LÉNA. — Mylène. Je sais ce que tu ressens. Je suis comme toi.
MYLÈNE. — Tu n'es pas comme moi. Tu es le fantôme de ce que j'aurais pu être. Tu es les ruines de l'enfant rêvé de nos parents. Tu n'as rien à prouver. Tu es toi, et tout le monde t'aime quand même. Tu n'es pas comme moi. Moi je dois être parfaite. Je ne peux pas me permettre de ne pas être parfaite. Sinon tout le monde va se rendre compte que je ne suis pas parfaite.
LÉNA. — Et alors tu deviendrais une ruine comme moi. Et avec ces ruines de rêves on se construira et on se reconstruira.
MYLÈNE. — Je ne veux pas me reconstruire. Je ne veux pas me construire. C'est déjà dur de se cacher. C'est déjà dur de respirer.
LÉNA. — Arrête de te cacher.
MYLÈNE. — Je ne peux pas. Tout le monde va me regarder. Et alors tout le monde va me voir.
LÉNA. — Moi je te vois déjà.
MYLÈNE. — Tu me regardes peut-être mais tu ne me vois pas.
LÉNA. — Je te vois très bien.
MYLÈNE. — Tu ne me vois pas. Sinon, tu ne me regarderais pas.
LÉNA. — Je te regarde et j'aime ce que je vois.
MYLÈNE. — Tu aimes ma peau trop lourde et mon visage masqué ?
LÉNA. — J'aime ton visage. J'aime ta peau.
LÉNA embrasse MYLÈNE sur les lèvres. MYLÈNE reste totalement immobile. Long silence.
LÉNA. — Mon pauvre amour, tu as vraiment une haleine de crocodile.
Bois encore un peu d'eau.
MYLÈNE. — Oui.
LÉNA. — Tiens.
MYLÈNE. — Merci.
LÉNA. — C'est rien.
MYLÈNE. — C'est rien ?
LÉNA. — C'est normal.
MYLÈNE. — C'est normal ?
LÉNA. — Je suis là pour toi, c'est normal.
MYLÈNE. — Ça, là, c'est normal.
LÉNA. — Oui, bon.
MYLÈNE. — Tu. J'arrive même pas à.
LÉNA. — Ça va.
MYLÈNE. — Ça va ?
LÉNA. — Ça ne va pas ?
MYLÈNE. — Non, ça ne va pas !
LÉNA. — Bois encore un peu d'eau.
MYLÈNE. — C'est quoi le — Je ne comprends même pas comment tu as pu —
LÉNA. — Et c'est moi qui ne te vois pas.
MYLÈNE. — Mais tu te rends compte ? Tu te rends compte de — ?
LÉNA. — Non, je ne me rends pas compte. Tu l'as dit. Je ne suis pas parfaite. Je croyais que toi non plus.
MYLÈNE. — Je suis —
LÉNA. — Tu n'es pas parfaite.
MYLÈNE. — Je suis —
LÉNA. — Je vais t'aider à te débarrasser de ta peau. Je vais t'aider à enlever ton masque. Tu n'auras plus jamais honte d'aimer.
MYLÈNE. — Je suis ta soeur !
LÉNA. — Mylène /
MYLÈNE. — Je suis — putain Léna je suis ta soeur, merde !
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MILENA
General Fiction- Papa, maman, il y a quelque chose sous mon lit. - Ma chérie, les monstres n'existent pas, ils sont dans ton imagination. - Maman, papa, il y a quelque chose dans mon lit.
