Chapitre V - Les invisibles

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Enfermé dans cette pièce, je tourne en rond. Je laisse mes doigts parcourir les murs, je pense à tout ce qu'il vient de se passer, une chanson me vient à l'esprit:

<< - Dors petit enfant triste après avoir trop pleuré,

Si ton cœur est désespéré que les anges du ciel t'assistent, 

Les anges avec leur robe blanche ont ouvert leurs ailes tout grand

Et si demain tu te réveilles avec le cœur encore bien gros

A la porte du Paradis avec une voix familière

Les étoiles du matin, la lune avec sa face pleine, 

ont récité un poème avec les anges pour te dire "je t'aime"....>>

Je m'assois alors dans un coin de la pièce, les bras et mes genoux pour seule forteresse, je me recroqueville sur moi-même, laisse encore échapper quelques larmes. J'entends soudain des bruits, qui viennent de l'extérieur. Je relève la tête, me lève, m'avance vers cette fenêtre, que je ne peux ouvrir, mais peux encore voir tout ce qu'il passe à travers. Il est dehors, se tient debout face à un trou creusé, devant lui, comme une fosse. Près de là, je vois une machine qui tourne, on dirait une bétonnière; les portes de la baie vitrée étant ouvertes il rentre à l'intérieur, puis en ressort quelques minutes plus tard, portant quelque chose dans ses bras. 

Quelqu'un me tire le bras, et m'emmène loin de la fenêtre. 

<< Non tu ne devrais pas voir ça!>>

<< Marina !!! Ou étais-tu passé ? Ecoute moi, il faut que l'on essaye de sortir d'ici, il faut que l'on s'échappe >>

<< Oui je suis d'accord, mais comment ?>>

<< Dès qu'il reviendra, et il reviendra j'en suis sûre, il va ouvrir la porte et nous essayerons de courir aussi vite que possible et le plus loin de cette maison, tu es avec moi ? >>

<< Partante !!>>

<< Bon très bien, il ne reste plus qu'à attendre maintenant>>

Je retourne donc vers la fenêtre pour voir ou il est, et ce qu'il fait, la seule chose que j'arrive à voir, c'est cette bétonnière, qui tourne, mais elle a changé de place, proche du trou qu'il a creusé, cet engin déverse son contenu dans cette fosse, il recouvre quelque chose, je n'arrive pas à déterminer ce que c'est, ce qui se déverse ressemble à du béton, mais je n'en suis pas sûre, sa couleur se rapproche du gris, jusqu'à ce que Marina m'interrompt dans mes pensées :

<< Du béton. C'est du béton, Rose.>>

<< Comment sais-tu cela ? >> 

<< Parce que je l'ai lu sur le sac en bas, il refait la terrasse.>>

Mais comment a-t-elle pu lire le sac en bas si elle est enfermé dans cette chambre avec moi ? 

<< Marina, dis moi comment as-tu fais pour ...>>

<< Un jour tu comprendras>>

Sur cette phrase, le temps que je tourne la tête en espérant chercher une réponse, elle disparu aussi vite qu'elle était arrivée. Je me pose alors une multitudes de questions, et je ne suis arrivée qu'a une seule et même conclusion, Marina est peut-être le fruit de mon imagination ? Suis-je devenue complètement folle ? 

<< MARINA !!! MARINA REVIENS !!!! Qui es-tu vraiment ?!>>

Elle n'apparaît pas. La colère en moi monte d'un cran, je panique, je sens la pièce qui tourne autour de moi, je porte alors la tête vers la personne qui essaye d'arrêter le mal qui me fait ronge, mon dos se courbe, sous le poids , mes hurlement se noie dans une mer de larmes acides, à genoux, je prie pour la première fois:

<< Je vous en prie ... je ne sais pas comment faire ... alors je vais seulement parler, vous parler ... s'il y a une chance que vous existiez ......je vous en supplie .... AIDEZ MOI !!!>>

Est-ce qu'il y aurai une possibilité, une infime possibilité que je sois arrivée dans une autre dimension de mon monde, ou tout était beau et merveilleux, mis en parallèle à ce monde qui n'a aucune saveur, ou ici tout n'est que douleur ? Je veux rentrer chez moi, retrouver mes parents, leur dire que je les aimes, leur dire que je suis là, et que je ne les quitterait plus jamais.

Un bruit de clé, qui tourne dans la serrure de cette porte, je me cache derrière le lit, laissant seulement le haut de ma tête et mes yeux à découvert. La porte s'ouvre, grince, puis s'arrête, elle n'est pas complètement ouverte. Un frisson me parcours, ma peau se pare de la frayeur qui m'habite. Sans bouger, j'attends, mais rien ne se passe.

Je m'avance doucement, sans faire un bruit. Je pose la main sur la poignée. J'attends encore un peu, puis je décide d'ouvrir, délicatement. Le grincement de la porte retentis dans le couloir. Je laisse sortir ma tête, je ratisse l'espace de gauche à droite, il n'y a personne. C'est maintenant ou jamais Rose !! Il faut que tu cours !! Échappes toi !! 

Je me mets à courir, dévale à toute allure les escaliers, puis essaye de me retrouver dans la maison, pour retrouver la sortie, mais je ne sais pas ou je me trouve. Après être passé dans la cuisine, parcourus deux couloirs, ouvert quelques portes de placards, je me suis arrêté pour reprendre mon souffle, et réfléchir. Comment sortir d'ici ? 

Je me remets à courir, portes après portes, couloirs après couloirs, je pensais avoir tout perdu, et la je ressens comme un rayon de soleil sur ma peau, je détourne mon regard sur la gauche, et j'aperçois une entrée, une porte d'entrée !! Je n'y croyais plus. Je vais enfin pouvoir sortir d'ici, et retrouver mes parents. Je vais quitter cet endroit, retrouver le soleil, retrouver le vent, retrouver ma vie, enfin ! 

Je me mets alors à courir de toutes mes forces vers cette porte, avec un seul mot au bord de mes lèvres qui est "Maman" 

puis soudain ...

La douce épineOù les histoires vivent. Découvrez maintenant