19.1 Le Labyrinthe

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Comme ma saga Entre tes Griffes est édité depuis le 5 janvier 2022, je ne vous présente ici qu'un extrait du tome 2, sachant que le tome 1 n'est  pas complet sur Wattpad (la deuxième moitié du tome 1 n'est pas disponible sur la plateforme).

Juste un avant goût de l'action que j'ai voulu injecter à la suite des aventures de Saskia et X :

— Bien, la règle est simple. Tu dois suivre ma trace afin de pouvoir sortir du labyrinthe.

Estrela me regarde comme si j'étais insignifiante.

— Quel labyrinthe ?

Je balaie d'un regard circulaire la clairière qui s'étend autour de nous jusqu'à à l'orée d'un sous-bois et ne vois rien qui se rapproche de près ou de loin à un labyrinthe.

— Le chronomètre s'enclenche à mon entrée, dit-elle. Je pars trois petites minutes avant toi.

— Si je perds ta trace, que se passe-t-il ?

— Tu échoues et quelqu'un vient te chercher, répond Estrela avec une moue blasée.

Quand elle tapote sur sa montre, une trappe s'ouvre dans le sol. Son mécanisme provoque un grincement désagréable qui me fait frissonner d'appréhension. Estrela ne perd pas de temps et se faufile tête la première dans le trou noir. Quoi ? Le labyrinthe est sous terre ? Quelle horreur ! Il doit y avoir des bestioles là-dedans.

Les minutes s'écoulent à une vitesse hallucinante, je ne sais pas trop quoi faire. Je sautille. Mon cœur bat trop vite. J'ai les mains moites. Il faut que je contrôle mon stress, mais c'est bien plus facile à dire qu'à faire. A quelques secondes de l'ouverture de la trappe, j'inspire profondément et entre dans le trou sans me poser de questions. Je laisse parler mon instinct. A plat ventre dans un étroit boyau, je me tortille comme une anguille. Ce passage est à peine plus large que mon corps, c'est encore pire que ce je pensais. Il fait sombre et chaud. Je suis déjà totalement en nage et épuisée par l'effort demandé pour avancer dans de telles conditions. Quand je sens que je bascule en avant, je suis incapable d'empêcher ma chute.

Précipitée sur une sorte de toboggan, je ferme les yeux et crie. La roche est glissante et le conduit tortueux. Je tente de ralentir ma descente mais je suis trop secouée. Propulsée à une telle vitesse, j'ai trop peur de m'écraser une fois arrivée à destination. Quand je tombe dans le vide, je vois ma vie défiler à toute vitesse avant d'atterrir sur un tas de sable. J'ai cru mourir ! Soulagée d'être sortie en un seul morceau de ce shaker de l'enfer, j'observe où je suis tombée.

Un large puits de lumière éclaire la cavité rocheuse. Je respire à nouveau en voyant un morceau de ciel au-dessus de moi. J'ai le tournis en me levant. Je me retourne et découvre une fosse large d'au-moins quinze mètres. Estrela est de l'autre côté, penchée sur une barre qui sert de pont pour traverser ce trou béant. Il ne me faut pas longtemps pour évaluer la situation. Elle est en en train de la sortir de son encoche. En faisant cela, elle la rend impraticable.

— Hey, mais qu'est-ce que tu fais ? !

Elle ne me répond pas et attrape une grosse pierre sur le sol avant de la lancer au fond du trou. Un grognement surgit de nulle part me glace le sang. C'est à ce moment que je réalise que ce n'est pas une simple fosse. Elle est habitée par un grizzli. Cette peste vient de le réveiller. Il se dresse immédiatement sur ses pattes arrière. La gueule ouverte, les babines retroussées. Son râle résonne sur toutes les parois. Estrela a disparu. La barre cylindrique roule dès que je pose mon pied dessus. Je n'ai aucune chance de réaliser un numéro de funambule sans tomber. Je ne vois qu'une solution m'y suspendre. Le grizzli fait des tours. Il me guette tout en lançant des coups de pattes en l'air. Ses griffes sont impressionnantes.

