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    - OK. Alors si on reprend bien tout dans l'ordre, on s'est séparés et tu as couchée avec ton ex, que je déteste depuis le lycée.

Il leva les yeux au ciel.

    - Je ne crois pas que tu sois en position de lever les yeux au ciel, sur ce coup.

Il m'attira sur ses genoux, dans le coin du canapé. Je soupirai.

    - Je suis énervée contre toi. Tu n'as pas le droit de m'amadouer en faisant...ce genre de choses, dis-je.
    - Qu'est-ce que je fais ?
    - Ça. Me tirer contre toi. C'est pas tout à fait réglo.
    - Je sais. Mais je préfère que tu sois énervée contre moi, contre moi et pas loin de moi.

Ce fut à mon tour de lever les yeux au ciel mais je me laissai faire et posai ma tête contre son torse.

    - Je suis tombé sur elle par hasard dans la rue. On a discuté un peu, je l'ai invitée à prendre un café. C'était juste pour prendre de ses nouvelles après toutes ces années, tu as ma parole.

J'allais lui dire que sa parole valait peu en ce moment mais il m'en empêcha en embrassant ma joue.

    - Arrête. Tu triches.

Je le sentis sourire contre ma peau, puis il reprit.

    - J'étais en colère contre toi, j'ai beaucoup bu et j'ai couché avec elle.

Le message était passé clairement, cette fois.

    - Je suis désolé. Tu le sais parfaitement. Et je regrette. C'est pour ça que je ne t'ai pas dit que c'était avec elle que j'avais couché. Et si je me rappelle bien, on s'était promis de ne pas se donner de noms.
    - Je n'aurais jamais fait cette promesse si j'avais su que c'était avec elle ! m'exclamai-je.
    - Avec qui tu as couché ?

Je détachai mon visage de son corps pour le regarder, ahurie.

    - Quoi ?
    - C'est avec qui, que tu as couché, quand on s'est séparés ?
    - Je n'ai pas à te le dire !
    - Tu sais pour Alyssa. Alors à ton tour.

Je soupirai et me jouai de sa technique et me collant à lui.

    - Je m'inquiète, là.
    - Pourquoi ?
    - Parce qu'au lieu de me répondre, tu t'accroches à moi. Avec qui ?
    - Max.
    - Max ?
    - Max Niro.
    - Tu te fous de ma gueule ? T'as couché avec le frère de James ?

Je soupirai.

    - Ça t'arrangeait bien, notre petit pacte ! s'indigna t-il.

Il n'avait pas le droit. C'était trop facile de se mettre en colère.

    - Comme ça on est quittes !

Ça suffit à le calmer. Mais pas à le faire taire.

    - Pendant tout ce temps, quand on se voyait, vous faisiez comme si rien ne s'était passé ?
    - Parce que rien ne s'était passé pour nous non plus. On avait tous les deux bus, nous aussi, et le lendemain on a eu tellement honte de ce qu'il s'était passé qu'on a décidé d'en rire et d'oublier tout ça. Je ne faisais pas semblant. C'est la pire erreur de ma vie.
    - J'espère bien, grommela t-il. Je crois que j'aurais préféré ne jamais le savoir.
    - C'est toi qui a insisté !

Il soupira et posa son menton sur le haut de ma tête.

    - Bon d'accord. Au moins, maintenant, on sait.
    - Tu ne m'en veux pas trop ?
    - Au moins tu ne l'as pas mis enceinte, toi, répondit-il simplement.

Je ne pus retenir mon sourire. C'était une des choses pour lesquelles j'aimais Austin. Peu importe la situation, il parvenait à la tourner en ridicule, même si ça ne durait que quelques secondes.

    - Qu'est-ce qu'on va faire ? finis-je par demander.

Il me serra un peu plus contre lui.

    - Je ne sais pas. Qu'est-ce que tu en penses ?
    - Alyssa est la pire mère que la terre n'ait jamais porté.
    - C'est la pire femme, pour toi, depuis qu'elle a dix-huit ans.
    - Ose me dire que j'ai tort !

Il ne répondit pas et déposa un baiser sur mes tempes.

    - Elle ne mérite pas cet enfant.

Je cessai de respirer un instant.

    - Pourquoi la vie est injuste à ce point avec nous ? murmurai-je doucement en guise de réponse.

Il se laissa glisser le long du canapé et m'entraîna avec lui, allongés l'un contre l'autre.

    - Je sais.

Son souffle chaud me chatouilla la nuque et ses mains passèrent autour de ma taille pour emprisonner les miennes. Il faisait souvent ça ; réchauffer mes mains gelées avec les siennes, brûlantes.

    - Je ne pense pas que je mérite tout ça.
    - Tu ne le mérites pas un seul instant. Tu mérites tout le bonheur du monde et on m'a envoyé ici pour te le servir sur un plateau doré. Je te jure que je fais mon maximum, mais c'est difficile parfois. Surtout quand tu commences à dire des absurdités pareilles.
    - Je suis désolée. J'ai encore du mal à me dire qu'à cause de moi...

Il me coupa la parole.

    - Arrête, tu recommences. Si je voulais partir, je l'aurais fait il y a bien longtemps, chérie. Je sais que c'est difficile pour toi. Je sais que tout ça, tu le vis de façon horrible. Mais moi, je le vis bien. Parce que je suis allongé chez moi, sur mon canapé, avec ma fiancée dans mes bras et que si on m'annonçait qu'elle était enceinte là, maintenant, tout de suite, je me dirais « Cool. Mais ça ne me rend pas plus heureux, je suis déjà au maximum ». Ce n'est qu'un bonus, pour moi. J'ai tout ce dont j'ai besoin ici.
    - Tu as toujours besoin de te répéter avec moi, hein ?
    - Ouais. Ça met souvent du temps à monter là-haut chez toi. Mais ça a rendu ma demande en mariage plus stylée.

Je ris doucement.

    - Je pensais que tu blaguais.
    - Mmh. J'ai l'habitude de demander des femmes en mariage pour rire.

Je ris de nouveau et un silence se fit. Nous savions tous les deux que même si nous avions arrangé un problème, le plus gros restait là. Et qu'il fallait trouver une solution.

    - Tu veux le garder, ce petit garçon ? finis-je par demander.
    - Je ne ferai rien si tu n'es pas d'accord, répondit-il simplement.
    - Je te demande ce que tu veux, pas ce que tu vas faire.
    - Qu'il soit mon fils ou pas ne change pas grande chose pour moi. Tout ce que je sais, c'est qu'un petit garçon risque d'être abandonné je-ne-sais-où parce que sa mère se fiche de lui.
    - Alors tu aimerais qu'il reste avec nous, ces trois mois.

Il n'avait pas franchement répondu à la question, mais c'est ce que j'en avais compris.

    - Non. Je veux que cet enfant ait une famille toute sa vie.

Je me tournai vers lui, les sourcils froncés, toujours allongée contre lui.

    - Qu'est-ce que tu veux dire ?
    - Je veux porter plainte, Kay'. Je veux qu'on lui retire la garde de l'enfant.

Cap ou Pas Cap ? 2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant