MYLÈNE. — Je ne veux pas te faire culpabiliser mais je comprends mieux que tu n'aies pas eu le temps de les emballer si tu viens juste / de te
LÉNA. — Les gosses adorent ce jeu. Et la prochaine fois, t'inquiète que je les emballerai, mes cadeaux. Ça leur évitera d'être retenus à la douane.
MYLÈNE. — Quels gosses ? Tu en connais beaucoup, des gosses ? À part ceux avec qui tu fais la fête jusqu'à cinq heures du mat comme une étudiante de trente-cinq ans.
LÉNA. — Je suis une étudiante de trente-cinq ans. Et je ne fais pas la fête.
MYLÈNE. — Tu fais seulement la grasse mat jusqu'à 15h.
LÉNA. — Je ne fais plus la fête. Enfin pas trop. C'est pour ça que je suis venue te voir.
MYLÈNE. — Pour faire la fête ?
LÉNA. — Pour te dire que je ne faisais plus la fête.
MYLÈNE. — C'est super dis donc. Du coup tu viens boire mon thé ?
LÉNA. — Je ne bois plus, je ne fume plus.
MYLÈNE. — Arrête.
LÉNA. — Enfin. Pour un moment, au moins.
MYLÈNE. — Arrête.
LÉNA. — Je ne savais pas trop comment...
MYLÈNE. — Déconne pas.
LÉNA. — Je / déconne pas. J'ai...
MYLÈNE. — Déconne pas. Tu es sérieuse ? Tu es... sérieuse ?
LÉNA. — « J'ai une grande nouvelle à t'annoncer. »
MYLÈNE éclate en sanglots. Silence gêné de LÉNA.
LÉNA. — Je suis trop con. Pardon.
MYLÈNE sanglote.
LÉNA. — J'aurais dû — j'avais cru — je pensais que peut-être ça te ferait...
MYLÈNE la gifle.
MYLÈNE. — Bien sûr que ça me fait plaisir ! Pauvre idiote !
LÉNA. — Je vois que tu reprends du poil de la bête, si tu en es à frapper une femme enceinte.
MYLÈNE la serre contre elle à l'étouffer tout en sanglotant de plus belle.
LÉNA. — C'est une nouvelle méthode d'avortement ? C'est sûrement très efficace mais je crains d'y passer aussi.
MYLÈNE la lâche en riant et pleurant.
MYLÈNE. — Je vais faire le thé. Il faut que tu sois bien hydratée.
LÉNA. — C'est toi qui es en train de te déshydrater.
MYLÈNE. — Tu as droit au thé, oui ? Malika avait droit à six tasses par jour. Je crois. Toi aussi ? Tu n'as pas de carences en fer ? Tu as déjà bu du thé aujourd'hui ? Ah non tu viens de te lever. Tu as vu quelqu'un ? Tout va bien ? Tu veux l'adresse de la gynéco de Malika ? Tu en es à combien de mois ?
LÉNA lui tend le sac dans lequel elle a apporté les jeux. MYLÈNE respire dedans.
LÉNA. — Trois mois. Je vais m'occuper du thé.
MYLÈNE. — Je vais le faire. Repose-toi.
LÉNA. — Je ne suis pas malade. J'ai seulement un parasite. (Elle fait chauffer la bouilloire.) Et je voudrais qu'on puisse discuter tranquillement avant l'arrivée de tes propres parasites.
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MILENA
General Fiction- Papa, maman, il y a quelque chose sous mon lit. - Ma chérie, les monstres n'existent pas, ils sont dans ton imagination. - Maman, papa, il y a quelque chose dans mon lit.