Comme dit le proverbe, pas de nouvelles, bonnes nouvelles

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Aujourd'hui j'ai emménagé seule dans mon premier appartement, j'attendais tant ce moment que j'ai du mal à réaliser que c'est enfin arrivé. Il ne me reste que quelques cartons à défaire, je me suis donc dirigée vers l'un d'entre eux sur lequel il était écrit « Souvenirs », je l'ai ouvert, et j'ai saisit la première photo que j'ai aperçue. Pendant quelques secondes je n'ai pas bougé, j'étais stupéfaite, je t'ai revu, nous étions dans un parc, ton sourire était vraiment sublime, tu portais ce t-shirt tricolore que tu adorais tant. J'ai dut m'asseoir car mes jambes tremblaient. Une larme ruissela sur ma joue, puis une multitude de petites gouttes chaudes l'ont suivit.

Sans hésiter un instant, j'ai enfilé ma veste, j'ai pris mes clés, j'ai quitté mon deux pièces, j'ai dévalé les escaliers, j'ai rejoins ma voiture garée sur le parking au pied de l'immeuble, je l'ai démarrée, et je me suis rendue chez ta mère. J'ai sonné et peu de temps après la porte s'est ouverte et j'ai vu son visage doux et chaleureux, le même sourire aux lèvres que toi, elle m'a invitée à boire un café et je suis entrée dans votre petite maison. Elle m'a demandé ce que j'étais devenue, et elle a aussi voulu savoir la raison de ma visite, je lui ai donc répondu que j'étais à ta recherche. Malheureusement ta génitrice n'avait pas de nouvelles de toi, la seule chose que tu lui avais dit avant de t'en aller était que tu partais pour Osaka au Japon. J'ai vu son visage se décomposer, puis elle a craqué et a pleuré. Je l'ai réconfortée du mieux que j'ai pu, mais dis moi, pourquoi lui fais-tu autant de mal alors que ta mère a toujours été adorable ? Je suis restée avec elle jusqu'au dîner avant de retourner dans mon modeste logement.

Cette nuit là je n'ai pas dormi, j'ai repensé à tout ces moments qu'ensemble on a passé, j'ai cherché la raison de ton départ soudain, je n'ai pas trouvé. Tu es parti sans prévenir, seule ta mère était au courant, tu l'as avertie la veille, ça ne te ressemble pas pourtant. Je t'ai appelé mais tu as changé de numéro, j'ai mené l'enquête, mais aucune trace de toi ni sur Facebook ni sur Instagram. Tu as littéralement disparu de la surface de la planète. Étais-tu encore à Osaka ? La seule façon de la savoir était d'y aller. Malgré mes revenus sommaires, j'ai acheté un billet d'avion, j'ai choisit le premier vol, je me suis empressée de faire mes bagages et j'ai attendu le lendemain pour me rendre à l'aéroport.

L'attente fut longue, le trajet a duré seize heures, j'en ai profité pour me reposer et pour éplucher toutes les photos de toi que j'ai pu trouver. Allais-je te reconnaître ? Avais-tu beaucoup changé ? Étais-tu toujours là-bas ? J'allais bientôt en avoir le cœur net. J'ai réceptionné ma valise et j'ai quitté ce bâtiment bondé, où les gens retrouvaient leurs proches. J'ai vu des gamins courir dans les bras de leur parents, des couples s'embrasser après une longue séparation, des famille se réunir à nouveau. Je n'avais qu'une envie : que tu sois face à moi et que je cours dans ta direction. Mais tu n'étais pas ici, où-étais tu ?

Je suis arrivé dans la pays du soleil levant, sur un coup de tête, je ne parle pas la langue, et je maîtrise mal l'anglais. J'ai tout de même réussi à demander à un chauffeur de taxi de m'emmener au centre ville. Une fois arrivée à destination j'ai pénétré le premier hôtel et j'y ai réservé une chambre, j'y ai entreposé mes bagages, puis après m'être rafraîchit le visage je suis ressortie, une photo de toi à la main. J'ai demandé à une centaine de personnes s'ils t'avaient vu, mais aucun n'a donné de réponse positive. Avais-tu seulement fais escale ici ?

Alors que la nuit tombait, je me suis rendue à l'un des plus vieux temples du Japon appelé Shitenno-Ji, j'ai profité de cette quête pour visiter quelques monuments. Épuisée par cette longue journée, je me suis assise sur un banc face à la battisse. J'ai baissé la tête, fixant la photo, j'avais perdu presque tout espoir de te trouver. J'étais sur le point de partir quand j'ai entendu un homme parler français, ma première réaction fut de me lever à la recherche de cette personne. Dans la foule ça n'a pas été facile de tomber dessus. La voix était de plus en plus forte, de plus en plus proche, je l'avais enfin dénicher, je l'ai timidement abordé, au fond de moi j'espérais que ça soit toi, mais ce ne fut pas le cas, c'était un simple touriste et sa compagne, qui au passage, ont du me prendre pour une folle.

Je suis restée dans cette jolie ville un peu plus d'une semaine, je t'ai cherché dans tout les bars, tout les hôpitaux, tout les hôtels, tout les monuments, tout les parcs, j'ai marché de jour comme de nuit. Mais pas une seule trace de ton passage à Osaka. J'ai déposé un peu partout des petits papiers sur lesquels j'ai écrit mon numéro pour que les gens qui t'ont aperçu me contactent. Il y a dessus une photo de nous, et une courte explication de pourquoi je veux te retrouver. C'est devenu une obsession.

J'ai attendu tout l'été, j'ai espéré tout l'hiver, mais toujours rien, on ne supporte plus l'attente avec ta mère. On a tant de choses à te dire, on est si impatientes de te revoir, on attend un SMS ou un pigeon voyageur, une lettre ou un e-mail. Que les nouvelles soient bonnes ou mauvaises nous avons besoin d'en avoir. Qu'est ce qui t'as pris de partir comme ça ? On avait tant de projets, on s'était promis de ne pas se lâcher mais je crois bien qu'on s'est ratés. Tu as donc tiré un trait sur tout ça ? Tu as donc oublié toutes ces années d'amitié?

Depuis trois ans, je m'endors chaque soir en espérant recevoir un appel de ta part le lendemain, malheureusement je n'ai jamais rien. Ça fait longtemps que tu ne dis rien... mais comme dit le proverbe, pas de nouvelles, bonnes nouvelles.

L'innocence finit toujours par s'envolerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant