Halloween

3

Le cadavre – qui n’en n’était apparemment pas un – a tiré sur la jambe en faisant tomber mon ami et l’a mordu, croqué, encore et encore, toujours plus vorace.  En un instant, il ne restait de Thomas Spencer que quelques haillons épars.  Ensuite, l'ho… Non, la bête, s'est jetée sur moi.  La lampe a glissée de ma main, nous plongeant dans une semi-obscurité. Sans même réfléchir, j’ai planté le couteau que je tenais à la main dans son corps, encore et encore.
Haletante,  je me suis enfin relevée.  De nouveau, des voix, mais cette fois qui poussaient des hurlement, ont retenti entre les arbres alentours.  J’ai ramassée la lampe torche avec une main, j’ai attrapé celle de Julia qui n’avait pas bougé d’un pouce avec l’autre, je l’ai exhortée d’avancer et elle m’a suivie, tel un automate.  On est retournée dans la caverne, toujours illuminée par les guirlandes.
- Pourquoi on est venues ici, ai-je grogné entre mes dents, c'est un cul-de-sac…
- Alix ?
  Je me suis tournée vers Julia et celle-ci m’a embrassée.  Malgré l’horreur de la situation, je n’ai pas pu m’empêcher de me rendre compte d’une chose.  Avant ça, j’avais déjà embrassé des garçons et j’étais même sortie avec l’un d’entre eux, parce que c’était « normal » mais, ce n’est qu’avec ce baiser que j’ai compris que je n’avais jamais été vraiment attirée par les garçons mais plus par les autres filles.
  Lorsque Julia a décollé ses lèvres des miennes, j’ai regretté qu’on ne l’ai pas fait plus tôt.
- Désolée, mais je voulais le faire avant de mourir, a-t-elle avoué.
  À mon tour, j’ai pressé mes lèvres contre les siennes.  Les cris se rapprochaient dangereusement de nous.  On s’est détournée l’une de l’autre, les yeux rivés sur la cascade.  Une première personne est entrée, une femme, bientôt suivie par quatre hommes et une autre dame.  Tous étaient blanchâtres, semblables à six albinos dont les veines ressortaient énormément, le regard vide comme… comme des zombies.  Voilà ce qu’ils étaient.  Un autre mort-vivant est entré et celui-là, je l’ai reconnu aux guenilles qu’il portait.  C’était celui qui avait tué Tom, celui que j’avais poignardé.  Dans sa poitrine était toujours planté le couteau que je lui avais planté plus tôt.  Ils étaient maintenant sept, tels les sept péchés capitaux.
  J’ai senti les doigts de Julia se glisser entre les miens.  C’est ainsi, main dans la main, que nous avons fait face à notre funeste destin.
Puis, les zombies se sont jetés sur nous.