Chapitre 1

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Une bourrasque glacée dégagea son visage. Ses cheveux de jais dansant derrière lui, il s'inclina. L'homme face à lui posa fermement un casque en cuire sur sa tête. Et la joie du village s'exclama autour de lui, malgré le vent. Ulrik se dressa, bomba le torse. Fier. Il était adulte, il avait réussi malgré les difficultés.

L'homme aux cheveux de feu tressés de façon désordonnée le serra dans ses bras. Thorgrim, son chef et son oncle, le félicita.

Et à travers la chevelure flamme, il vit du coin de l'œil sa mère qui pleurait.

Quand Thorgrim l'eut relâché, il s'inclina devant la compagnie et s'en alla. Il détestait être au centre de l'attention. Les regards sur lui, les bouches qui hésitent à s'ouvrir alors qu'il savait déjà ce qui allait en sortir:

Des critiques, des railleries, des injures. Les arbres défilaient autour de lui, et devant ses yeux les souvenirs.

Il s'arrêta net. Il avait marché vite; il était déjà arrivé. Il essuya ses yeux, et planta sa lame dans le bois.

Il commença à monter. Il planta son autre lame un peu plus haut. Il voyait, à la cime des sapins qui approchaient au rythme de son ascension, les couleurs chaudes du ciel.

Les jours longs arrivaient. La tribu sortait d'un hiver long et froid. L'arrivée des beaux jours étaient une bonne chose pour la tribu.

Les récoltes pourraient reprendre. Et le gibier se faisait déjà plus abondant.  Les couleurs matinales faisaient étinceler la neige.

Il se hissa sur une branche solide. Un novice serait tombé sur la branche gelée, mais Ulrik n'était plus un novice.

Et grimper à cet arbre lui était familier. C'était son lieu favori. Son poste d'observation. Il se sentait en sécurité au dessus du sol. 

Il s'y assit et observa le levé du soleil dans le calme. Il inspira une bouffée d'air glacé. La neige sur la cime des arbres étincelait. Le soleil montait gentiment au dessus de l'horizon.
Et il devrait bientôt quitter cet endroit...

Pendant la belle saison, les hommes et les femmes qui avaient terminé leur apprentissage partaient explorer les nouvelles terres.

Et les plus anciens, les femmes avec les nouveaux nés et les novices restaient pour approvisionner le clan: la chasse, l'agriculture, l'élevage.

Certains s'occupaient de forger le fer. Pour construire les épées, lances, et boucliers. 

Mais on devait aussi s'occuper de patrouiller aux frontières pour protéger la tribu de potentiels ennemis.

Et maintenant qu'il n'était plus un novice, il devrait se joindre au groupe de guerriers. Pour beaucoup de jeunes de son âge, dépasser la limite du territoire de la tribu était un grand honneur. Beaucoup s'en réjouissaient.
Mais pour Ulrik partir de chez lui pendant la belle saison... Quitter son village natal, quitter sa mère...  Franchir la frontière...

Une boule dans sa gorge de forma à cette pensée et malgré lui ses poings se serrèrent. Il enleva brutalement son casque et le lança à travers les arbres.

Après un court instant, on entendit un petit bruit signe que son casque avait été amorti par la neige. Il huma l'air et en une fraction de secondes;
Il attrapa dans son dos la hache en pierre qu'il ne quittait jamais, et la lança à travers les arbres.

Elle arriva avec perfection dans le flan de l'animal qu'il avait cherché à tuer. Il se laissa tomber de sa branche, ralentit sa chute avec sa lame qu'il plantait dans le tronc de l'arbre. Et atterrit à pieds joints sur le dos de la bête qu'il acheva d'un coup sec.

Il retira son arme favorite du corps de la bête. Il remercia silencieusement les dieux pour la viande qu'ils lui avaient donnée et essuya sa hache dans la neige fraîche.
Cela nourrira le clan pendant des jours, pensa-t-il.

Il avait tué un loup.

Le loup était très mal vu dans leur société. L'animal était violent, rapide et dangereux. Il s'attaquait aux récoltes et volait leurs gibiers. Si on remarquait la présence de cet animal, il fallait impérativement retrouver sa trace et s'en débarrasser.

Il allait soulever la dépouille quand il vit un campagnol mort dans la gueule de l'animal. Il tendit le bras pour le prendre. Il accrocha le campagnol sur son dos. Il se stoppa net. Il venait de réaliser quelque chose.

C'était une louve. Et elle n'avait pas mangé ce campagnol car il était pour ses petits.

Ulrik réfléchit à toute allure. Il renifla dans la direction que prenait la louve avant de mourir. Son intuition était juste.

Il recouvrit la dépouille de neige, il reviendrait la prendre plus tard.
Il avança prudemment en direction de l'odeur. Sa hache à la main, une de ses lames dans l'autre. Il continua comme ça un moment, et alors qu'il allait abandonner c'est là qu'il les vit.

Ils étaient trois. Une petite blanche comme sa mère. Un male sombre, on devinait son sexe à sa carrure. Et une toute petite boule grise.

Ulrik ne put s'empêcher d'être attendri. Il était censé les tuer pour ne pas qu'ils s'en prennent à son village en grandissant mais le regard que lui lança le mâle noir l'attendri.

Il se pencha. Essuya le sang de ses mains dans la neige et caressa la tête du petit loup sombre. La petite grise leva la truffe en reniflant. Ulrik sourit devant son appétit. La petite louve avait sentit l'odeur du campagnol qui pendait de son attirail.

Ulrik devait réfléchir à une solution. Il ne pouvait de résoudre à tuer ces petits êtres fragiles mais il ne pouvait non plus les laisser ici.

Il pensa qu'il devait demander à Egill la permission de les garder puis il se rappela avec un grand sourire qu'il n'avait plus besoin de permission.

Il décida donc de s'occuper d'eux. De les dresser. Et d'en faire des compagnons utiles à son clan.

Cependant Ulrik n'était pas sûr de la réaction du clan s'il ramenait trois louveteaux au village tel un apprenti qui n'a pas été capable de raison.

Il enleva sa fourrure et ignora le frisson qui lui parcouru l'échine. Et il enveloppa les trois louveteaux avec.
Il marcha, toujours aux aguets comme il avait appris à le faire.

Quand tout à coup il se stoppa net. Il allait prendre sa hache quand il soupira. Il ne put retenir le sourire qui se dessina sur ses lèvres.

~Umi

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