Attirances Contraires - [ Publié Aux Editions Nisha ]

Chapitre 1

Beth

Adossée contre l'un des murs de la fac, j'observe les étudiants sortir un à un, portant un regard critique sur tout ce qui m'entoure. Ils passent et me saluent pour la plupart d'un mouvement de tête discret auquel je réponds poliment, en réalité peu concerné. Mon regard finit par se porter sur cette anglaise, Anna, celle-ci même qui a tout ce que je désire sans n'avoir fait aucun effort. Elle sourit et a l'air plus heureuse que jamais entourée de son mari et de leur fille, mais ce n'est pas cette image de famille parfaite que je jalouse... Non. C'est cette opulence de richesse dont ils sont propriétaires, qui pourrait sauver tellement de vie... Et qui pourtant ne sert qu'à leur bonheur égoïste.

Je finis par me redresser afin d'arrêter de contempler ce schéma trop parfait, presque douloureux lorsque je constate à quel point leur vie est facile comparé à la nôtre. J'attrape mon sac au sol et je me dirige vers mon scooter sur lequel je grimpe avec aisance, et je démarre sans un regard en arrière avant de m'élancer dans les rues d'Edimbourg à une vitesse bien supérieure à ce qu'il faudrait. Mais j'aime bien trop la vitesse pour réduire... Elle me procure une certaine adrénaline qui me donne l'impression d'être enfin complètement vivante, libre, et de ne plus penser à toutes les galères qui parsèment ma vie.

Malheureusement, le moment de quitter cette bulle d'air frais finit toujours par arriver, et je quitte mon vieux scooter pour rejoindre la maison, là où la vraie vie m'attend. Je déverrouille la porte d'entrée et jette mes affaires sur le côté, près du meuble à chaussure avant de rejoindre le salon où m'attend ma grand-mère, un bol de sucreries à la main. Je rentre chaque soir avec la seule idée d'être à ses côtés, elle est la personne la plus importante de ma vie, celle pour qui je fais tout ce que je fais sans me poser de questions...

- Mamita ! On avait dit plus de sucre ! la réprimandé-je.

- Basta Niña ! Si je dois mourir autant que ce soit le ventre plein, rétorque-t-elle.

Elle me sourit d'un air innocent mais je lui retire tout de même le bol des mains. Son caractère têtu à beau m'amuser plus que de raison, elle est complètement inconsciente. Je ne négligerais pas sa santé alors qu'elle comme moi savons qu'elle peut se passer de ce genre de cochonneries. Je pars jeter le tout dans notre petite cuisine et je reviens avec des médicaments plein les mains, son traitement du soir. Insuffisance cardiaque, diabète, ostéoporose... Ma grand-mère est sûrement atteinte de plus de problèmes de santé que la moyenne, et malheureusement, il est dur de payer les factures. Nous n'avons pas les moyens afin de subvenir aux soins qui permettraient de prolonger sa vie de façon conséquente, mais je fais tout pour la soulager. Nous avons déjà hypothéqué la maison afin d'en faire le plus possible, et j'espère que mon salaire couvrira une partie du reste...

- Tu restes avec moi ce soir, Niña?

Je secoue doucement la tête en lui souriant avant de lui tendre sa tasse de thé vert, son préféré, pour qu'elle avale ses gélules.

- Non, je dois aller travailler. Ça va aller toute seule ?

Elle acquiesce, un sourire scotché aux lèvres, comme toujours, et je finis par rejoindre ma chambre pour me préparer, ne voulant pas être en retard. Je fourre mon uniforme minimaliste à la va vite dans mon sac à dos et je redescend à toute allure jusque dans l'entrée pour rejoindre ma grand-mère avant de partir.

- Je ne serais pas rentrée avant deux heures du matin. Ton repas est déjà prêt, tu auras juste à le réchauffer.

- Merci Niña.

- À ce soir Mamita.

Je l'embrasse sur le front et je sors de la maison avec cette même boule au ventre qui me suit chaque soir lorsque je dois aller bosser. Je déteste mon travail, mais je n'ai pas le choix. Je suis la seule à pouvoir subvenir à nos besoins, et ma grand-mère a trop besoin de ces soins médicaux pour que je puisse me permettre de faire la difficile sur mon job. Elle est la seule personne qui compte à mes yeux et je ne peux pas l'abandonner.