu ne nous as pas appelées ?

— Je ne voulais pas vous inquiéter, et pour Théo, je devais déjà réaliser. C'est beaucoup d'un coup.

Erin et Noémie s'assoient à côté de moi et passent leurs mains dans mon dos.

— Bon, on a du travail devant nous, il faut que tu sois la plus bonne ce soir, Théo doit ramper comme un ver de terre, lance Noémie.

Nous explosons de rire avant de commencer la transformation.

— S'il ne bave pas, je change de travail ! annonce Maria en me regardant de haut en bas.

Elle se décale sur le côté et me laisse m'admirer. C'est vrai qu'elle a fait du bon travail.

Je porte une robe bleu nuit composée d'un bustier en dentelle et d'un jupon fluide en mousseline. On peut voir ma peau à travers, et mes tétons sont cachés par la dentelle qui est plus dense sur la poitrine. Mes cheveux sont plaqués d'un côté dans une natte et le reste tombe en cascade sur mes épaules. Ils sont toujours attachés quand je suis chez moi et dans mes souvenirs Théo adorait quand mes cheveux étaient détachés.

À chaque pas vers le salon, mon cœur se serre, ainsi que mon ventre. J'appréhende sa réaction.

Il est debout près de la porte quand nos regards se croisent, et c'est comme s'il n'y avait que nous. Je marche vers lui, ses yeux me déshabillent de haut en bas. Ça me transperce comme une lame, je me sens nue. Il est magnifique, son costume bleu nuit, va parfaitement avec ma tenue.

— Putain, souffle-t-il.

Il a presque l'air de souffrir quand ses yeux tombent sur mes lèvres, il tourne sa tête vers la porte d'entrée, comme incapable d'affronter mon regard.

Je me retourne vers les filles, qui ont des sourires plaqués sur leurs visages. Elles n'ont pas vu la même chose que moi ? J'ai presque envie de pleurer, ce n'était pas la réaction à laquelle je m'attendais.

De la min, elles me font signe d'y aller, de le suivre. À l'extérieur, Théo m'attend devant un 4x4 imposant aux vitres teintées. Côté passager, la porte est déjà ouverte. Sa main attrape la mienne, l'autre se pose en bas de mon dos et m'aide à m'installer.

Une bouffée de chaleur s'empare de mon corps. Cette soirée va être longue. Il ne prononce pas un mot dans l'habitacle. Plus nous roulons, plus ma colère grimpe. Je suis vexée qu'il soit si silencieux et insensible. Je ne sais pas pourquoi je me torture l'esprit à ce point.

La voiture ralentit et quand je vois la foule, je comprends que nous sommes arrivés à destination.

Ma main sur la portière, je suis prête à sortir, mais Théo me retient par le bras.

— Tu es magnifique, je ne sais pas comment je vais faire pour ne pas crever les yeux à tous les hommes qui t'admireront.

Sans un mot de plus il sort de la voiture, me laissant hébétée.

Protège-moi ( nouvelle courte terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant