Théo

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Au moment où elle quitte la pièce, un silence lourd plombe la pièce. Henry tente de comprendre ce qui vient de se passer.

—Je suppose que vous connaissez et qu'il y a des problèmes non résolus ?

Ma tête opine sans que je dise quoi que ce soit.

— ça ne va pas poser soucis ? Je ne suis pas seulement l'assistant de Lana, c'est ma meilleure amie. Elle ne voulait pas de sécurité, mais avec ce qui s'est passé ses dernières semaines et surtout avant hier. Il me faut quelqu'un de solide.

—Comme je lui ai confirmé, je suis le meilleur dans le métier. J'ai besoin de tout savoir pour faire correctement mon travail.

Il m'observe une dernière fois, avant de me faire signe de le suivre.

— Je vais te montrer ta chambre, comme ça tu peux y déposer tes affaires. Ensuite nous irons au bureau.

La maison est immense, nous restons au rez-de-chaussée et prenons un couloir avec plusieurs portes.

— La chambre de Lana est à l'étage et ma chambre se trouve au fond de ce couloir ainsi que la tie...

Il se coupe quand la sonnerie de son portable annonce un SMS.

Un léger sourire se forme sur ses lèvres et ses yeux remontent vers moi :

— Alors ta chambre n'est pas là, mais à l'étage, j'avais oublié qu'elles sont occupées.

Il passe devant moi et prend l'escalier. Je le suis sans comprendre ce qui vient de se passer.

— Sa chambre est juste là.

Pourquoi mon ventre se serre quand j'entends cette information ?

— Et la tienne, juste ici.

La chambre juste à côté d'elle. À quoi joue-t-elle ?

Sans un mot supplémentaire, il me laisse devant la porte en bois.

La chambre est très spacieuse, confortable et fonctionnelle. Le lit au milieu de la pièce est immense et pour mon 1M90 c'est parfait. Ma propre salle de bain, je ne risque pas de croiser Lana a moitié nu dans un couloir.

Il y a aussi une terrasse dans la chambre une vue imprenable sur un petit bois. On aurait du mal à croire que nous sommes à peine à 20 minutes de Paris.

Je m'assois un instant au bord du lit et tente de reprendre mes esprits.

Il n'y a qu'elle pour me rendre fou comme cela, malgré les années, c'est la même. Malgré sa froideur et son attitude distante au premier à bord, ses pics sont toujours présents.

Je suis tiraillé entre la colère de la revoir, des années d'incompréhension et les questions qui sont restées sans réponse : Qu'est-ce que j'ai fait pour qu'elle veuille me quitter pour mon meilleur ami ? Nous étions solides et amoureux, enfin c'est ce que je croyais.

La voir avec le visage abîmé a activé mon instinct de protection. Ma colère et la rancœur de ces dernières années se sont envolées en une seconde. Je n'ai plus qu'une envie ; retrouver la personne qui lui a fait subir ça et lui rendre la monnaie de sa pièce, voire plus.

Je souffle et passe une main dans mes cheveux avant de rejoindre Henry sur le palier. Sa porte est entrouverte et le bruit d'une guitare résonne dans le couloir. Dans le silence de cet immense couloir, sa voix s'élève et me cloue sur place. C'est en l'entendant chanter pour la première fois depuis toutes ces années que je réalise à quel point elle m'a manqué.

Je me remémore quand elle me chantait ses créations, ma tête placée sur ses jambes et ses doigts enfoncés dans ma chevelure. Elle m'hypnotisait à chaque fois, comme aujourd'hui.

Je prends sur moi pour me détacher de ce spectacle et quitter ce couloir.

Elle m'a trompée, elle s'est foutue de moi, je suis là pour être son garde de corps, rien de plus. Je me répète cela sans cesse.

Henry est assis sur le canapé, le visage crispé. Quand il me voit, il se lève et se dirige au sous-sol, nous passons devant la salle de sport, et rentrons dans un bureau aussi grand que ma chambre.

Plusieurs écrans dans un coin, la qualité est atroce et les angles sont médiocres.

— Qui sont ses amateurs qui ont posé ses caméras ? C'est n'importe quoi.

— C'est moi, me coupe-t-il. Lana ne voulait rien savoir, j'ai dû me débrouiller comme je pouvais.

—Désolé Henry, mais ça me rassure de savoir que ce n'est pas un professionnel, parce que là...

Je me coupe et tente de cacher mon sourire en sachant ça.

Il me jette un regard désabusé avant d'exploser de rire. Ce qui a le don de détendre l'atmosphère.

—Tu comprends mieux pourquoi ton arrivée était plus que nécessaire.

Mon carnet en main, j'établis une liste de ce que je dois changer et installer. Puis il sort un sac rempli d'enveloppe.

—J'ai trié les courriers, et ça, c'est ma sélection de lettres agressives, menaçantes, ou très obsédées.

—Demain je commencerais à regarder ça de plus près, ta sélection remonte à combien de temps ?

—Six mois.

Je souffle, autant de courrier qu'il considère anormal pour une période de six mois, n'annonce rien de bon.

—Avec ce qui s'est passé il y a deux jours, ton contrat a été changé.

Je devais seulement être présent pour les déplacements, mais hier mon patron m'a annoncé que je passais en protection 24h/24H.

C'est le genre de job que je préfère. Je n'ai pas de femme ni d'enfant. C'est maintenant ou jamais d'accepter ce genre de gros contrat. Par contre si j'avais su que ça serait avec elle, j'aurais réfléchi à deux fois avant d'accepter.

—Lana aime son indépendance, elle déteste avoir de la sécurité ou un chauffeur. Elle conduit seule et s'est déjà retrouvé dans des situations plus que dangereuses. Hier elle rentrait d'une soirée, et s'est fait sortir de la route par une voiture qui la suivait depuis trente minutes. Au lieu d'appeler la police, elle a voulu les semer.

— C'est personnel, ce n'est pas un fan. Quelqu'un lui veut du mal. Je suppose que vous n'êtes pas allés à l'hôpital ni chez les flics ?

Il secoue la tête.

— Elle ne changera donc jamais... Ma voiture arrive demain avec le reste de mes affaires, je m'occuperais de l'accompagner sur ses déplacements.

—Bonne chance avec ça.

J'ignore son commentaire et ajoute ;

—J'aurais besoin de son planning, quand est le prochain évènement ?

— Dans deux jours. Une soirée organisée par un magazine dont elle fait la couverture.

Mon œil est attiré par un mouvement sur une des caméras. Lana est dans une sorte de parking.

— Elle fait quoi là ?

— Probablement une escapade interdite...

Avant d'avoir le temps de lui demander où se trouve le garage. Il répond à mon interrogation.

— Au rez-de-chaussée, après la cuisine, porte de gauche.

Elle va me rendre fou.

Protège-moi ( nouvelle courte terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant