Cameron

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Judie attendait patiemment devant le portail de l’école maternelle. Maddie allait avoir 6 ans, c’était donc la dernière année qu’elle passait ici ; Judie cherchait déjà une école primaire.

S’il y avait bien un endroit que Judie aimait éviter, c’était cette rue, lors de la sortie des enfants. Elle avait bien dix ou quinze ans de moins que les autres parents, et faisait plus jeune que son âge -on lui en donnait facilement 20. Les mères la jaugeaient du regard, des mimiques de dégout sur le visage, ou alors elles levaient les yeux au ciel. Leurs maris la reluquaient avec un regard dérangeant. Tout le monde savait sa petite aventure sans la connaître vraiment, et elle passait pour une catin sans morale. Pourtant, les autres mères auraient pu comprendre qu’on ne veuille pas abandonner son enfant ou avorter en sachant qu’on était prête à l’élever ; mais c’était surtout elles les pires accusateurs.
 

Ses pensées dérivaient dans ce sens lorsque la sonnerie retentit. Deux minutes après, les institutrices essayaient tant bien que mal de garder les enfants calmes et près d’elles. Maddie sortie brusquement de la foule compacte d'élèves avec deux de ses petites camarades, les jumelles Laurie et Stacie. Judie leva la tête pour essayer d'apercevoir la mère des amies de sa fille, Margaery. Elle aimait beaucoup cette femme, du fait de sa gentillesse, de sa façon directe de dire les choses, et de son oubli d'agresser les gens. Elle repéra bientôt la tête blonde platine de cette dernière.

Margaery était mariée, magnifique et extrèmement classe. C'était la mère parfaite, la femme parfaite, et une icône de mode parfaite. Ses doigts vernis de rouge carmin, sans être vulgaire, pianotait sur son portable. Cet objet lui était presque greffé à l'oreille. Femme d'affaire active, elle arrivait tout de même à trouver du temps pour ses filles.

Judie se dirigea vers Margeary, agitant la main. La blonde lui sourit, raccrocha son téléphone, et lui fit la bise. 

-Comment vas-tu, chérie? Il faudrait que tu viennes à la maison prochainement, j'organise un petit cocktail sympa.

-Je...et bien...hésita Judie. Je n'ai pas beaucoup de temps, avec mes boulots, tout ça...

-Tu travaille au Sarbucks pendant cinq ou six heures, ne me dis pas que tu ne peux pas ! s'eclama Mageary sans aucun tact, comme d'habitude. Si c'est pour Maddie, tu sais très bien que je peux la faire garder avec mes filles.

Non, ce n'était pas pour Maddie. C'était pour Judie. Elle s'était toujours sentie mal à l'aise du fait de sa situation actuelle, face à ces femmes tellement accomplies dans la vie. Elle se sentait de trop, sur le pouf blanc ivoire immaculé, à boire du champagne rosé, alors qu'il y a deux heures elle s'ecrimait à faire des muffins et à servir des cafés.

-Je verrais, Magaery. Mais je te jure que j'ai des trucs casés dans mon emploi du temps.

-Un rencart? demanda Margeary, un sourcil levé, interessée.

Trouver un petit ami à Judie était l'une de ses préoccupations préférées. Elle lui avait présenté des cousins, des amis, des collègues, presque tout son répertoire, mais soit Judie les écartait, soit c'est Maddie qui s'en chargeait. Mais Margeary ne perdait pas espoir.

Avant que Judie n'ai pu répondre, leurs filles arrivèrent.

-Maman? Je pourrais aller à Disney avec Stacie et Laurie, pendant les vacances de Noël ? lui demanda sa fille, toute excitée.

-Je..Honey, on en a déjà parlé..., répondit Judie, embarassée.

Malgré le regard éloquent de Margeary, Judie secoua la tête, à la négative.

-Non. On en a discuté, Madison, et c’est non. On verra plus tard.

-Judie, tu es sûre que...voulut dire Margeary.

Electric RoommateOù les histoires vivent. Découvrez maintenant