Ok, changement de plan, je n'ai aucune envie d'abimer ce tout nouveau corps de bombasse. Je pense que c'est faisable. Je retire mes baskets et recule afin de prendre de l'élan. Je décide de sauter. Il ne me faudra pas plus de deux rebonds pour franchir ces quinze mètres. Deux points d'impact ne devraient pas faire trop bouger la barre de son axe. Je n'ai juste pas intérêt à me planter.

Je ne regarde que mon objectif. J'inspire à fond et me lance. Au premier bond, j'ai l'impression de voler, au deuxième la barre tremble mais la trajectoire a à peine dévié, j'atterris sans difficulté de l'autre côté. La poussée d'adrénaline me donne des ailes. Je cours sans attendre après Estrela dans les couloirs du souterrain. C'est un véritable dédale, mais son odeur flotte encore nettement dans l'air. Malgré une diversion bien tentée, Estrela s'étant frottée dans un cul de sac qui a failli se refermer sur moi, je continue à la suivre.

Le sol jonché de roches saillantes m'écorche douloureusement les pieds, seule l'adrénaline et ma volonté de rattraper cette garce me font avancer. Un bruit de grincement m'interpelle. Méfiante, je ralentis mon allure. Un passage long de plus de vingt mètres se déroule devant moi. Mais qu'est-ce que c'est que ce truc ?

J'ai l'impression d'être dans Indiana Jones ou Tomb Raider. Des marteaux, à tête renversée, oscillent comme des pendules sur toute sa longueur. Chacun à une vitesse différente. Ils sont sérieux ? Il faut que je me faufile entre eux sans me faire écraser par leur masse ? Tout est une question de sang-froid et de jeu de jambes bien sûr. Je frotte mes mains contre mes cuisses, je fixe mon objectif, tout en anticipant le prochain qui suit. J'y vais.

Je ne réalise qu'après mon exploit, que j'ai réussis à passer. J'étais tellement concentrée, je ne sais même pas comment j'ai fait. Mais je n'ai pas le temps de reprendre mes esprits, qu'une rafale de projectiles s'abat sur moi. Je me retranche contre le mur et prends une décharge électrique. Je sursaute et me prends une balle en pleine tête. Je recule à nouveau. Elle a beau être en caoutchouc, son impact m'a sonnée. Il n'y a aucune alternative. J'opte pour la moins pire. Collée le moins possible à la paroi, j'avance comme un crabe tout en me prenant des décharges par accoup. Résister à la douleur et ne pas perdre de temps, c'est tout ce que je peux faire. Mon corps couvert de transpiration ne fait qu'empirer ma situation. L'eau étant conductrice d'électricité, je vis un vrai calvaire.

Après ce supplice, je me retrouve dans une salle vide. Aux aguets, je regarde tout autour de moi. Je suis dans une sorte de cube aux parois lisses, sans aucune aspérité. L'unique sortie se trouve perchée dans le plafond. Bien trop haute pour l'atteindre. Je tente quand même et saute. J'aperçois alors un écran à environ cinq mètres de hauteur sur l'un des murs. Je prends mon élan et réussis à le toucher. Un dessin d'échelle et une image de robinet apparaît.

Immédiatement démarre un compte-à-rebours, trois, deux, un. Je bondis à nouveau pour appuyer sur l'image. La pièce se remplit d'eau à une vitesse hallucinante. L'échelle était bien trop courte pour m'aider. Vite submergée, je nage vers la sortie. Lorsque je m'extirpe de ce piège, je ne retrouve pas à l'air libre, mais une plus grande étendue d'eau sombre et glacée. Je nage le plus vite possible vers la surface que je ne vois pas dans l'obscurité des profondeurs. Mes jambes battent vite pour me sortir de là, mais j'ai déjà plus de souffle. Quand je vois enfin de la lumière, je n'en peux plus. J'avale de l'eau, je panique, mais continue à battre des jambes. Une fois à la surface, j'inspire comme si c'était la première fois de ma vie. Je tousse et crache à la fois. J'ai cru mourir là-dedans.

Je suis au beau milieu d'un lac. Le paysage montagneux est sublime. Je comprends que j'ai perdu. Je ne peux plus sentir Estrela.

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