Cap ou Pas Cap ? 2

P

- Mon dieu, t'es tellement...

Je me jetai dans les bras d'Amber.

- Je sais, lui répondis-je simplement.

J'avais conscience de mon état. Dans le taxi, le chauffeur n'avait pas cessé de me demander si j'allais bien en jetant des coups d'œil dans le rétroviseur intérieur pour sûrement s'assurer que je ne saute pas par la portière de la voiture en marche.

- Viens.

Je suivis ma meilleure amie à l'intérieur de son appartement en trainant les pieds et finis par me jeter sur son canapé, la tête contre le cuir. Elle s'installa à côté de moi.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda t-elle avec une voix calme.
    - Ben pas grand chose, en fait. Enfin pas grand chose de plus. Alyssa est partie pour nous laisser réfléchir et moi je suis partie pour nous laisser réfléchir aussi.
    - Allez, raconte.

Je ne me fis pas prier. Amber était toujours à mes côtés depuis tout ce temps, elle avait tout suivi de ma vie et elle avait toujours été de très bon conseil. Si elle n'avait pas été là, je ne suis pas sûre qu'Austin et moi serions toujours ensemble à ce jour.

    - Attends, elle a gardé un enfant pour de l'argent et maintenant elle veut s'en débarrasser pour la même raison ?

C'était très bien résumé.

    - C'est ça. Elle n'a absolument aucun instinct maternel. Tu l'aurais vu, parler devant son fils comme s'il n'existait pas. C'est moi qui ait dû lui dire d'emmener Aiden autre part.
    - Elle était déjà complètement tarée à l'époque mais là, ça dépasse tout entendement.

Amber soupira de désespoir et je me redressai pour la regarder.

    - Qu'est-ce qu'on va faire ?

Elle m'étudia un instant.

    - Qu'est-ce qui te blesse le plus ? Qu'il ait recouché avec Alyssa dès que vous vous soyez séparés ? finit-elle par me demander.
    - Non. Enfin, je savais qu'il avait couché avec quelqu'un pendant cette séparation. Il me l'avait dit dès que nous nous étions revus. Je lui en veux de ne pas m'avoir dit qui était cette fille.
    - Il n'y a pas que ça. Je te connais, ça te blesse mais tu peux passer au dessus. Pourquoi tu es partie ? Après tout ce que vous avez traversé...
    - Je crois que je m'en veux plus, à moi, avouai-je.
    - Kay', on a déjà parlé de ça ! Tu ne peux pas culpabiliser pour ça, tu n'y es pour rien. Et si Austin l'accepte, alors tu dois en faire autant.
    - Tout a changé, Amber ! Il a un fils. Alyssa vient de lui donner en une heure ce que je ne pourrais jamais lui donner en une vie.

Amber ne trouva rien à me répondre. Elle savait qu'elle ne pouvait pas vraiment me contredire sur ce point. Médicalement parlant, c'était prouvé ; j'étais stérile. Et ce n'était pas la première fois que ça détruisait notre couple. Lui comme moi voulions profondément avoir un enfant. Et tout ces examens, tout ces essais, ces tests n'avaient été que des échecs. J'avais fini par tomber en dépression et Austin et moi nous étions séparés après les disputes incessantes et ma culpabilité insupportable. Mais cette fois, c'était différent. Il avait réussi à avoir un enfant. Sans moi.

    - A quoi tu penses ?
    - Il devrait se mettre avec Alyssa, quand elle rentrera de son voyage. Aiden aurait des parents et Austin, une famille.

Elle leva les yeux au ciel - vieille habitude qu'elle avait fini par me voler - et se leva du canapé.

    - Va te coucher, tu dis que des conneries quand t'es fatiguée.

Je ne luttai pas et la suivis dans sa chambre. Elle m'envoya un pyjama à la figure et m'ordonna de dormir avant de quitter la chambre. Alors que j'allais sombrer, j'entendis son téléphone sonner. Je tendis l'oreille.

    - Oui ? Austin. Oui, elle est couchée...

Traîtresse.

    - Comment elle se sent, à ton avis ?

Tout ça sentait l'ironie à plein nez. Et le sarcasme ne se manifestait chez Amber que lorsqu'elle était en colère.

    - Non, surtout pas. Laisse-lui du temps.

Merci, merci.

    - Ne fais pas l'égoïste. Elle se fiche de tout ça. Tu ne t'es pas dis qu'elle pouvait mal vivre le fait que tu aies un enfant avec une autre femme qu'elle, avec tout ce qui vous est arrivé ?

Encore du sarcasme. Mais cette fois, on sentait parfaitement l'énervement dans sa voix. C'était comme insulter Austin mais en plus subtile.

    - Je passerai chercher des affaires, demain. Il faut que tu la laisses tranquille un moment. Elle m'a dit tout un flot de conneries ce soir.

Traîtresse 2.0.

    - Ça marche. Mais ne compte pas sur moi pour faire l'intermédiaire. Elle te parlera quand elle en aura envie. En attendant, ne fais rien de plus stupide, s'il-te-plaît.

Elle finit par lui souhaiter une bonne nuit et raccrocher.

Je savais bien que toute cette histoire devait bouleverser Austin autant qu'elle me bouleversait moi. Pourtant, je n'arrive pas à ne pas être si égoïste. Je n'arrivais pas à me dire que nous allions surmonter cette épreuve ensemble, comme toujours. Cette fois, avant de m'endormir, je me disais que juste c'était la merde.

{...}

- Déjà levée ? demandai-je à Amber en la rejoignant dans la cuisine, au petit matin.
- Mmh, et je t'ai même préparé le petit déjeuner !

Je levai les yeux au ciel.

- Je ne suis pas malade, Amber. Je peux préparer mon petit déjeuner.
- Contente-toi de me remercier.

Je lui souris et la remerciai avec un baiser sur la joue avant de m'installer à table avec elle. Elle ne tarda pas à me dévoiler la conversation qu'elle avait eu la veille au téléphone.

- Austin m'a appelée, hier.
- Ah oui ? mentis-je.
- Oui. Il voulait savoir si tu étais bien chez moi et comment tu allais.

Je ne répondis pas. Je n'avais rien à répondre.

- Je vais passer te chercher des affaires, chez vous, ce matin. Est-ce que tu veux que je lui dise quelque chose ?

Dis lui que je l'aime.

- Je n'ai rien à lui dire.
- T'es vraiment une grosse hypocrite, dit-elle sournoisement.

Je haussai les épaules innocemment avant de continuer de croquer dans ma tartine.

- Bien. Je lui dirai tout ce que j'ai envie de lui dire, dans ce cas.
- Tu l'aurais fait, de toute façon.

Elle m'offre un sourire resplendissant.

- Exact !

Puis elle quitta la salle avec un sourire satisfait.